Le
8 mars dernier a eu lieu la journée internationale du droit des femmes. C’est
ainsi qu’officiellement une fois par an depuis 1977, les médias consacrent une
partie de leurs informations à la situation des femmes dans le monde. C’est l’occasion
de faire des bilans, fêter des victoires, rappeler des acquis, manifester,
revendiquer des droits et des conditions
de vie égalitaires entre les hommes et les femmes.
A
toutes forces nous devons rappeler que l’asservissement des femmes n’est pas
une donnée naturelle, mais le produit de rapports sociaux, le produit d’une
situation économique qui peut être modifiée, le produit de mentalités et de
cultures qui doivent être combattus.
On
pourrait penser qu’en France cette question de l’inégalité sociale des femmes ne
se pose plus. Qu’elle a été résolue depuis longtemps. Les droits politiques des
femmes sont des acquis de longue date. L’égalité citoyenne entre hommes et
femmes devrait entraîner une égalité économique. En fait non, et on apprend par
exemple que la France se trouve derrière l’Angola, au 134e rang
mondial sur 144 pour l’égalité des rémunérations, selon un rapport du Forum
économique mondial. Oui vous avez bien lu, la France est parmi les 10 dernières
dans le monde sur l’égalité des salaires entre les hommes et les femmes pour un
travail similaire.
Alors
immédiatement, on est obligé de faire un lien entre cette situation et la
campagne électorale présidentielle que nous vivons actuellement depuis des semaines.
Jamais aucune élection n’a été aussi éloignée des préoccupations réelles des
Français et des Françaises.
Nous
assistons à un rapt opéré par un candidat sur la campagne pour se défendre
devant des médias contre une justice qui l’accuse d’être malhonnête. Cette
triste affaire qui nous écœure ; elle occupe depuis des semaines et des semaines
le devant de la scène ; elle vient littéralement boucher l’horizon. Et
tout se passe comme si la seule préoccupation était de savoir si la femme de
cet homme a véritablement travaillé au cours des dernières décennies en échange
d’un haut salaire payé sur des fonds publics dont précisément le mari en
question avait la responsabilité.
Mais
les problèmes en France restent et quasiment aucun candidat n’en parle : par
exemple la question des inégalités sociales et économiques de plus en plus
grandes, dont celle justement entre les hommes et les femmes, mais aussi entre
ceux qui ont du travail et ceux qui en cherchent, entre ceux qui ont un
logement décent et les autres qui habitent dans des quartiers de relégation,
inégalité entre ceux qu’on nomme « minorité visible » et ceux qu’on
appelle « Français de souche ». Inégalité entre une minorité de plus
en plus riches et une masse d’exclus, de laissés pour compte de plus en plus
nombreux.
10
millions de Français, nous dit-on, campent aux portes de la société, sans qu’on
les voie, sans qu’on y pense une seconde. La plupart de ces abandonnés, lors du
prochain rendez-vous électoral, ne se déplaceront pas vers les bureaux de vote. Ce sont les
sans voix, les sans dents, les sans papiers, les sans logements, les sans
travail, les sans quelque chose.
Le
système économique libéral dominant fondé sur la propriété privée produit de
terribles inégalités que plus personnes semblent remettre en cause. La crise
économique, la misère qui se répand dans toutes les sociétés, accompagnée de
conflits permanents, de violence, d’émigration économique et politique massive,
est la réalité du monde d’aujourd’hui.
La
question de la justice sociale et de l’inégalité inhérente au système
économique actuel produisant tant de misère n’est plus posée dans nos sociétés,
sauf parfois en terme d’égalité des chances qui en fait ne remet pas en cause l’inégalité
structurelle de notre société, mais seulement l’équité et l’égalité des droits face
à des discriminations. Ainsi la question des discriminations et du racisme se
substitue à la question sociale.
Il
est impératif que la question sociale, comme celle de nos structures
économiques soient reposées. La campagne électorale pour l’élection du
président de la république devrait normalement en être l’occasion.
François Baudin
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire