Papa porte une robe (nouvelle version)
La folle rumeur qui s’est
répandue cette semaine à propos de la
théorie du genre enseignée dans les écoles, est le signe d’une grande
inquiétude des parents d’élèves et plus globalement d’une inquiétude qui gagne
la France. Cette inquiétude et cette peur sont porteuses de dangers.
Ne pas la prendre en compte
serait une erreur de la part du ministre Vincent Peillon. Le risque alors de
voir s’amplifier des mouvements et des organisations extrémistes qui utilisent la
peur à leur profit, deviendrait si fort que plus rien ne pourrait l’arrêter et
que notre pays serait sous la menace d’un danger tel qu’il en a connu il y a
tout juste 80 ans, le 6 février 1934 lorsque des tentatives de renverser la
République par des ligues fascistes, se manifestèrent dans la rue.
En observant les manifestations
récentes où la parole extrémiste se banalise, on peut craindre le pire.
Il est possible que l’histoire se
reproduise à sa manière. Les évènements du 6 février 1934 nous ont emmenés de
manière irrémédiable vers la collaboration avec le régime nazi, dont les causes
directes étaient à chercher dans la crise, le chômage de masse, les scandales
financiers et la perte de confiance dans les élus.
Répondre, comme le fait le
ministre Peillon, par la menace de sanctions à l’encontre de certains parents
qui ont refusé de mettre leur enfant à l’école les 24 et 27 janvier, est une
façon de mettre de l’huile sur le feu et d’affoler encore plus les parents.
Si le projet du ministre est de
favoriser l’égalité entre filles et garçons, de lutter contre les stéréotypes
et les discriminations, œuvrer pour la mixité, alors oui nous devons le
soutenir. Ce projet éducatif est louable et n’a rien à voir alors avec la théorie du genre qui poussée à l’extrême
nie la différence entre les sexes.
Par contre, il est faux de dire qu’il
n’existe pas actuellement une théorie du
genre que certains lobbys aimeraient répandre dans les écoles. Au contraire
une entreprise de dénaturalisation du sexe est à l’œuvre dans la société. Elle
trouve son origine chez Simone de Beauvoir qui écrivait en 1949, dès les
premières lignes de son texte Le Deuxième
sexe : « On ne naît pas femme : on le devient… ». Tout
était dit dès cette première phrase. Simone de Beauvoir voulait insister sur le
caractère construit et transmis de la féminité.
Poussée à l’extrême, cette thèse
de la théorie des genres prétend que
l’être humain est neutre à la naissance. Féminin ou masculin serait
exclusivement imposé par le milieu culturel. La différence et la distinction
sexuelles ne seraient plus fondées sur des données naturelles, mais sur la
représentation que l’homme en a. Et ce serait à partir de cette représentation
construite par la société que la femme aurait été soumise depuis des milliers
d’années.
Cette thèse peut être étudiée et
discutée. D’ailleurs elle l’est au sein des universités qui s’interrogent sur
le sexe physiologique et le sexe social.
Elle peut être débattue dans les
lycées, en classe de philosophie.
Mais à l’école primaire, la
question reste posée. L’école qui met en présence des élèves et des enseignants
doit rester un lieu non soumis aux idéologies et aux modes du moment. La
distance à leur l’égard est requise. L’enfant qui arrive à l’école ne vient pas
de telle famille ou de telle communauté, mais il vient comme élève au même
titre que d’autres élèves. Voilà ce qu’il faut lui signifier. L’école refuse
toute soumission à un particularisme.
L’école est lieu d’autonomie à
l’égard de toutes les pressions, de toutes les cultures ; non pas une tour
d’ivoire coupée du monde, mais un lieu qui développe ses propres buts :
savoirs, connaissances, enseignements, liberté, lucidité sur le sens des choses
et de l’action.
Citons Victor Hugo : « L’instruction
primaire obligatoire, c’est le droit de l’enfant qui, ne vous y trompez pas,
est plus sacré encore que le droit du père,... »
François Baudin
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