vendredi 17 avril 2015

« Silence on coule »



La manière de traiter la noyade de 400 migrants cette semaine, au large de la Sicile relève du pur scandale.
Scandale politique et scandale médiatique.
Deux jours à peine après la terrible tragédie, l’absence de ces hommes, de ces femmes et aussi de ces enfants, renvoie tel un miroir les lâchetés et l’égoïsme meurtrier de l’Europe.
Silence on coule, tel est le titre, juste, du journal l’Humanité du 16 avril dernier.
Car c’est bien la politique européenne et le silence qui doivent être mis en accusation.
Jusqu’à quand l’Europe refusera-t-elle de considérer ses responsabilités devant ce qu’on doit bien appeler un crime de masse.
Vis-à-vis de ces drames qui se vivent à nos portes, la politique européenne est négationniste et criminelle.
-Arrêtons de nier la responsabilité européenne dans la déstabilisation globale du Moyen orient et de l’Afrique.
- Arrêtons de nier la politique européenne néo coloniale de domination et de pillage des richesses de ces pays qui aujourd’hui sont plongés dans un abîme de douleur, de violence.
-  Arrêtons de nier l’appauvrissement que nous provoquons dans les pays du Sud !
Les conséquences de cette politique se soldent par des milliers et des milliers de morts noyés en Méditerranée. Notre mer intérieure, mère de notre civilisation européenne, est devenue le tombeau où disparaissent quotidiennement des êtres humains.
Pourra-t-on longtemps cacher notre responsabilité ?

Face à ce drame, l’Italie en 2013 avait mis en œuvre l’opération Mare Nostrum.
Mais depuis le 1er novembre 2014, Mare Nostrum a été remplacée par l’opération Triton pilotée par l’Agence de sécurité européenne Frontex. Ce changement fut le signe d’une orientation sécuritaire répressive de la politique européenne de surveillance des frontières. La seule réponse européenne est une réponse répressive qui augmente encore le nombre de morts. Car nous devons souligner que le nombre de morts a terriblement augmenté depuis fin 2014.

Dans le système mondialisé actuel, les marchandises, les capitaux circulent sans contrainte et sans contrôle. Mais pour les hommes et les femmes c’est autre chose. Alors que nous Européens, nous nous permettons de voyager dans le monde entier comme touristes et aussi parfois comme militaires en opération, presque tous les habitants de la planète sont interdits de circulation.
L’Europe est devenue cette forteresse ouverte à tous les vents de la marchandise et des capitaux, mais fermée aux hommes et aux femmes qui sont les victimes de cette même politique d’ouverture mondialisée du marché.
Cette armée de pauvres qui campent et meurent aux portes des pays riches est considérée comme une menace et aussi comme une armée de réserve dont on dispose telle une marchandise permettant de mener une pression économique sur les salariés de nos pays.
Il faut absolument sortir de cette vision qui considère l’immigré comme une menace ou une marchandise à notre disposition.

Il faut sortir de cette opposition, artificiellement créée, entre migrants et nationaux, car notre humanité est commune face à une mondialisation qui transforme l'homme en marchandise ; une marchandise qu’on peut laisser périr au large de nos côtes méditerranéennes.
François Baudin

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