vendredi 16 décembre 2016

Alep symbole de la tragédie du monde


Cette semaine les informations en provenance d’Alep sont insupportables. Aucun homme ne peut accepter ce qui s’y passe : corps morts d’enfants, de femmes, de vieillards au milieu des ruines, longues files d’hommes hagards portant quelques maigres bagages, fuyant un enfer de chaque instant. Bombardements continuels tuant jours et nuits, sans distinction, combattants et civils.
On sait depuis toujours que le Régime de Damas est prêt à tout, prêt à commettre les pires crimes pour rester en place. Il le montre chaque jour et depuis toujours.
Plus rien dans ces ghettos assiégés ne doit rester debout, ni vivant. Jusqu’à ce qu’un silence de mort y règne. La machine de guerre en marche depuis des années atteint son paroxysme. L’impensable se réalise.
Face à cette guerre, les citoyens que nous sommes crient leur indignation, leur répulsion.

Pourquoi le reste du monde ne peut-il rien faire pour sauver les vies, pour régler ce conflit qui dure depuis si longtemps ?
Au début de la guerre, en 2012 et 2013, je me souviens, le clan Assad, pressentant la fin de son règne, voulait négocier une paix lui permettant de sauver son Régime. La communauté internationale, c’est-à-dire principalement la France, l’Europe et les Etats-Unis, refusèrent absolument toute forme de négociation avec ce régime de dictature, alors que de multiples associations pacifistes, connaissant bien la situation en Syrie, réclamaient une paix négociée avec le Régime en place. Pour ces associations internationales la seule solution était la négociation. Je pense principalement à la communauté Sant’egidio.

Mais les grandes puissances ont refusé absolument toute négociation avec Damas. Elles ne voulaient pas en entendre parler, pensant vaincre militairement le dictateur. Notre ministre de l’époque, Laurent Fabius était parmi les plus va-t-en guerre au monde. Les grandes puissances occidentales en lien avec le pouvoir dictatorial d’Arabie saoudite, étaient les faiseuses de guerre. Elles ont armé les terroristes islamistes qui éliminèrent en premier lieu les forces démocratiques syriennes. Les démocrates Syriens sont maintenant quasi inexistants. Les forces démocratiques syriennes ont été décimées par la famille Assad, avant les printemps arabes avec la complicité des pays occidentaux, puis lorsque l’Arabie saoudite est entrée en guerre contre le Régime syrien, ce furent les islamistes qui terminèrent le travail.

Aujourd’hui depuis l’entrée de la Russie aux côtés d’Assad, cette même communauté internationale, réunie autour des Etats-Unis et de la France, n’a plus du tout la maîtrise de la situation, alors qu’en 2012 et 2013, elle pensait vaincre et chasser Assad par une guerre totale. La situation s’est renversée. Le rapport de force a changé de camp.
Poutine ne défend que les intérêts de la Russie, comme la France et les Etats-Unis ne défendaient que les leurs. Dans cette affaire, les peuples n’ont rien à gagner, au contraire : pour eux ces guerres, ces conflits d’intérêts ne pourront se solder que par la mort. Pour les populations, rien ne change, et les réfugiés par millions quittent les zones de combats quand ils n’y meurent pas.

Dans ces conditions, la responsabilité de la communauté internationale, France en tête, est immense : En Syrie, c’est une longue liste d’erreurs qui un jour devront être rappelées, analysées.
Être le terrain de jeu des grandes puissances ne peut mener qu’à la ruine des Etats et des peuples qui y vivent.

Jamais les grandes puissances n’ont œuvré en faveur de la paix et des droits de l’homme, qui ne sont la plupart du temps que des prétextes pour maintenir leur propre puissance, leur domination. Les nations ont toujours raisonné en terme d’avantages, de rapports de force et d’intérêts à sauver ou à conquérir.
Tant que les relations internationales seront fondées sur les puissances et les intérêts, il y aura la guerre. La tragédie actuelle du monde se situe exactement là.
Cette tragédie qu’Alep aujourd’hui symbolise, se solde par la désolation, la ruine et la mort.

Soit l’homme accepte d’être dominé par la puissance avec toutes les conséquences dramatiques, soit l’homme dit non à ce monde et s’engage pour un autre monde. Jamais les armes n’arriveront à régler un conflit entre des intérêts. La victoire d’un camp alimentera toujours une guerre future. 

François Baudin

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