Ce que les peuples du monde
entier avaient salué au moment du printemps arabe, en Egypte comme en Tunisie,
c’était l’irruption dans l’histoire de l’universalité.
Enfin un mouvement émergeait des
profondeurs démocratiques des peuples pour apparaître sur le devant de la scène
de l’histoire du monde.
A partir de décembre 2010, et des
mois durant, des millions de gens, hommes et femmes confondus, jeunes et plus
âgés, étaient descendus dans les rues et sur les places des grandes villes du
bassin méditerranéen, pour dire leur détestation d’un système dictatorial qui
régnait depuis des décennies sur tous les pays de la région, et étouffait
depuis si longtemps toute volonté populaire de s’exprimer.
Les revendications étaient
claires pour tout le monde : plus de liberté, plus de démocratie, plus de
droits, plus de dignité, plus de justice. Voilà ce qu’exigeaient ces mouvements
qu’on avait qualifiés du beau nom de « Printemps arabe » que personne
n’avait prévu. Voilà aussi en quoi consiste l’universalité de ces mouvements
puissants.
Les manifestants se retrouvèrent
si nombreux dans les rues que rien ni personne ne pouvait empêcher l’avènement
d’un monde meilleur pour lequel ils s’étaient mobilisés en bravant
courageusement et souvent au péril de leur vie, les interdits et la domination
de quelques uns. C’était une déferlante irrésistible. Enfin l’Histoire avec un
grand H allait balayer la banalité quotidienne et terrible des dictatures en
place qui ne pouvaient plus tenir.
Mais le printemps des peuples
arabes allait rapidement se transformer en hiver islamique.
Nous ne sommes toujours pas
sortis de cet hiver, si on observe ce qui se passe un peu partout, depuis la
Kabylie jusqu’en Irak.
Et si l’Egypte a su se
débarrasser de ces usurpateurs islamiques, c’est pour revenir à la case départ,
comme une révolution galiléenne qui telle une orbite céleste revient vers son
point initial : Aujourd’hui la dictature d’Al Sissi en Egypte est pire que
celle de Moubarak qui avait été chassé par la Place Tahrir en 2011. Mais l’histoire
n’est pas finie.
Cette semaine le régime politique
que les peuples souhaitent à nouveau défier est encore plus puissant, puisqu’il
s’agit de la première puissance mondiale. La Chine.
Un nouveau printemps des peuples
est-il annoncé ? Viendra-t-il de l’Orient lointain ?
Viendra-t-il de Hong Kong où des
milliers et des milliers de citoyens défient la plus grande dictature du monde,
en restant, de Central à Admiralty, tranquillement étendus sur le sol, allongés
sur les places, occupant les rues et les entrées des gratte-ciel où règnent
l’ordre financier mondialisé placé sous la protection de l’armée chinoise. Et
comme en Chine tout se résume à des images et des douces métaphores, on appelle
ce mouvement : la révolution des parapluies ou la révolution des
ombrelles.
Les manifestants de Hong Kong pétrifient
le pouvoir de Pékin ; ils affolent les marchés financiers qui dans cette
ancienne colonie britannique fait battre depuis toujours son cœur de pierre.
Ils affolent les maîtres du monde.
Que veulent-ils exactement ? un Etat de droit, le suffrage universel, plus de liberté, des réformes politiques.
Le pouvoir à Pékin reste muet. La
Cité interdite est silencieuse.
L’Histoire (avec un grand H) semble
a nouveau s’être mise en marche.
Est-ce que les fragiles ombrelles
bonnes à protéger de la pluie et du soleil, réussiront à ébranler le régime si
puissant de Pékin ?
François Baudin
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