jeudi 11 décembre 2014

Réenchantons nos dimanches




Depuis des années, la question du travail du dimanche revient régulièrement agiter la scène médiatique. Cette question constitue le cœur même du texte libéral du ministre de l’Economie Emmanuel Macron. Pour le gouvernement actuel, le fait d’ouvrir les commerces le dimanche serait un moyen efficace de relancer l’économie.
La politique conduite par le président Hollande depuis 2 ans n’a pas brillé par ses résultats. 60 000 demandeurs d’emploi de plus en un an. 8 personnes embauchées sur 10 le sont en CDD précaires. Selon l’INSEE, au cours du mois d’octobre 2014, la production industrielle a chuté d’un peu moins de 1%. Du jamais vu dans notre pays.
Alors pour notre gouvernement, le travail du dimanche compte parmi les solutions qui permettront de retrouver de quoi espérer en des jours meilleurs.

Qui peut les croire ?
Peut-on croire que ceux qui n’ont pas les moyens d’acheter en semaine, pourront le faire le dimanche ?
Qui peut croire que donner l’autorisation aux super marché d’ouvrir le dimanche, permettra de maintenir dans les quartiers les commerces de proximité. Certains économistes pensent même l’inverse : l’ouverture des grandes surfaces le dimanche entraînerait la disparition de dizaines de milliers d’emploi dans le commerce.

Mais il y a plus grave encore, car la question fondamentale qu’il faut nous poser est celle-ci : Dans quelle société voulons nous vivre ?
Voulons nous vivre dans un monde sans fête, sans dimanche, sans repos ni respiration ? 
Un monde où domine la marchandise et sa consommation, un monde où la marchandise circule sans arrêt, où tout s’achète et tout se vend, de jour comme de nuit. Le dimanche comme la semaine.

J’écrivais il y a tout juste un an que la tendance immanente du système de production proposé est de s’approprier le travail des personnes pendant les vingt quatre heures que compte un jour et les sept jours de la semaine.
La tendance immanente du marché est de transformer toute chose en marchandise et en bien de consommation. Y compris le travail humain.
La tendance de la société fondée sur ce type d’économie est de nous pousser à devoir sacrifier au culte de la consommation tous les jours de l’année, y compris dimanches et jours fériés.
Nous assistons à une extension du domaine de la marchandise.

Tel semble être l’enjeu actuel qui vient, une fois encore, de nous être rappelé cette semaine.

Est-on revenu à des débats d’un autre siècle lorsque le repos dominical, le travail de nuit, le travail des enfants, la journée de huit heures,… faisaient l’objet d’âpres revendications ?
Tout ce qui a pu représenter un progrès social et donc un progrès pour l’humanité est actuellement remis en cause. On assiste à une véritable offensive contre le droit. Une sorte de déchaînement se poursuit contre ce qui a été et ce qui est toujours pour les hommes une amélioration de leur bien être.

Est-ce ainsi que nous souhaitons vivre. ?

Une menace pèse actuellement sur le monde entier : la menace d’un monde sans éthique, injuste et dans lequel l’argent et la recherche du profit immédiat commande tout.
En cette période de l’Avent, il est urgent d’imaginer un autre monde et de rêver à son avènement. Un monde fondé sur le sens du don, de la solidarité, du partage et de la gratuité. Un monde où il fait bon vivre. Un monde possible. Réenchantons nos dimanches.

François Baudin




vendredi 5 décembre 2014

Racisme aux Etats-Unis : le triste bilan d’Obama



Il y a presque 10 ans le cyclone Katrina ravageait le Sud des Etats-Unis. Cette catastrophe dévoilait aux yeux du monde entier la vulnérabilité de la première puissance du monde. L’Amérique de Bush, indifférente, laissait ses enfants mourir, noyés dans les eaux du Golfe du Mexique.
Dans un contexte d’inégalités sociales et de discriminations raciales, le cyclone Katrina tuait plus particulièrement et par milliers, les pauvres, Latinos et Noirs, vivant dans les Bas quartiers inondables des villes du Sud.
Katrina était le révélateur d’un système qui prône la suprématie blanche et se solde par une inégalité terrible devant la mort.

Quelques années plus tard, beaucoup ont espéré au moment de l’arrivée au pouvoir de Barak Obama, premier président noir américain. N’allait-il pas défendre la cause des pauvres, et plus particulièrement celle des noirs ?
Ce nouveau président devait mettre fin à l’indifférence historique, vielle de plusieurs siècles, vis-à-vis de la souffrance des pauvres et des noirs en particulier. Aux Etats-Unis comme ailleurs dans le reste du monde.

Les évènements récents de Ferguson comme le crime commis par des policiers cet été à Staten Island dans l’Etat de New York, contre le noir Eric Garner, ont démontré que peu de chose ont changé aux Etats-Unis depuis l’élection d’Obama.
La discrimination n’a jamais disparu de l’Amérique.
Le permis de tuer un Noir pauvre ou un Latino, est toujours une réalité dans ce grand pays qui prétend être l’exemple universel de la démocratie et de l’Etat de droit.
Chaque jour des hommes et des femmes, jeunes ou plus âgés sont confrontés au racisme et à la violence policière.
Violence cautionnée jusqu’au plus niveau de l’Etat comme les verdicts des Grands jurys nous le fait découvrir. Violence revendiquée par une idéologie qui voit dans le pauvre, et plus particulièrement dans le Noir : un « sauvage dangereux » qu’il faut mater. Dans ce cas toutes les bavures sont justifiées.
Barak Obama n’a jamais eu le courage politique de s’opposer à cet état de fait. On lui reproche même de ne s’être jamais intéressé véritablement à cette question.

Le verdict du Grand jury, renouvelé cette semaine encore, rappelle qu’il ne s’agit pas d’une faute de parcours défendue par une minorité de blancs, mais qu’il s’agit bien d’un système qui perdure structurellement dans la société américaine.

Les peuples d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine et du monde arabe vivent quotidiennement la brutalité des Etats-Unis. Ces mêmes peuples sont confrontés au racisme et au néo colonialisme à l’intérieur même des frontières américaines. Ces deux phénomènes sont liés. L’Amérique s’est construite sur le dos des esclaves et sur le génocide des Noirs, ainsi que sur la colonisation et le génocide des peuples indigènes indiens.
La disparition de ce système fondé sur le mépris et l’indifférence n’arrivera que par l’engagement des peuples contre l’injustice.
Le temps de l’Avent qui commence est un temps d’espérance qui ne déçoit pas. Les défis que représentent le mépris, le racisme et la violence existent pour être relevés et combattus.
L’espérance véritable engendre toujours l’histoire.


François Baudin

jeudi 27 novembre 2014

Europe, qu’as-tu fait de ton projet ?


La venue du pape François à Strasbourg cette semaine a été l’occasion de reposer la question de la vocation de l’Europe.
Pourquoi l’Europe ? A quoi sert-elle ?
Cette même semaine, répondant à l’appel de toutes les organisations syndicales, les travailleurs grecs se sont mis en grève générale pour dire non à l’accord européen. Ils se sont opposés au mur financier qui sépare l’Europe entre le Sud et le Nord et impose sur presque tout le continent des plans d’austérité qui ne font qu’aggraver la crise et rendre les peuples de plus en plus pauvres.

La Belgique était descendue dans les rues de Bruxelles quelques jours auparavant pour les mêmes raisons, et aussi l’Espagne, et encore l’Irlande où l’exaspération d’une population est à son comble.
Hier on apprenait que la France compte depuis fin octobre 28 500 demandeurs d’emploi de plus, atteignant ainsi le triste record jamais égalé de 3 500 000 chômeurs. Le nombre de chômeurs européens est estimé à 25 millions.
Partout en Europe, l’emploi, les salaires, les dépenses de santé et les dépenses d’éducation sont devenus les variables d’ajustement face à la crise financière et au déficit.

Le projet européen de paix, de prospérité, de partage, de solidarité et d’échange entre les peuples, est-il en train d’être définitivement enterré devant les souhaits de la finance internationale et face aux impératifs des taux d’intérêts. L’obligation de servir des dividendes toujours plus importants est-il devenu la seule politique possible ?

Les grands idéaux européens, idéaux universels qui ont été guidés par l’idée du Bien commun et du bonheur des peuples, n’ont-ils pas succombé face aux intérêts particuliers ?
Les grands idéaux de paix pour une Europe traversée par tant de guerres, n’ont-ils pas disparu face à un esprit de concurrence, de rivalité et de zones d’influences à gagner, notamment vers l’Est du continent ?
Les grands idéaux de dignité humaine n’ont-ils pas cédé devant la peur ?
Le repliement d’un continent qui se considère aujourd’hui comme une forteresse devant se protéger des misères d’un monde campant à ses portes, en est le signe évident.
N’oublions pas que l’Europe, de part son histoire et son actualité, est en partie responsable de cette même misère. Elle a une dette vis-à-vis du monde.

L’Europe telle qu’elle évolue, n’est-elle pas devenue une immense bureaucratie technique au service d’intérêts particuliers, de lobbys de plus en plus puissants, au service d’une oligarchie antidémocratique ?
Devant toutes ces démissions, il est relativement aisé de comprendre que l’Europe soit aujourd’hui en proie à de très grandes difficultés.

Un danger extrémiste risque de déferler sur notre continent, faisant reculer pour des décennies le projet initial de paix, de bien commun, de fraternité et d’accueil.
Aujourd’hui l’idée même d’Europe est devenue une idée que beaucoup condamnent, parce que l’image que les hommes politiques et responsables européens lui ont donnée, est devenue une image négative où la personne humaine est passée au second plan derrière des intérêts privés, derrière les lois du marché qui ne sont, de fait, que les lois de ceux qui dominent le marché.
Les peuples européens aspirent à autre chose que ce qui leur est actuellement proposé. Ecoutons-les, lorsque parfois ils s’expriment à Dublin, à Bruxelles, ou encore cette semaine à Athènes.


François Baudin

vendredi 21 novembre 2014

Tourisme fiscal et tourisme social : deux poids deux mesures




On nous répète tous les jours que la situation économique exige de prendre des décisions douloureuses. Des sacrifices sont demandés à la population, une politique de rigueur voire d’austérité est mise en œuvre dans tous les pays et notamment en France. Il n’est pas un jour sans que les médias nous expliquent qu’une chasse aux fraudeurs est indispensable pour redresser les comptes sociaux.

Ainsi cette semaine, la cour de justice européenne a confirmé que les Etats membres de l’Europe pouvaient refuser l’octroi d’aides sociales aux ressortissants d’un autre pays européen installés sur leur territoire mais ne cherchant pas de travail.
Ce rappel de l’Europe a servi de prétexte pour relancer « une chasse aux migrants soupçonnés de profiter de la « générosité » de la sécurité sociale », nous dit la quotidien l’Humanité dans sa livraison du Week-end. On parle ainsi de tourisme social. De migrants qui contribuent fortement à pomper les caisses.
En réalité selon l’OCDE, il s’agit d’un fantasme ou d’un mensonge, car les migrants européens ne représentent que 1 à 5 % des bénéficiaires de prestations sociales. 1% pour le chômage.
En fait le tourisme social est une vue de l’esprit, une légende avancée par les politiques pour satisfaire et même souvent développer au sein des opinions publiques, xénophobie et racisme. Cette politique est porteuse d’un réel danger pour la paix sur notre continent, lorsqu’un vent mauvais se met à souffler.

Par contre cette semaine on a à nouveau eu la confirmation que le tourisme fiscal se porte bien. Chaque année des milliards d’euros sont détournés des caisses des Etats.
Les migrants ou les globes trotteurs fiscaux existent bel et bien. En France l’évasion fiscal coûte entre 50 et 80 milliards d’euros par an à l’Etat. A l’échelle mondiale on estime que les sommes oscillent entre 17 000 et 26 000 milliards. La perte s’élève à 1000 milliards chaque année en Europe.
On a du mal à imaginer ce que ça représente.
Pour que des sommes pareilles soient détournées, il doit bien y avoir des complicités : tout d’abord celle des grandes banques. On peut dire que toutes les banques contribuent à cette évasion.
Mais aussi les hommes politiques et les gouvernants. Notamment ceux qui gouvernent des paradis fiscaux. On pense immédiatement au Luxembourg, si proche de notre région, dont l’ancien Premier ministre Juncker dirige aujourd’hui la commission européenne.
Le Luxembourg à lui seul constitue un vrai scandale. Il y a quelques jours un collectif de journalistes a démontré que 350 multinationales ont réduit voire annulé leurs impôts suite à des accords secrets passés avec l’administration fiscale du Grand Duché. On ne peut pas imaginer une seule seconde que l’actuel président de la commission européenne et ancien Premier ministre, Juncker, n’était pas au courant de telles tractations visant à éviter l’impôt. Entre 2002 et 2010 des milliards d’euros ont échappé au budget français pour se retrouver dans les banques luxembourgeoises.

Cette semaine dans la revue « Alternatives économiques », la question de savoir qui sont les vrais fraudeurs nous est posée.
Sont-ils les chômeurs, ceux qui abusent des prestations sociales comme semblent nous le dire les gouvernants européens, avec tous les risques de dresser une partie de la population contre une autre ?
Non, les grands et vrais fraudeurs sont d’abord les entreprises qui cherchent par des moyens plus ou moins légaux à échapper à l’impôt.
Actuellement les choses sont en train de légèrement changé. Espérons le. Mais peut-on faire confiance au président de la commission Junker pour que ça aille vite dans la réforme fiscale ?
Si les peuples européens sont prêts à comprendre que des efforts sont nécessaires, une meilleure solidarité ne contribueraient-elles pas à les faire mieux accepter ?
D’ailleurs si une véritable justice fiscale et sociale était mise en œuvre, des efforts supplémentaires seraient-ils vraiment nécessaires pour l’ensemble de la population victime de la crise ?
Probablement pas !  

François Baudin 

vendredi 14 novembre 2014

L’Etat mafieux mexicain massacreur de jeunes


Le massacre de 40 jeunes étudiants mexicains le 26 septembre dernier est passé quasiment inaperçu en Europe.
Qui sait que plus de 10 000 personnes meurent chaque année dans ce pays d’Amérique centrale, victimes du crime organisé ? 80.000 Mexicains ont péri depuis 2006. La violence due aux cartels ne cesse de progresser.
Le Mexique vit aujourd’hui dans un chaos politique. Assassinats quotidiens, corruption, enlèvements, trafic de drogue, raquette généralisée, économie orientée vers la prédation du pays. Tous ces méfaits rythment la vie locale, dans un Etat où la violence politique ne cesse d’augmenter.
Chaque année des milliards de dollars s’évadent du Mexique, blanchis par les grandes banques internationales, telle HSBC. Ils sont transférés dans les paradis fiscaux, pour repartir ensuite dans l’économie mondialisée. Il est maintenant prouvé que les liens entre les cartels de la drogue ayant pignon sur rue au Mexique et les banques internationales, ont permis de recycler des milliards vers les Etats-Unis et l’Angleterre.

Mais ce nouveau massacre de jeunes mexicains a peut-être été le massacre de trop.
Rappelons les faits : le 26 septembre 2014, quarante-trois étudiants sont arrêtés par la police municipale de la ville d’Iguala, dans l’Etat de Guerrero, suite à une manifestation. Aujourd’hui, toujours aucune trace d’eux, si ce n’est la découverte dans six fosses communes de 28 corps semi-calcinés portant des marques de tortures, et les aveux d'un mafieux qui déclare avoir exécuté ces étudiants sous les ordres de la police. Cette affaire révèle l’infiltration des forces de police locales par les réseaux mafieux.
Les élus politiques de la ville seraient eux aussi corrompus.

Les étudiants qui manifestaient contre la mafia sont tous issus de milieux pauvres. Certains étudiants affirment que police aurait tiré à bout portant sur les manifestants. Face à cette situation, un grand mouvement de solidarité envers ces 43 étudiants s’est levé au  Mexique et dans d’autres pays d’Amérique latine. De nombreuses manifestations se déroulent actuellement.

Le Mexique souffre d'une véritable décomposition du tissu social. L’Etat est le principal responsable de cette situation dramatique. Alors qu’il devrait d'être le garant de l’état de droit et de la loi, il s'est érigé en criminel et en mafieux en violant systématiquement la loi.

Ajoutons à cela que comme la plupart des Etats dans le monde, le Mexique est entré par ses multiples réformes dans une période néolibérale : réduction de l'appareil d'Etat à sa plus simple expression militaire et policière en grande partie corrompue, privatisation à outrance du patrimoine public, ouverture des marchés, abdication de l'autorité publique face à l'initiative privée, mais aussi face aux organisations criminelles.
La domination actuelle des groupes criminels ne s'explique pas seulement par leur stratégie de corruption et d'infiltration des institutions gouvernementales. Mais par une complicité objective de l’Etat.
Elle s’explique par l’abandon de ses missions dû à une logique libérale destructrice et prédatrice qui l’a conduit à renoncer à ses prérogatives les plus élémentaires, notamment la garantie de la sécurité, l'intégrité physique et la vie de la population. Cette même logique a fait le lit de nouvelles formes de criminalité, sur fond de hausse de la pauvreté, du chômage et de la marginalité.
Face à cette carence historique qui met en danger notre société,  les mouvements populaires doivent devenir les agents d'un changement révolutionnaire indispensable.
François Baudin


vendredi 7 novembre 2014

L’Odyssée des temps actuels



Plus de 3300 personnes dont beaucoup de femmes et d’enfants sont mortes noyées en Méditerranée au cours des 10 premiers mois de 2014.
Depuis l’an 2000, 22000 êtres humains, on parle même de plus de 40000, ont disparu en mer, au large de la Libye, de l’Egypte, de l’Italie ou de la Grèce.

La Méditerranée est devenue le tombeau où disparaissent des habitants des régions pauvres de la planète. C’est le prix à payer pour le passage. La mort est au rendez-vous du voyage.
Cette année le tribut a été plus lourd que jamais. L’année 2014 a été la plus meurtrière.

L’épopée d’Ulysse en son l’Odyssée prend à notre époque des allures de drames humains et de scandale que les gouvernants de l’Europe veulent nous cacher soigneusement. Ce poème épique d’Homère qui compte parmi les chefs d’œuvre fondateurs de l’Europe, de ce qu’on nomme la civilisation européenne, devrait être revu et corrigé et nous raconter l’horreur d’un voyage d'où on ne revient pas.
Cet afflux de migrants sur le rives occidentales de la Méditerranée est le reflet de la situation du monde : guerres dont la responsabilité principale revient à l’Europe et plus globalement à l’Occident, crises et misère dues au pillage des ressources organisé par les grandes puissances au services des entreprises multinationales.

Face à ce drame de l’immigration, l’Italie en 2013 avait mis en œuvre l’opération Mare Nostrum. 32 navires appuyés par des hélicoptères, des drones et des avions furent mobilisés pour sauver des vies humaines de la noyade.
En un an, selon les autorités italiennes, plus de 100 000 migrants ont pu être sauvés des eaux. Mais un tel dispositif coûtait trop cher pour la seule Italie. L’Europe n’ayant jamais accordé aucune aide.
L’Italie ne pouvait pas porter seule la charge de sauver des vies en méditerranée. Elle a donc mis fin à cette opération de sauvetage.
Depuis le 1er novembre, l’opération Mare Nostrum est remplacée par l’opération Triton pilotée par l’Agence de sécurité européenne Frontex. Ce changement est simplement le signe d’une orientation de plus en plus répressive de la politique européenne. Triton est le joli nom d’un contrôle renforcé aux frontières maritimes de l’Europe du Sud.

Dans le système mondialisé actuel, les marchandises, les capitaux circulent sans contrainte et sans contrôle. Mais pour les hommes et les femmes c’est autre chose. Alors que nous Européens, nous nous permettons de voyager dans le monde entier comme touristes et aussi parfois comme militaires en opération, presque tous les habitants de la planète sont interdits de circulation.
L’Europe est devenue cette forteresse ouverte à tous les vents de la marchandise et des capitaux, mais fermée aux hommes et aux femmes qui sont les victimes de cette même politique d’ouverture mondialisée du marché.
Cette armée de pauvres qui campent et meurent aux portes des pays riches est considérée comme une menace et aussi comme une armée de réserve dont on dispose telle une marchandise permettant de mener une pression économique sur les salariés de nos pays.

Il faut absolument sortir de cette vision qui considère l’immigré comme une menace ou une marchandise à notre disposition.
Il faut sortir de cette opposition, artificiellement créée, entre migrants et nationaux, car notre humanité est commune face à une mondialisation qui transforme l'homme marchandise ; une marchandise qu’on peut laisser périr au large de nos côtes méditerranéennes.

François Baudin

dimanche 2 novembre 2014


ZIAD MEDOUKH


CHRONIQUES
D’UN ÉTÉ MEURTRIER À GAZA


RÉCIT D’UN GÉNOCIDE RÉPÉTÉ





Kaïros / Témoignage