La mort le week-end dernier à
Sivens dans le Tarn, de Rémi Fraisse jeune étudiant de 21 ans, a indigné une
grande partie des Français.
Pourquoi mourir à 21 ans ?
Pourquoi succomber sous les tirs
de grenades offensives lancées par des gendarmes ?
Le président du Conseil général
du Tarn, Thierry Carcenac, a déclaré quelques jours après le drame :
« Mourir pour des idées c’est une chose, mais c’est réellement stupide et
bête ».
Cet homme politique qui devrait
avoir en tête l’unique préoccupation de l’intérêt général, ne semble pas avoir
compris que des jeunes, qui pour la plupart sont des militants non violents, se
mobilisent pour défendre ce qu’ils considèrent comme le bien le plus
précieux : la création.
Pour cet homme politique étiqueté
de gauche et responsable de la vie démocratique d’un département français,
défendre la création, défendre l’environnement, défendre l’avenir de
l’humanité, c’est stupide et bête.
Rémi pensait au contraire que
veiller sur la création, renouer avec elle et avec l’homme qui y habite, revêt
un sens. La plus haute signification.
On parle tous les jours dans les
médias des périls qui pèsent sur la planète. Réchauffement climatique,
pollution, marchandisation de la nature, exploitation outrancière des sols,
appauvrissement des populations victimes de la spéculation foncière…
Ces fléaux ne sont pas lointains
et nous en sommes directement responsables.
Aujourd’hui ils se matérialisent
à Sivens dans cette zone humide que Rémi voulait sauver, comme il se matérialise
à Notre Dame des Landes, ou encore à Ducrat dans la Somme où le projet de
construire une ferme industrielle de 1000 vaches rencontre l’hostilité de toute
une population paysanne et citadine.
Pour que ce projet ne voie pas le
jour, des hommes et des femmes sont prêts à aller en prison comme on a pu le
voir cette semaine encore après le jugement sévère du tribunal correctionnel
d’Amiens.
Cela, Monsieur Carcenac, est-il
capable de le comprendre, ou dira-t-il à nouveau : c’est stupide et
bête ? Est-ce stupide et bête de dire que la nature qui nous a été donnée,
nous en avons en quelque sorte la responsabilité, nous en sommes les gardiens.
Rémi avait probablement cette conscience aiguë que l’homme est le gardien de la
création.
Les dangers écologiques qui nous
menacent tous et jusqu’à nos portes, dans notre vie quotidienne, sont les
conséquences d’une vision du monde fondée sur la recherche du profit. Comme si
tout autour de nous, chaque chose, chaque être vivant et aussi chaque être
humain à chaque instant, était à notre disposition pour notre plus grand profit.
Le jeune Rémi manifestait son
opposition au barrage parce qu’il voulait veiller sur la création. Il était
libre dans ses choix. Et il savait probablement qu’une terrible tension était
en train de naître sur le site de Sivens.
Il savait que la fermeté des
pouvoirs publics et l’énorme mobilisation policière ne pouvaient mener qu’au
drame. La tension montait depuis des semaines autour du chantier du barrage. Un
militant de Confédération paysanne avait dit aux gendarmes quelques instants
avant le drame : « Vous allez finir par tuer un de ces jeunes, et
vous serez obligés d’arrêter le chantier » ;
Il ne faut pas s’étonner de cette issue
tragique.
On ne peut accepter de telles
violences et encore aujourd’hui il est possible de sauver cette zone humide de
Sivens.
Mais il aura fallu des mois de
bataille et hélas aujourd’hui la mort d’un jeune de 21 ans.
François Baudin
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire