mercredi 9 avril 2014

Valls avec les Roms


Le 8 avril est désormais déclaré « Journée internationale des Roms ». Amnesty International a saisi cette occasion pour publier un rapport sur la situation des Roms en Europe, et notamment en France. Intitulé « Face à une spirale de la violence, les Roms réclament protection et justice », le rapport se penche sur les actes de violence et de harcèlement infligés à cette population par des citoyens et aussi par les différents États européens, dont la France.

Les sondages d'opinion démontrent à quel point les Roms sont devenus des boucs émissaires qui cristallisent les sentiments xénophobes. Selon la dernière enquête de la Commission nationale consultative des Droits de l'homme, 78% des Français considèrent que les Roms vivent de vols et de trafic.
La France qui est considérée comme une terre d’accueil, devrait combattre toutes les formes de discrimination et de violence vis-à-vis de ce peuple européen. « Il est inadmissible que, dans une Europe moderne, des communautés Roms vivent sous la menace constante de violences voire d’attaques s’apparentant à des pogroms » a déclaré un chercheur d’Amnesty International.
La France manque à ses devoirs lorsqu’elle cède aux préjugés qui alimentent les violences anti-Roms en leur collant l’étiquette d’antisociaux et d’indésirables. Les discriminations, les expulsions forcées sont la norme dans notre pays. Rappelons les propos de Manuel Valls qui, alors ministre de l'Intérieur, déclarait en septembre 2013 : « Ces populations ont des modes de vie extrêmement différents des nôtres… », en ajoutant qu'elles avaient « vocation à être expulsées de notre territoire».

De son côté, l’Union européenne hésite à mettre en cause la France au sujet des discriminations systématiques dont les Roms sont victimes. La violence d’Etat exercée contre eux est toujours appréciée par une grande partie de nos concitoyens. Ce que Valls n'a jamais oublié, car c’est bien dans ce domaine que notre nouveau Premier ministre a eu l’occasion de mettre en pratique sa fermeté. La violence d’Etat anti-Roms n’a jamais été aussi forte qu’aujourd’hui.

Les destructions de camps aux portes de nos villes et leur passage au bulldozer ont atteint un chiffre inégalé : 165 campements détruits en 2013 et 20.000 Roms remis à la rue, selon la Ligue des droits de l’Homme, soit la quasi-totalité des occupants des camps, contraints de reconstruire leur cabane à quelques kilomètres.
Harcèlement policier, manœuvres d’intimidation, expulsions, contrôles d’identité tard dans la nuit, destruction de biens, tentes déchirées, utilisation de gaz lacrymogène contre des enfants… Toutes ces pratiques contraires aux normes internationales, exercées la plupart du temps en toute impunité, sont condamnables.

La circulaire du 26 mai 2012 prise par Jean-Marc Ayrault imposant un relogement des familles comme cela avait été promis par François Hollande lors de la campagne présidentielle n’a de fait jamais été appliquée par Manuel Valls. Bien au contraire, elle a été systématiquement oubliée.
La politique de l’ancien ministre de l’Intérieur a consisté à enfermer les Roms dans une spirale de violences, a déclaré la présidente d’Amnesty International qui exhorte le gouvernement français à lutter contre les discriminations et mettre en place des mesures de protection efficaces contre les expulsions forcées en exigeant l’application effective des dispositions de la circulaire du 26 août 2012.

Espérons que Manuel Valls, dont la famille a connu l’immigration forcée et la xénophobie, soit maintenant sensible à cette longue tradition française d’accueil de l’étranger.

François Baudin 

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