vendredi 18 avril 2014

La douleur muette de l’animal



La douleur muette de l’animal
Qu’est-ce qu’un être humain ? Qu’est-ce qu’un animal ?
En cette veille de Pâques, la question peut paraître saugrenue, voire scandaleuse. Pourtant elle mérite d’être posée, car lorsque Jésus Christ s’est offert en sacrifice tel un agneau, la vision que l’homme pouvait avoir des animaux devait changer.
Il a fallu à cet instant différentier absolument l’homme, sa dignité, sa grandeur, et sa souffrance, de celles de l’animal qui d’une certaine manière a pu être considéré comme quantité négligeable, voire comme une machine, une chose sans sensibilité. Un sac de pommes de terre avait écrit Emmanuel Kant.

Pourtant certains hommes n’ont pu se résoudre à cette vision de la création. Saint François d’Assise se caractérisa par son amour infini pour les animaux : les oiseaux, les poissons, les abeilles, les agneaux et même les loups. On dit qu'il avait une prédilection pour les animaux souffrants et pour ceux, qui, comme les agneaux, lui rappelaient le Sauveur.

Depuis des siècles, beaucoup de penseurs dénoncent l’injustice que l’homme fait subir aux bêtes. Michelet nous explique que si on persécute les animaux, c’est la démocratie qui est persécutée. Dans son livre « Le silence des animaux », la philosophe Elisabeth de Fontenay nous montre que la manière dont nous les traitons est un indicateur de l’état de notre société. Les rapports instaurés avec eux, nous révèlent les rapports que nous établissons entre nous, les hommes. La manière dont nous considérons les bêtes a un lien direct avec la manière de traiter notre frère : racisme, esclavagisme, traite des êtres humains, exploitation, mépris, exclusion.

Depuis le code napoléonien, les animaux sont considérés juridiquement comme des biens meubles, comme des choses, comme si on ne faisait pas de différence entre une chaise et un être vivant.
Or cette semaine, les parlementaires ont adopté un amendement qui reconnaît les animaux comme des êtres vivants doués de sensibilité.
Cette initiative parlementaire est un pas symbolique vers un changement de comportement envers les bêtes.
Cependant les cruautés comme la corrida, la chasse à courre, les combats de coq, l’abattage rituel, les pratiques d’élevage intensif, les expérimentations scientifiques, se poursuivent et ne sont pas remises en cause.
De fait le statut des animaux n’est toujours pas réglé.
Espérons qu’un jour une grande loi les concernant soit votée.

Dans quelle société voulons nous vivre ? Voulons nous transformer toutes choses, tous les êtres vivants en marchandises dont nous tirons profit ? Voulons nous transformer les animaux en objets utiles à notre bien être, et aussi en objet de plaisir ?

La vie des animaux nous parle de la nôtre. La souffrance des bêtes renvoie à notre propre souffrance. Celui qui n’y est pas sensible est sourd. Celui qui ne la voit pas est aveugle.
Le monde et tous ses habitants sont inséparables.
Le christianisme nous enseigne que par la mort et la résurrection de Jésus, l’œuvre rédemptrice de Dieu ne concerne pas que l’humanité, mais toutes choses.
Jour de fête, jour de Pâques : la nature et toutes les créatures saluent la nouvelle. La grâce du monde renaissant applaudit. Saint Venance Fortunat écrivait au 6ème siècle dans son hymne pascal : « Si maintenant les halliers retentissent du ramage des oiseaux, humble passereau, je chante au milieu d’eux avec amour ».

François Baudin

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