L’arrivée inattendue des lycéens
manifestant leur soutien à la jeune Leonarda a peut-être fait basculer les
esprits de nos compatriotes.
La politique de fermeté prônée
par le gouvernement et symbolisée par les expulsions, a pris le visage simple
d’une jeune fille entourée par ses professeurs, par ses amies, et maintenant par
toute une génération qui refuse l’injustice et l’arbitraire.
Soudain la générosité d’une
jeunesse s’opposant à cette politique sans visage, est venue perturber l’ambiguïté
gouvernementale actuelle, qui de fait et jusqu’à preuve du contraire, souhaite
poursuivre ce qui avait été mis en œuvre auparavant par le précédent
gouvernement lorsqu’on présentait le nombre de reconduites à la frontière comme
des victoires gagnées contre la délinquance.
Que retiendrons nous de cette
période ? Comment est-il possible qu’un gouvernement qui se réclame des
droits de l’homme, des droits particuliers de l’enfant et des droits de la
famille, participe à la détérioration d’un climat en bafouant à ce point les
valeurs d’humanité et de solidarité ? N’assistons nous pas à la défaite de
la pensée ? Notre désarroi est grand, notre consternation est immense et
n’a d’égale que notre indignation. Nous attendons avec impatience la réaction
du président Hollande face à ces expulsions d’enfants scolarisés.
L’histoire ne nous a-t-elle pas
appris que chercher un enfant dans son école, cela peut aussi s’appeler une
rafle.
Présenter les émigrés,
clandestins ou non, enfants et adultes, comme des délinquants dangereux, non insérables
par essence, est une façon de tromper l’opinion publique et de satisfaire ce
qu’il y a de plus sombre en l’homme.
Mais lorsqu’une politique prend
un visage particulier, celui d’une jeune fille de 15 ans au milieu de ses
camarades, cette politique devient insupportable à la plupart d’entre nous. Leonarda
est devenue le symbole du refus de toute politique qui n’est pas fondée sur les
valeurs morales.
La persistance actuelle de cette
question de l’immigration présentée comme un danger, comme une invasion, et la montée
des réactions indignées face à la politique migratoire actuelle de la France et
plus globalement de l’Europe, doivent alerter nos consciences. Car derrière les
chiffres, derrière les statistiques, il y a des hommes, des femmes, des enfants,
qui parfois meurent au cours de leur odyssée. Les évènements dramatiques de ces
dernières semaines en méditerranée viennent encore de nous le rappeler.
Le destin de millions d’hommes se
jouent actuellement. Il n’y a pas de manière douce et humaine d’expulser une
famille.
Le pape François disait lors des
JMJ de Rio en juillet dernier, qu’il n’appréciait pas les jeunes qui ne
protestaient pas.
Les jeunes lycéens nous disent
cette semaine qu’ils ne veulent pas être enfermés là où on souhaiterait les
mettre, c'est-à-dire dans une société de l’indifférence, de l’individualisme,
dans un monde vide de sens dominé par la futilité et le provisoire.
François Baudin
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