jeudi 24 avril 2014

Les chemins de Rana Plaza à Carmaux ne passent pas par François Hollande



Il y a un an, au Bengladesh, le Rana Plaza s’effondrait, provoquant la mort de 1138 ouvriers et ouvrières de l’industrie textile. Il semble aujourd’hui que tout soit fait pour qu’on oublie ce drame qui est celui de la mondialisation non régulée et de la compétitivité qui soumet l’humanité tout entière à une impitoyable jungle où règne la loi du plus fort et de l’égoïsme.

Le peu d’intérêt pour les vies humaines de la part des grands donneurs d’ordre économiques et financiers qui dominent le monde, est le signe d’une humanité en proie à ces dérives terribles qui ne peuvent que nous conduire vers des catastrophes.

Il faut tout faire pour que nous oubliions que la mort, la misère, et l’exploitation inhumaine sont les prix à payer par une partie de la population mondiale pour qu’une autre partie puisse vivre dans un semblant d’abondance de biens dont la plupart sont inutiles à son véritable bonheur.
Le marché est à ce prix. Il est aussi au prix d’un silence coupable et complice qui fait de chaque homme un consommateur qui ne se pose aucune question sur l’histoire inavouable des marchandises qu’on lui propose.
La plupart des grandes marques mondiales qui sous traitaient leur fabrication dans cette entreprise du Bengladesh sont restées silencieuses. Elle refusent de reconnaître leur responsabilité et continuent encore aujourd’hui d’inonder le marché de leurs produits mortels.

Ce drame doit nous ouvrir les yeux. Au-delà des frontières, au-delà des nations, c’est le même type de malheur qui frappe. Au Bangladesh, plus de 4 millions d’ouvriers dont 3 millions de femmes vivent quotidiennement un système de surexploitation qui ruine l’ensemble de l’économie mondiale.
Pourtant en l’espace d’un an, l’émoi provoqué par ce drame a ouvert les yeux d’un grand nombre de salariés d’Asie. Ils n’ont plus peur de contester le système qu’on leur inflige. 150 syndicats se sont constitués dans de nombreuses entreprises du Bengladesh, commençant ainsi à inverser un rapport de force en leur faveur.

Jean Jaurès est mort assassiné il y a un siècle. Il était l’homme à abattre au moment où les grandes puissances de l’époque s’apprêtaient à déclencher le premier conflit mondial, jetant des dizaines de millions de gens dans une guerre dont ils étaient les uniques victimes. Jaurès était l’homme à abattre, car ses idées s’opposaient au crime qui se préparait.
Mais Jaurès est toujours vivant. Aujourd’hui son combat se poursuit car il est inscrit dans les vérités universelles qui vont au-delà des époques et des pays.

Jaurès est le modèle même de l’homme qui travaille à la réalisation de l’humanité. Ce combat ne connaît pas de frontière ; il n’est pas circonscrit à une époque. Mais il permet de poursuivre au-delà de l’espace et du temps, l’œuvre de progrès universel auquel tout homme aspire.

On comprend alors très bien l’accueil froid, voire l’animosité exprimée contre François Hollande par la population de Carmaux où Jaurès est né.
L’histoire retiendra que Hollande, en cette journée du 23 avril 2014 est venu à Carmaux pour être hué par ceux là même qui l’ont élu deux ans auparavant. Le retour à Carmaux où il était venu comme candidat, a été considéré par beaucoup comme une nouvelle provocation d’un homme infidèle et qui tente désespérément de faire oublier ses promesses.
Se faire passer pour un héritier de Jaurès ! La ficelle est trop grosse !
Le chemin qui va des femmes du Bengladesh aux rues de Carmaux, ne passe pas par François Hollande. Aujourd’hui, le président ne jure que par les mots de compétitivité, concurrence. Et beaucoup ont conscience qu’en déambulant dans les rues de Carmaux, François Hollande de manière cynique et bonhomme, piétine la mémoire et les valeurs de Jaurès qui a donné sa vie pour l’humanité.

François Baudin


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