jeudi 25 février 2016

indifférence et résignation


L’inexistant, l’opprimé, celui qui n’est rien dans le monde, prend aujourd’hui des figures multiples que personne ne peut ignorer. Ils sont actuellement des centaines de millions dans le monde à errer, sans abri, sans rien.

L’inexistant du monde se nomme le paysan venu d’Afrique chassé de ses terres, victime des guerres motivées par l’unique possession des richesses du sol et du sous-sol. L’inexistant africain est réduit à l’errance, à l’émigration ; il traverse des régions entières à la recherche d’une vie meilleure, et vient s’échouer et disparaître sur les côtes de la Méditerranée.

L’inexistant du monde est mexicain  ou sud-américain, opprimé, méprisé, violé dans sa dignité. Lui aussi souffre des migrations, des trafics, de la corruption, de la traite des êtres humains, de la violence. Il parcourt des centaines de kilomètres à travers les montagnes, les déserts, il tente de fuir les mafias, la misère, le malheur, dans l’espérance d’une vie meilleure. Et lui aussi bute contre la muraille de barbelés érigée par les Etats-Unis

L’inexistant du monde vient du Maghreb et du Moyen Orient. Là bas des pays entiers sont dévastés, détruits, martyrisés. Des forces actives détruisent les sociétés humaines au profit d’un usage terrible du pouvoir.  L’inexistant est là aujourd’hui à Calais dans la puanteur d’une jungle.

La tragédie humaine que représentent les migrations forcées est un phénomène mondial. Mais comment l’expliquer, comment en rendre compte ? Comment nommer ce fléau dont souffre le  monde ? Qu’est-ce qui fait qu’actuellement de telles tragédies humaines ont lieu un peu partout sur notre planète ?

Bien sûr chaque situation est particulière, spécifique. Et comme la figure de l’opprimé, la figure du migrant forcé, est multiple. Donc, on nous expliquera que les causes sont multiples et différentes. Et que nous n’y sommes pour rien, que nous n’y pouvons rien. Et surtout que chacun règle ses problèmes là où il est.
La principale raison qui provoque l’exode des peuples en direction de l’Europe ou de l’Amérique du Nord, c’est l’absence de paix. C’est la guerre.
Mais il existe de multiples figures de la guerre : guerre économique, concurrence de tous contre tous, compétitivité, violence mafieuse, trafic, guerre totale de destruction, guerre pour la possession des territoires et des richesses.
En définitive c’est la recherche du pouvoir et de l’argent qui est toujours la cause des pillages, des guerres, de la violence.

C’est la tentation du pouvoir et de l’argent qui fait que le monde devient un champ de batailles. Mais pourquoi aujourd’hui plus qu’hier. Que s’est-il passé depuis une trentaine d’années dans le monde pour qu’on en soit là ?

La mondialisation actuelle n’est fondée que sur un modèle unique : celui de la compétition, de la concurrence de tous contre tous. Pas une parcelle de notre planète ne doit échapper à ce dogme économique. Et il n’y a pas une journée sans que ce modèle unique, ne nous soit présenté comme naturel, comme ce qui a toujours existé et doit exister toujours ; de telle sorte que la tentative de le changer nous paraisse illégitime et vaine.

Alors les dernières tentations se nomment résignation, indifférence et non-engagement : La résignation, face aux plaies du monde est l’une des armes du pouvoir. La résignation nous paralyse et nous empêche d’agir, de rêver, mais aussi nous empêche de prendre le risque de transformer le monde.
La seule réponse face à la résignation, se nomme l’espérance. Chaque jour que nous vivons nous appelle à l’engagement. L’engagement se fonde sur l’espérance d’un autre possible.


François Baudin 

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