Aujourd’hui,
en France et plus largement en Europe, nous vivons une situation sans précédent dans l’histoire de l’Humanité. Un scandale inouïe, jamais vu
dans les siècles passés, se répète quotidiennement sous nos yeux, depuis des
mois, depuis des années.
Des
hommes, des femmes et des enfants, des réfugiés, par milliers, par dizaines de
milliers, viennent mourir sur nos côtes méditerranéennes, engloutis, noyés en
mer Égée ou au large de Gibraltar. Les rescapés sont enfermés dans des camps,
derrière des barbelés, on les fait vivre dans des conditions qu’aucun
être humain ne peut accepter.
Mourir
dans les flots où nous nous sommes jadis baignés, vivre dans la boue, sous des
tentes légères où s’engouffrent le vent et la pluie, marcher pieds nus dans la
neige des Alpes, rester accrocher des jours durant à un grillage haut de 8
mètres, puis tomber d’inanition, mourir de faim, de maladie. Voir la mort en
face. Voir disparaître plus de 10 000 enfants sans famille.
Nous ne
pourrons pas dire que nous ne savions pas. La honte qui tombe sur l’homme
européen, sur la France, est irrémissible. J’ai peur que nos enfants ne nous pardonnent jamais.
L’Europe
et plus particulièrement la France, la France qui fut jadis souvent au
rendez-vous de l’histoire, est muette. Même, elle ne connaît que la force, la
répression. Chacune de nos décisions est une trahison. Une trahison permanente.
Et
c’est un cri de colère qui s’élève parmi les hommes de bonne volonté, nombreux
encore et c’est heureux. Un cri d’humanité face à cette situation inhumaine,
indigne. Un cri qui refuse l’abandon de ce qui constitue aussi notre identité,
notre histoire : celle de l’universalité des droits.
L’échec
historique de ce que fut l’Union européenne,
cette communauté de valeurs que nos parents voulurent construire
ensemble pour qu’il n’y ait plus de conflit, tout ce que nous étions encore il
y a peu, tout, oui tout est jeté, déchiré, anéanti.
Ce que
l’Europe et la France vivent, est une épreuve de vérité pour nous tous.
C’est
un cri d’alarme que nous devons pousser. Il faut absolument délier, délivrer
l’immense pitié de ce temps sourd aux appels déchirants de nos frères ;
délivrer ce temps disparaissant sous les ruines de la liberté. Un cri d’alarme
contre les bâtisseurs de ruines.
L’actualité
quotidienne nous commande d’extraire de ce temps que nous vivons, ce qui lui est
essentiel, la substance même de ce qui fait notre vie. Le quotidien nous intime
l’ordre de lire dans le temps, de voir plus loin au-delà des limites égoïstes
dans lesquelles on nous enferme.
Il y a
tant de cris, d’appels et d’espoirs, de rêves qui se lèvent autour de nous.
Nous ne pouvons pas rester sourds. Il nous faut travailler à un monde nouveau
qui va naître. Un monde sans limites, un monde qui est déjà là, dans notre
présent.
Aucun
regret d’un passé disparu, mais une vision d’un monde où toutes les barrières
d’iniquité s’effondrent et où le ciel s’élargit. Jamais l’azur ne nous
abandonnera.
Je ne
désespère pas du salut moral de mon pays. Le malheur des réfugiés rend encore
plus évidente la certitude qu’un jour ils seront parmi nous réunis. Ma patience
ne connaît aucune limite.
François Baudin
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