vendredi 31 janvier 2014

Papa porte une robe (nouvelle version)



Papa porte une robe (nouvelle version)

La folle rumeur qui s’est répandue cette semaine à propos de la théorie du genre enseignée dans les écoles, est le signe d’une grande inquiétude des parents d’élèves et plus globalement d’une inquiétude qui gagne la France. Cette inquiétude et cette peur sont porteuses de dangers.
Ne pas la prendre en compte serait une erreur de la part du ministre Vincent Peillon. Le risque alors de voir s’amplifier des mouvements et des organisations extrémistes qui utilisent la peur à leur profit, deviendrait si fort que plus rien ne pourrait l’arrêter et que notre pays serait sous la menace d’un danger tel qu’il en a connu il y a tout juste 80 ans, le 6 février 1934 lorsque des tentatives de renverser la République par des ligues fascistes, se manifestèrent dans la rue.
En observant les manifestations récentes où la parole extrémiste se banalise, on peut craindre le pire.
Il est possible que l’histoire se reproduise à sa manière. Les évènements du 6 février 1934 nous ont emmenés de manière irrémédiable vers la collaboration avec le régime nazi, dont les causes directes étaient à chercher dans la crise, le chômage de masse, les scandales financiers et la perte de confiance dans les élus.

Répondre, comme le fait le ministre Peillon, par la menace de sanctions à l’encontre de certains parents qui ont refusé de mettre leur enfant à l’école les 24 et 27 janvier, est une façon de mettre de l’huile sur le feu et d’affoler encore plus les parents.

Si le projet du ministre est de favoriser l’égalité entre filles et garçons, de lutter contre les stéréotypes et les discriminations, œuvrer pour la mixité, alors oui nous devons le soutenir. Ce projet éducatif est louable et n’a rien à voir alors avec la théorie du genre qui poussée à l’extrême nie la différence entre les sexes.
Par contre, il est faux de dire qu’il n’existe pas actuellement une théorie du genre que certains lobbys aimeraient répandre dans les écoles. Au contraire une entreprise de dénaturalisation du sexe est à l’œuvre dans la société. Elle trouve son origine chez Simone de Beauvoir qui écrivait en 1949, dès les premières lignes de son texte Le Deuxième sexe : « On ne naît pas femme : on le devient… ». Tout était dit dès cette première phrase. Simone de Beauvoir voulait insister sur le caractère construit et transmis de la féminité.
Poussée à l’extrême, cette thèse de la théorie des genres prétend que l’être humain est neutre à la naissance. Féminin ou masculin serait exclusivement imposé par le milieu culturel. La différence et la distinction sexuelles ne seraient plus fondées sur des données naturelles, mais sur la représentation que l’homme en a. Et ce serait à partir de cette représentation construite par la société que la femme aurait été soumise depuis des milliers d’années.
Cette thèse peut être étudiée et discutée. D’ailleurs elle l’est au sein des universités qui s’interrogent sur le sexe physiologique et le sexe social.
Elle peut être débattue dans les lycées, en classe de philosophie.

Mais à l’école primaire, la question reste posée. L’école qui met en présence des élèves et des enseignants doit rester un lieu non soumis aux idéologies et aux modes du moment. La distance à leur l’égard est requise. L’enfant qui arrive à l’école ne vient pas de telle famille ou de telle communauté, mais il vient comme élève au même titre que d’autres élèves. Voilà ce qu’il faut lui signifier. L’école refuse toute soumission à un particularisme.

L’école est lieu d’autonomie à l’égard de toutes les pressions, de toutes les cultures ; non pas une tour d’ivoire coupée du monde, mais un lieu qui développe ses propres buts : savoirs, connaissances, enseignements, liberté, lucidité sur le sens des choses et de l’action.
Citons Victor Hugo : « L’instruction primaire obligatoire, c’est le droit de l’enfant qui, ne vous y trompez pas, est plus sacré encore que le droit du père,... »


François Baudin

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