Il faut que tout change pour que
rien ne change.
La phrase très célèbre tirée du Guépard de Giuseppe
Tomasi, prince de Lampedusa, pourrait devenir cette semaine le résumé
saisissant de l’orientation politique de la France présidée par François
Hollande. Orientation que Manuel Valls est maintenant chargé de mettre en
oeuvre.
Dans le film de Luchino Visconti, nous
assistons au crépuscule d’un monde à bout de souffle où il devient essentiel de
sauver ce qui peut l’être encore, malgré les putréfactions d’un présent qui ne
peut pas passer.
L’avenir est bouché par un tas
d’injustices, là les échos de scandales à répétition, la révélation
d’enrichissements personnels, ici un chômage qui n’en finit pas d’accabler
notre pays, des records de misère, des inégalités grandissantes.
Et toujours ces cadeaux inutiles
qui répondent au souhait de poursuivre dans le même sens d’un système de plus
en plus « austéritaire » et injuste. Système qui ne tient que par des
clercs qui chaque jour sur les ondes répètent le même prêche qui se résume
ainsi : Il n’est pas d’autre politique possible.
Celui qui pense que tout est affaire de décor, se trompe lourdement. Déplacer
un ministre, changer les noms, remplacer l’un par l’autre et inversement, ne
sera pas suffisant. C’est de la poudre aux yeux qui ne trompe personne. Il
devient clair pour tout le monde que notre nouveau premier ministre est là pour
mettre, de manière énergique et selon son tempérament, un coup de peinture sur
un mur qui se lézarde de plus en plus. Cacher ainsi l’absence de véritable
changement ne pourra pas durer longtemps, et il faut s’attendre à des
difficultés.
Le moment est inquiétant.
Répondre à la débâcle électorale de dimanche dernier par cet entêtement à
poursuivre dans la même voie, voire la renforcer vers encore plus d’inégalités,
est porteur de grandes difficultés à venir.
Jamais nous ne pourrons nous
habituer à une politique qui de fait exclut une partie de la population et la
dégrade dans la réclusion.
La justice sociale, l'éradication
du chômage et de la pauvreté constituent « le plus grand défi auquel est
confronté le monde d'aujourd'hui », déclarait le Pape François dans un
Tweet du 3 avril dernier.
Le gouvernement d’aujourd’hui
sera-t-il capable plus que celui d’hier de répondre à ce défi ?
La nécessité de résoudre les
causes structurelles de la pauvreté ne peut attendre, non seulement en raison
d’une exigence pragmatique d’obtenir des résultats et de mettre en ordre la
société, mais pour la guérir d’une maladie qui la rend fragile et indigne, et
qui ne fera que la conduire à de nouvelles crises.
Si l’objectif de ce nouveau
gouvernement est la poursuite pure et simple, voire une plus forte affirmation
de l’orientation précédemment suivie, il y a toutes les chances qu’il subira le
même sort que son prédécesseur et sera rejeté par les électeurs, soit par un
vote allant vers les extrêmes, soit pas une abstention de plus en plus en
grande.
François Baudin
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