La manière de traiter la noyade
de 400 migrants cette semaine, au large de la Sicile relève du pur scandale.
Scandale politique et scandale
médiatique.
Deux jours à peine après la
terrible tragédie, l’absence de ces hommes, de ces femmes et aussi de ces
enfants, renvoie tel un miroir les lâchetés et l’égoïsme meurtrier de l’Europe.
Silence on coule, tel est le titre, juste, du journal l’Humanité du
16 avril dernier.
Car c’est bien la politique
européenne et le silence qui doivent être mis en accusation.
Jusqu’à quand l’Europe refusera-t-elle
de considérer ses responsabilités devant ce qu’on doit bien appeler un crime de
masse.
Vis-à-vis de ces drames qui se
vivent à nos portes, la politique européenne est négationniste et criminelle.
-Arrêtons de nier la responsabilité européenne dans la déstabilisation
globale du Moyen orient et de l’Afrique.
- Arrêtons de nier la politique européenne néo coloniale
de domination et de pillage des richesses de ces pays qui aujourd’hui sont
plongés dans un abîme de douleur, de violence.
- Arrêtons de nier l’appauvrissement que nous provoquons
dans les pays du Sud !
Les conséquences de cette
politique se soldent par des milliers et des milliers de morts noyés en
Méditerranée. Notre mer intérieure, mère de notre civilisation européenne, est
devenue le tombeau où disparaissent quotidiennement des êtres humains.
Pourra-t-on longtemps cacher
notre responsabilité ?
Face à ce drame, l’Italie en 2013
avait mis en œuvre l’opération Mare Nostrum.
Mais depuis le 1er novembre
2014, Mare Nostrum a été remplacée par l’opération Triton
pilotée par l’Agence de sécurité européenne Frontex. Ce changement fut le
signe d’une orientation sécuritaire répressive de la politique européenne de
surveillance des frontières. La seule réponse européenne est une réponse répressive
qui augmente encore le nombre de morts. Car nous devons souligner que le nombre
de morts a terriblement augmenté depuis fin 2014.
Dans
le système mondialisé actuel, les marchandises, les capitaux circulent sans
contrainte et sans contrôle. Mais pour les hommes et les femmes c’est autre
chose. Alors que nous Européens, nous nous permettons de voyager dans le monde
entier comme touristes et aussi parfois comme militaires en opération, presque
tous les habitants de la planète sont interdits de circulation.
L’Europe
est devenue cette forteresse ouverte à tous les vents de la marchandise et des
capitaux, mais fermée aux hommes et aux femmes qui sont les victimes de cette
même politique d’ouverture mondialisée du marché.
Cette
armée de pauvres qui campent et meurent aux portes des pays riches est
considérée comme une menace et aussi comme une armée de réserve dont on dispose
telle une marchandise permettant de mener une pression économique sur les
salariés de nos pays.
Il faut absolument sortir de
cette vision qui considère l’immigré comme une menace ou une marchandise à
notre disposition.
Il faut sortir de cette
opposition, artificiellement créée, entre migrants et nationaux, car notre
humanité est commune face à une mondialisation qui transforme l'homme en
marchandise ; une marchandise qu’on peut laisser périr au large de nos
côtes méditerranéennes.
François Baudin
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