Un mot renvoie à un sens, mais
pris isolément, le mot n’en a aucun en lui-même. C’est dans une phrase que le
mot exprime le sens qu’on souhaite communiquer. Un mot prend sens dans une
phrase, qui elle-même s’intègre dans un texte plus long.
Il en est de même pour ce que
nous vivons personnellement : les choses dont nous faisons l’expérience prennent
sens peu à peu, dans un contexte donné ; elles s’éclairent et deviennent
d’un seul coup éblouissantes. Comme on dit couramment, la vérité éclate au
grand jour. Elle a été dévoilée par les faits. Mais pour que la vérité des
choses advienne, il a fallu un certain temps, une accumulation d’indices, des
petits riens qui font qu’un jour plus rien n’est comme avant.
Prenons par exemple le verbe tromper
et cherchons les synonymes qui sont très nombreux en français. Tromper signifie
induire en erreur, mentir, dissimuler, ruser, aveugler, berner, duper,
écornifler, etc. Des dizaines de synonymes sont utilisables pour exprimer cette
idée et cet acte qui fait que quelqu’un se sent abusé par l’attitude d’un
proche, d’un ami.
Que se passe-t-il alors ?
D’un seul coup la vérité de l’être avec
qui nous vivons éclate, et celui qui a été trompé se sent humilié, il perd
définitivement confiance. Il peut être alors désespéré et tomber dans une
dépression profonde, ne plus avoir le goût en la vie. Une colère peut naître en
lui. La déception a été si grande. Lui qui avait confiance, ne sait plus quoi
faire, quoi dire. Il voudrait disparaître.
Aujourd’hui, je pense à la
souffrance de Madame Trierweler. A-t-on conscience que cette femme est en train
d’être broyée par les attaches qu’elle a nouées avec le pouvoir et dont elle
vit la violence dans sa chair. Nous ne sommes plus à Versailles, sous l’Ancien
régime, lorsque la cour attendait que le roi décide entre sa nouvelle et son
ancienne favorite.
Depuis le début de l’année 2014,
on a véritablement l’impression que quelque chose a changé dans notre rapport
avec le président. N’avait-il pas dit lors de la campagne électorale : « Moi
président, je ferai que mon comportement soit à chaque instant
exemplaire ». Et c’est comme si toute la confiance qu’on pouvait porter à
un homme, avait été anéantie.
Doit on séparer vie privée et vie
publique ?
On est en droit d’attendre que le
pouvoir protège et même garantisse la vie privée de chacun. D’ailleurs on peut
douter de cette protection de notre vie privée depuis les révélations d’Edward
Snowden sur l’ampleur des écoutes téléphoniques dans le monde et notamment en
France. Ecoutes qui ne peuvent pas se réaliser sans l’accord, au moins tacite,
de ceux qui dirigent notre pays.
En revanche, ne doit-on pas
exiger la transparence de la part du pouvoir ? Transparence dans les
décisions, transparence dans les comportements. Seule cette transparence peut
nous donner la confiance. N’oublions pas qu’une des caractéristiques de toute
dictature est d’exiger la plus grande transparence vis-à-vis de ses sujets tout en conservant une opacité
complète pour ceux qui gouvernent.
Quelque chose s’est
définitivement rompu depuis quelques jours. Qui peut maintenant avoir
confiance ? Les électeurs de mai 2012 qui assistent à ce qui est nommé en
ce début d’année 2014 : « Le
tournant libéral du président », doivent se poser cette question de la
confiance. Car soit le président nous a trompé auparavant, soit il nous trompe
maintenant.
En supprimant les cotisations
sociales familiales, ne met-il pas en danger toute la politique sociale et
familiale du pays ? On aimerait croire le président Hollande lorsqu’il
nous dit qu’il n’en est rien, que la politique familiale ne sera pas remise en
cause.
Le mot pacte a été utilisé à plusieurs reprises au cours des derniers
mois : pacte de stabilité, pacte de compétitivité, et maintenant pacte de
responsabilité.
Aujourd’hui nous avons plutôt
besoin d’un pacte de solidarité.
Mais tout pacte, comme tout
accord, nécessite pour être scellé que chacune des parties ait confiance en
l’autre.
François Baudin
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