Souvenons-nous, il y a tout juste un an le jeune écologiste Rémi Fraisse succombait sous
les tirs de la gendarmerie, à Sivens, en France, dans le département du Tarn.
Rémi
était un militant non violent qui aimait par-dessus tout la terre et les hommes
qui y habitent. Il manifestait son opposition au barrage hydraulique de
Sivens parce qu’il voulait veiller sur la création. Il était libre dans ses
choix. Et il savait probablement qu’une terrible tension était en train de naître
sur le site du barrage. Rémi est mort pour l’humanité, et sa mort ne doit pas
être oubliée.
Une sculpture à sa mémoire a été
installée sur le site il y a quelques jours. Mais dans la nuit du 28 au 29
octobre, elle a disparu, emportée par le vent mauvais qui dans notre pays
souffle contre la démocratie, contre la paix, contre la terre.
Le secrétaire général de la ligue
des droits de l’homme (LDH), Jean François Mignard, vient d’écrire dans un
rapport de 80 pages que « La mort de Rémi Fraisse n’était pas accident.
Elle est le résultat d’un dysfonctionnement démocratique patent ».
Pour cette association de défense
des droits de l’homme, le verdict est sans appel : Rémi est mort à cause
de la démission des autorités républicaines.
Tout d’abord le projet de barrage
imposé sans aucune concertation, ensuite la responsabilité de certains élus du
Tarn, membre de la Compagnie chargée des études préalables à ce barrage puis
maître d’ouvrage du barrage lui-même.
Enfin la violence de la
gendarmerie qui au cours de la nuit du 25 au 26 octobre 2014, a lancé plus de
700 grenades et tiré précisément 74 balles en caoutchouc sur les manifestants qui
n’étaient pas les hordes d’assaillants comme on a voulu nous le dire.
Rien ne pouvait justifier ces
pratiques policières, si ce n’est l’ordre et les consignes de fermeté données
par la préfecture du Tarn ; consignes qui ont produit une « violence démesurée, quasiment martiale »,
écrit la Ligue des droits de l’homme dans son rapport.
Ajoutons pour finir la volonté de
tromper les citoyens, car du côté des autorités, aucune enquête véritable,
juste et impartiale, n’a été menée depuis un an. Me Claire
Dujardin, avocate de la famille Fraisse, a fait le point sur les enquêtes et
instructions en cours. « Nous
craignons que cela débouche sur un non-lieu, a-t-elle
déclaré, après avoir
eu accès aux commissions rogatoires déposées en mars par l’Inspection générale
de la gendarmerie nationale (IGGN). L’instruction
est en cours, mais il nous paraît totalement anormal que l’enquête soit menée
par des gendarmes. Nous réclamons l’audition de nouveaux témoins, directement
par la juge d’instruction. »
La LDH demande l’interdiction
d’utiliser des grenades offensives contre des manifestants, l’interdiction d’armes
à potentialité létale. Elle demande également la création d’une commission
d’enquête indépendante, seule capable de faire connaître la vérité.
Rappelons que dans notre pays, le
droit de manifester est reconnu. « Si on ne peut que voter tous les 5 ans,
à terme ce sera la fin de la démocratie », a déclaré le père de Rémi
Fraisse.
Quand
l’injustice sociale et le mensonge règnent, c’est la violence qui se
substituent aux relations humaines et viennent les régir.
Si nous
voulons œuvrer à l’avènement d’une société meilleure, fraternelle et harmonieuse,
régulée par des lois, il est impératif qu’une véritable démocratie émanation de
l’intérêt général, se développe dans notre pays.
François
Baudin
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire