Le 8 avril est désormais déclaré « Journée
internationale des Roms ». Amnesty International a saisi cette occasion
pour publier un rapport sur la situation des Roms en Europe, et notamment en
France. Intitulé « Face à une spirale de la violence, les Roms réclament
protection et justice », le rapport se penche sur les actes de violence et
de harcèlement infligés à cette population par des citoyens et aussi par les différents
États européens, dont la France.
Les sondages d'opinion démontrent
à quel point les Roms sont devenus des boucs émissaires qui cristallisent les
sentiments xénophobes. Selon la dernière enquête de la Commission nationale
consultative des Droits de l'homme, 78% des Français considèrent que les Roms
vivent de vols et de trafic.
La France qui est considérée
comme une terre d’accueil, devrait combattre toutes les formes de
discrimination et de violence vis-à-vis de ce peuple européen. « Il est
inadmissible que, dans une Europe moderne, des communautés Roms vivent sous la
menace constante de violences voire d’attaques s’apparentant à des pogroms »
a déclaré un chercheur d’Amnesty International.
La France manque à ses devoirs lorsqu’elle
cède aux préjugés qui alimentent les
violences anti-Roms en leur collant l’étiquette d’antisociaux et d’indésirables.
Les discriminations, les expulsions forcées sont la norme dans notre
pays. Rappelons les propos de Manuel Valls qui, alors ministre de l'Intérieur, déclarait
en septembre 2013 : « Ces
populations ont des modes de vie extrêmement différents des nôtres… », en ajoutant
qu'elles avaient « vocation à être expulsées de notre territoire».
De son côté, l’Union européenne hésite à mettre en cause la France au sujet
des discriminations systématiques dont les Roms sont victimes. La violence
d’Etat exercée contre eux est toujours appréciée par une grande partie de nos
concitoyens. Ce que Valls n'a jamais oublié, car c’est bien dans ce domaine que
notre nouveau Premier ministre a eu l’occasion de mettre en pratique sa fermeté.
La violence d’Etat anti-Roms n’a jamais été aussi forte qu’aujourd’hui.
Les destructions de camps aux
portes de nos villes et leur passage au bulldozer ont atteint un chiffre
inégalé : 165 campements détruits en 2013 et 20.000 Roms remis à la rue, selon
la Ligue des droits de l’Homme, soit la quasi-totalité des occupants des camps,
contraints de reconstruire leur cabane à quelques kilomètres.
Harcèlement policier, manœuvres
d’intimidation, expulsions, contrôles d’identité tard dans la nuit, destruction
de biens, tentes déchirées, utilisation de gaz lacrymogène contre des enfants… Toutes
ces pratiques contraires aux normes internationales, exercées la plupart du
temps en toute impunité, sont condamnables.
La circulaire du 26 mai 2012 prise
par Jean-Marc Ayrault imposant un relogement des familles comme cela avait été
promis par François Hollande lors de la campagne présidentielle n’a de fait
jamais été appliquée par Manuel Valls. Bien au contraire, elle a été
systématiquement oubliée.
La politique de l’ancien ministre
de l’Intérieur a consisté à enfermer les Roms dans une spirale de violences,
a déclaré la présidente d’Amnesty International qui exhorte le gouvernement
français à lutter contre les discriminations et mettre en place des mesures de
protection efficaces contre les expulsions forcées en exigeant l’application
effective des dispositions de la circulaire du 26 août 2012.
Espérons que Manuel Valls, dont
la famille a connu l’immigration forcée et la xénophobie, soit maintenant sensible
à cette longue tradition française d’accueil de l’étranger.
François Baudin
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