Ces
êtres humains ne sont pas morts sous les coups d’un attentat, suite à un acte
terroriste commis par on ne sait quel groupe fanatique et meurtrier. Attentat
que l’humanité tout entière condamne le cœur sur la main et que les Grandes
puissances combattent ou font semblant de combattre. Attentats dont en Occident
on nous rebat les oreilles alors que la responsabilité historique déterminante
de cette situation délétère se trouve ici, dans nos pays riches.
Non
il s’agit plus simplement de femmes, et surtout d’enfants vivants sur une
immense décharge africaine dans la banlieue d’Addis-Abeba. Cette montagne de
déchets s’appelle « Koshe » ce qui signifie « saleté » dans la langue locale. Ces gens, et ils sont
des milliers, vivent dans une région qu’on appelle « saleté ». Et « Saleté »
n’est pas le meilleur des mondes.
Que
s’est-il passé à « Saleté » cette semaine ? Dans la soirée du 11
mars, une gigantesque avalanche d’ordures dévale comme d’une montagne qui
s’écroule sur elle-même, sur les gens qui habitent là toute l’année pour tenter
de survivre.
Ces
gens trouvent sur les pentes de « Koshe » leur fortune, de quoi
manger, s’habiller, dormir, même y faire leur toilette. De quoi rester un être
humain et persévérer dans son existence.
Vies ordinaires pour un grand nombre d’Africains. Vies ordinaires pour des millions et
des millions d’êtres humains. Vies qui ne comptent pas, ou alors pas beaucoup. On
pourrait écrire qui ne comptent pour rien. Qui ne n’existent pas dans les décomptes
du PIB mondial. Qui ne servent à rien. Des hommes qui n’ont pas les moyens de
consommer, doivent-ils exister alors qu’ils ne contribuent en rien à la
croissance mondialisée ?
D’ailleurs
on a très peu parlé de cette catastrophe, à peine 10 secondes dans les médias
occidentaux.
C’est
un accident, un fait divers. Rien à voir avec la politique, la stratégie
militaire, la reprise par les armes de zones qu’on ne contrôle plus. Non rien
de tel.
Il
s’est passé quelque chose à Addis-Abeba qui ne signifie rien pour le monde.
D’ailleurs
le monde tel qu’il va, tel qu’il est et tel qu’il continue d’aller peut très
bien sa passer de ces gens, qui sont comme en trop sur la planète.
Ont-ils
même le droit de vivre ? On peut en douter en observant la manière de les
traiter.
Ces
Africains d’Addis-Abeba sont ce qu’on avait nommé les Damnés de la terre. Ceux
qui n’ont rien, juste leur vie. En France un presque ancien président de la
République les avait nommé les sans-dents, on peut aussi les appeler les sans
papier, les sans travail, les sans abris, les sans le sou, les sans éducation,
les sans quelque chose. En France ils vivent à Calais, dans ce qu’on appelle
une jungle, donc dans un lieu qui n’est déjà plus humain, ou bien ils vivent
dans les zones périphériques de nos villes, dans des campements où même
survivre est difficile.
Notre
humanité produit aujourd’hui massivement des hommes qui vivent sur nos déchets.
Une humanité à qui on ne reconnaît même pas le droit de vivre.
Alors
soudain je me souviens de ce couplet du chant de l’International composé par un
Communard de 1871 : « Nous ne sommes rien soyons tout ». Voilà
ce que chantaient ceux qui croyaient en un monde nouveau, de justice. Un monde
fraternel où le mot égalité devait revêtir tout son sens.
Une
dernière question : pourquoi ceux qui n’ont rien doivent-ils être ceux qui
méritent toute notre attention ?
Parce
que justement ils sont la figure générique de l’humanité, à qui on refuse le
minimum de droit. Parce qu’ils n’ayant aucun privilège, aucune propriété, aucun
avantage, ils ne peuvent représenter qu’eux mêmes, leur humanité. Si l’idée des
droits de l’homme a un sens, c’est là qu’elle doit être trouvée, et entendue.
François Baudin
quand fera t on quelque chose !!!!Vies ordinaires pour un grand nombre d’Africains. Vies ordinaires pour des millions et des millions d’êtres humains. Vies qui ne comptent pas, ou alors pas beaucoup. On pourrait écrire qui ne comptent pour rien. Qui ne n’existent pas dans les décomptes du PIB mondial. Qui ne servent à rien. Des hommes qui n’ont pas les moyens de consommer, doivent-ils exister alors qu’ils ne contribuent en rien à la croissance mondialisée ?
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