Le
terrorisme islamique a encore une fois fait la Une des journaux télévisés
européens cette semaine. Toutes les chaînes donnent à voir les mêmes images. Cette
fois ci c’est à Londres, la fois d’avant c’était à Cologne ou Munich, on ne se
souvient plus très bien, il y a un an exactement, à Bruxelles, quelque jours
auparavant à Paris.
Chaque
grande ville aura son attentat meurtrier et aveugle, tuant ceux qui passent là. Au mauvais moment, au mauvais endroit.
Sur
les écrans, les télévisions délivrent à longueur de temps, tel un robinet d’eau
tiède, des images répétitives sans intérêt aucun. En fait il n’y a rien à
montrer, sauf un véhicule accidenté, celui de l’assassin qui avait comme armes
un couteau et une voiture louée.
Des
passants retenus par un cordon de police aux abords du lieu où le crime a été
commis, attendent on ne sait quoi. Ce sont des curieux que le hasard a fait
venir jusqu’ici qui s’agglutinent de manière aléatoire. Ca aurait pu être vous
ou moi.
Quelques
interviews de badauds pris au hasard sur un trottoir nous répètent qu’ils n’ont
pas peur face à la menace, qu’ils continueront de vivre comme avant. Nous
sommes des êtres courageux que la mort ne peut effrayer.
On
pense soudain à la Seconde Guerre mondiale, aux bombardements terribles sur
Londres en 1940, aux milliers de morts, aux immeubles en miettes. On pense à
Churchill. Non, non, nous ne vivons pas ça.
Par
contre au Yémen sous les bombes de la coalition, oui il y a bien des milliers
de morts, en Syrie, en Irak. Nous pensons à la terrible bataille de Mossoul qui
tous les jours fait disparaître des milliers de civils, femmes et enfants, nous
pensons aux centaines de milliers de réfugiés qu’on retrouvera peut-être
bientôt dans nos régions. Ont-ils du courage là bas ? La question ne se
pose même pas.
Un
politicien nous dit que nos valeurs seront défendues jusqu’au bout. Celle de la
démocratie, le la liberté. Notre manière de vivre.
Le
journaliste à qui l’antenne a été donnée en direct pour des dizaines et des
dizaines de minutes devant un Parlement britannique qui reste muet (les pierres
ne sauraient parler), tente tant bien que mal d’occuper le temps, de faire
durer, de meubler. Le journaliste n’a rien à dire.
Un
sentiment de déjà vu s’empare du téléspectateur. Les mêmes images à Boston il y
a plusieurs années, sur la Place de la République à Paris, à Bruxelles, etc.
Tout
cela va durer des heures, jusqu’au prochain attentat. Car il aura lieu cet
attentat, on ne sait où, ni quand, ni combien de victimes il fera.
Alors
il est impératif de réfléchir, il est urgent de comprendre, d’analyser.
Pourquoi des individus développent-ils une telle haine contre l’Occident ?
Pourquoi cette envie de tuer, de mourir aussi, car chaque attentat mène celui qui le commet à une mort
certaine. Pourquoi ces meurtriers s’emparent-t-il d’une religion qu’ils
instrumentalisent ?
Et
puis une seconde série de questions : ces crimes représentent-ils un
danger véritable pour nos démocraties ? Ou à l’inverse, ces crimes commis
dans les rues de nos villes au nom d’une religion mal comprise ne se sont-ils
pas en définitive une dernière occasion pour unir une population européenne qui
souffre et se divise. Il nous faut un ennemi contre qui on peut se rassembler.
Le mécanisme est bien connu depuis la nuit des temps.
Soudain
sur l’écran de télévision, l’image s’ouvre sur une perspective plus
lointaine : les immeubles de la City de Londres au loin, ils sont les
gardiens du lieu. Ils veillent sur nous. Dans ces bâtiments où règne la finance
mondiale, environ 1000 milliards de dollars par an viennent achever leur cycle
de blanchiment après des centaines d’étapes successives. Cheminement occulte
depuis le sud de l’Italie, le Kosovo, la Russie, la Chine ou le Japon, le Mexique
et la Colombie.
On
estime à 1000 milliards par an l’argent qui passe à cet endroit de
Londres. L’argent de la drogue, du crime, de la corruption politique, des trafics
humains dont celui des réfugiés, y retrouve éclat et pureté. Le dollar qui
s’échange ici est sans tache. Le sang du crime nettoyé, les milliers de morts
effacés. La finance mondiale dont le siège est à Londres qui se situe à une
encablure de l’attentat, ne peut pas se passer de cet argent du crime, comme
elle ne peut pas se passer de l’argent des princes arabes qui financent aussi
le terrorisme islamique.
Notre
monde a un besoin vital de cet argent du crime qui le nourrit et le tue.
Alors
un terrible raccourci s’effectue : quel est le lien entre cet attentat
islamiste effectué au couteau, et l’argent des mafias indispensable à notre
économie.
L’un
peut-être permet de cacher l’autre et ainsi détourner nos regards.
François
Baudin
Bonjour François et merci pour ton blog. Je saisis au vol la dernière étape de ta réflexion "L’un peut-être permet de cacher l’autre et ainsi détourner nos regards."
RépondreSupprimerElle sous entend une intentionnalité qui engloberait le monde de la finance et le terrorisme, qui ne peut pas vraisemblablement exister. Toutefois le lien entre ce type d'attentat et le monde de l'argent représenté par la "City" existe. C'est celui de l'épisode inaugural de 2011 avec l'attaque du World trade center. C'est le désespoir d'individus tentant de retrouver dans un attentat une identité que la mondialisation financière leur a fait perdre. Il y aurait beaucoup à dire sur la déstructuration que le capitalisme impose aux sociétés humaines, et sur la déréliction qui s'en suit.
Tu as raison Philippe et je suis en accord avec ton point de vue. J'essaie aussi de dire la même chose selon l'actualité. Dans cette image de la city qui est l'étape finale de tous les trafics, du crime, des détournement d'argent (paradis fiscaux), et le dernier attentat, il n'y a pas de lieu direct, mais un rapprochement que notre monde effectue. L'un aussi cache l'autre. j'insisterai encore cette semaine sur la même idée dans ma chronique. Toujours en raison de notre actualité.
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