vendredi 18 décembre 2015

Noël fraternel


Les mouvements de fraternisation dans les tranchées au cours de la guerre de 1914, furent à la fois importants et rares. Importants, car ils signifièrent que les hommes mobilisés dans le carnage de la Première Guerre mondiale ne succombèrent pas tous à la folie meurtrière dont ils étaient les victimes. Ces mouvements de fraternisation se multiplièrent à la Noël 1914 et 1915. Des hommes sortent des tranchées allemandes, anglaises, françaises, ils fraternisent, chantent, dansent, boivent et mangent ensemble, et même pour certains assistent à une messe commune au cours de la nuit de la nativité.
Ainsi des hommes qu’on avait prédestinés à être des ennemis héréditaires refusèrent à certains moments de combattre. Appelés par leur conscience, ils eurent le courage de dire non à la guerre malgré les risques de condamnation pour désertion et haute trahison.
Ces actes de fraternisations pacifiques furent aussi très rares, car on imagine bien que les autorités militaires des camps ennemis et les dirigeants politiques de l’époque ne pouvaient pas supporter de tels refus de combattre qui dévoilaient au monde entier l’absolue bêtise d’une guerre terriblement meurtrière. Les chefs d’état major ennemis s’entendirent alors pour exercer la plus grande des répressions dans chacun de leur camp, et veillèrent à ce que plus jamais de tels mouvements ne se reproduisent.
100 ans après ces actes héroïques, le président de la république François Hollande a inauguré jeudi dernier un monument célébrant les fraternisations à Neuville Saint Vaast dans le Nord Pas-de-Calais.
Déplacement hautement symbolique qui vient juste après les élections régionales marquées par une montée très forte du vote extrémiste. Le moment post-électoral est à la fraternisation. A l’heure des périls, lorsque les blés sont sous la grêle, fou celui qui fait le délicat, avait écrit le poète Aragon. Et nous comprenons François Hollande lorsqu’il déclare : « Nous avons besoin, au-delà de ce qui peut nous séparer, de concorde. Ne transformons pas nos différences en défiances, nos divergences en discordes. Nous sommes tous dépositaires de la République ».

Aucun homme ne peut s’opposer à cette orientation fraternelle et pacificatrice. La véritable question n’est pas là, et la seule qui convienne à cette heure de tension, est politique. Oui, cette unité est nécessaire, mais pour quoi faire ? Pour aller où ?

Les principes républicains (Liberté, égalité, Fraternité) doivent devenir des réalités tangibles pour tout le monde et non pas de simples déclarations formelles et sans cesse répétées. Sinon le risque est grand de les voir balayer par un vote extrémiste.
Or aujourd’hui l’insuffisance de leur application dans notre pays est tellement évidente, que c’est un lieu commun de le dire : déficit démocratique, poids des lobbys dans les décisions, inégalités monstrueuses, pauvreté, chômage de masse, désespoir d’une partie de la jeunesse privée d’avenir, gouvernants déconnectés de la vie des citoyens, promesses électorales non tenues, scandales à répétition, etc., etc. La liste n’est pas exhaustive.

Tout cela donne le sentiment que le peuple est laissé pour compte, absent et très éloigné des décisions. Dans ces conditions, la défiance vis-à-vis des élus va en grandissant et la démocratie telle qu’elle est pratiquée semble être une illusion.
Aujourd’hui il y a un risque, celui de la rupture entre le peuple et ses représentants. La démocratie fondée sur la confiance est en danger.
Il est urgent aujourd’hui de rétablir l’espoir et de mener une autre politique ne conduisant pas à l’abandon de catégories entières du peuple de France.
Sinon, les mêmes causes produisant les mêmes effets, à chaque élection nous aurons les mêmes résultats, avec une montée irrésistible du nombre de voix extrémistes.

François Baudin 

mercredi 16 décembre 2015

Crise de La démocratie



Crise de La démocratie




Il n’y a pas une journée sans que le mot de crise ne soit prononcé.
Crise économique, crise sociale, crise des valeurs, crise éthique, crise politique, crise morale et aussi crise de la démocratie. Aujourd’hui je parlerai de la crise de la démocratie. Cependant, on peut dire qu’un grand nombre de nos difficultés trouvent leur source dans la situation économique mondialisée. Je rappelle par exemple qu’en 2014, Bill Gates a dit que l’emploi d’ici une vingtaine d’années va devenir exceptionnel.
Aujourd’hui, le sujet n’est pas économique, mais politique. Il est celui de la démocratie.

Le mot crise, répété à longueur d’articles, est dans tous les esprits.

Ce mot de crise correspond à une réalité mondiale pour un très grand nombre d’habitants. Il signifie pauvreté, mort certaine, exclusion, rejet, sentiment d’abandon. Sentiment de n’être rien dans le monde, d’être considéré comme quantité négligeable. Ce sentiment correspond à une réalité économique, puisque d’une manière générale, le monde tourne et se développe sans avoir besoin de l’existence de milliards d’être humains.

En Europe comme aux Etats-Unis, partout, des territoires entiers sont abandonnés. :dans les banlieues des grandes villes, dans certains quartiers des grandes métropoles, dans de vastes zones rurales où les services publics disparaissent laissant là des populations désorientées et en proie aux pires criminalités, à la pire démagogie et au nihilisme. Dans les grandes périphéries du monde où toute forme étatique disparaît.
En dehors de l’Europe, des Etats entiers ont disparu et des populations sont la proie de mafias locales, de bandes armées qui instrumentalisent une religion pour commettre leurs trafics et leurs crimes.

Si on observe ce qui se passe, on s’aperçoit très vite que cette crise qui en France touche géographiquement des territoires comme les banlieues et de grandes zones rurales, on s’aperçoit aussi que la crise n’est pas partagée par tous, car un peu partout dans le monde et notamment en France, la crise, qu’elle soit économique, politique ou sociale semble profiter objectivement à une minorité de privilégiés, de plus en plus minoritaire d’ailleurs et de plus en plus privilégiés, qui domine le monde, s’enrichit encore et toujours, et vit en définitive des jours heureux. Actuellement dans le monde 67 personnes possèdent autant de richesses que trois milliards et demi d’êtres humains. Le patrimoine des 1% les plus riches dépasse celui des 99 % restants.

Le système démocratique en vigueur dans nos pays occidentaux n’est-il pas là pour que cette minorité poursuive sa domination sur le monde ?

S’il y a crise, le moins que l’on puisse dire c’est qu’elle touche plus certains que d’autres. La question que l’on se pose alors est celle de la démocratie dont un des objectifs serait de maintenir, voire de développer cette tendance monstrueuse vers l’inégalité. Une des missions de la démocratie ne serait-elle pas alors de gérer au mieux ce système qui produit en permanence des crises, des laissés-pour-compte, des inégalités, des abandons ? Et aussi bien sûr des richesses.

En France depuis les tueries de Charlie Hebdo et de la porte de Vincennes début janvier, ce constat est encore plus évident : une période de doute, de questionnement s’est ouverte cet hiver 2015.

A la fin de cette terrible année 2015, le constat ne peut plus être contesté : quelque chose ne va plus. L’histoire est comme sortie de ses gonds.
L’unanimisme du slogan « Je suis Charlie » que beaucoup de nos concitoyens ont partagé cet hiver, tout comme d’ailleurs le récent front républicain contre le Front national lors des dernières élections régionales de décembre 2015, sont de même nature. Ne recouvrent-t-ils pas tel un nappage, cette énorme béance au sein du peuple, ce que d’autres avaient appelé la fracture sociale qui se développe comme jamais sous le système démocratique tel qu’il est mis en oeuvre ?

Le doute s’est emparé des esprits.
Car si beaucoup se sont reconnus dans ce slogan somme toute ambigu « Je suis Charlie », beaucoup d’autres, très nombreux et qui ne sont pas des terroristes, ne s’y sont pas reconnus et ne pouvaient pas s’y reconnaître. Je dirai pourquoi tout à l’heure.

D’une même façon beaucoup ont voté le 13 décembre dernier pour le front républicain en faisant barrage au Front national, et donc en votant parfois pour des candidats dont les thèses sont très proches de celle de l’extrême droite fasciste, si proche même qu’ils pourront devenir s’il le faut des alliés de l’extrême droite ; il ne faut pas oublier qu’au niveau des idées, à peine une feuille de papier sépare parfois un candidat qualifié de républicain de droite, d’un candidat Front national.
Cette victoire récente du front républicain ne cache-t-elle pas, la même fracture entre une masse grandissante de pauvres et d’exclus, et la classe moyenne encore majoritaire, mais elle aussi fragilisée à terme et donc en danger de disparition, de déclassement ?

Pourquoi une partie de nos concitoyens ne peuvent-ils pas se reconnaître dans la victoire du front républicain, comme ils ne pouvaient pas se reconnaître dans le slogan unificateur « je suis Charlie » ?

Oui pourquoi ?

Parce que la démocratie, la République, qui voulait se rassembler lors des manifestations du 11 janvier, qui voulait donc rassembler ses enfants, avait depuis longtemps exclu une partie de ses enfants, les avaient ignorés, les avaient stigmatisés, les avaient déjà ghetoisés depuis longtemps. Ce rassemblement du 11 janvier est apparu à certains comme une manoeuvre orchestrée par une oligarchie restreinte, très restreinte, qui n’est motivée que par le maintien de sa domination fondée sur l’exclusion.
Rarement en France, le pouvoir en place appelle à manifester comme il l’a fait en janvier 2015 à Paris et dans toutes les villes de France.
Les plus grands dirigeants de la planète, dont beaucoup de dictateurs qui n’ont que faire de la liberté d’expression, de l’égalité et de la fraternité, ont répondu à l’appel du gouvernement français et sont venus battre le pavé dans les rues de Paris pour « sauver » les valeurs démocratiques qu’on disait être mises en danger par les tueries de janvier.
Le même type de scénario s’est reproduit après les tueries du 13 novembre, que la victoire du Front républicain est venue couronnée.

Comment accepter une démocratie, une République qui exclut une partie de ses enfants ? Enfants qui habitent au fin fond d’une région rurale désertifiée et sont pour la plupart ce qu’on appelle des « Français de souche » ou qui habitent dans une ancienne cité ouvrière laissée à l’abandon comme il y en a beaucoup en Lorraine, dans un quartier d’une périphérie urbaine mise au ban de la société.
Si on fait une analyse sociologique des manifestants du 11 janvier, comme des votants républicains du scrutin régional de décembre 2015, il y manquait justement le monde rural et ses abandonnés, les petites villes désertifiées, les périphéries, il y manquait les banlieues, les anciennes cités ouvrières abonnées au chômage. Il y manquait le peuple, au moins une partie du peuple de France.

La France, la République et ses principes, la laïcité et aussi la démocratie, toutes ces évidences se fissurent et ces fissures viennent détruire notre socle démocratique.

Nous ne parlerons pas de laïcité, ni des valeurs républicaines. Mais nous parlerons de la démocratie telle que les pays occidentaux la pratique depuis plus d’un siècle.

Qu’est ce que cela veut dire ?
Le système démocratique que nous connaissons, dans lequel nous vivons depuis des décennies, notre système fondé sur l’élection de nos représentants, sur le suffrage universel, semble ne plus répondre aux questions qui sont devant nous.

La démocratie au sens premier du terme c’est la capacité des hommes à s’organiser pour vivre ensemble. La démocratie c’est le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple.

Aujourd’hui il apparaît clairement que ce système est là pour reproduire une oligarchie, une « élite » qui en réalité n’a que faire du peuple.
Le système démocratique avec ses rites électoraux, n’est-il pas en définitive le paravent d’une totale vassalisation de la politique par une oligarchie ?
C’est la question.

Ma première expérience politique a été mai 68. En mai 68, des millions de Français et d’immigrés ont occupé les usines, les bureaux, sont descendus quotidiennement dans les rues, se sont unis avec les étudiants.
Cette première expérience politique, d’une telle intensité, vous ne pouvez pas l’oublier, elle vous marque pour une vie entière.
Partout en 68, jusqu’aux endroits les plus reculés du pays, les habitants se sont rassemblés, ont discuté, rêvant d’un autre monde possible.
Un tel évènement n’avait pas eu lieu depuis bien longtemps. On se rappelait les grandes heures de l’histoire : la libération de la France en 1944, les grèves de 1936, la Commune de Paris en 1871, et la période révolutionnaire de 1789, et surtout à partir de 1793.
Face à la contestation globale de la société, le pouvoir gaulliste en place a dissous l’Assemblée nationale et appelé à de nouvelles élections.
Ainsi les premières affiches que j’ai collées sur les murs dénonçaient cette manipulation pseudo démocratique. Les manifestants de mai scandaient: « Election piège à cons ».

Comment voulez vous qu’une élection non préparée, rapidement mise en place, puisse résumer ce qui s’était passé en mai ? Comment voulez-vous que des élections hâtivement programmées puissent répondre à l’espoir porté par les évènements de mai ? On voulait réduire mai 1968 à un rite électoral.
Et bien entendu le pouvoir en place a été reconduit par une majorité écrasante de votants. De Gaule avait dit un jour « Les Français sont des veaux ». Et des veaux ça doit voter. Jamais le parti gaulliste n’a recueilli autant de voix qu’aux élections de juin 68.
L’élection au suffrage universel en juin 1968 a été une formidable manipulation pour étouffer ce qu’avait été mai 1968. Pour recouvrir l’espoir qu’avait été mai 1968.

Dernièrement la même opération de recouvrement, de nappage, s’est passée en Egypte qui a vécu à partir du 25 janvier 2011 et pendant des semaines, un extraordinaire mouvement populaire contre la dictature du Président Moubarak. La convocation à des élections soutenues de manière pressante par les Etats-Unis et si rapidement mises en œuvre et donc impréparées, n’a rien changé à la situation égyptienne. C’était même le but presque avoué de ces élections : faire qu’en définitive rien ne change.
Les choses étaient quasiment écrites par avance en Egypte : ces élections donneraient le pouvoir aux Frères musulmans absents de la place Tahrir, absents de la révolution démocratique égyptienne. Les Frères musulmans installés au pouvoir par les élections ont été chassés ensuite par cette même place Tahrir, pour redonner en définitive le pouvoir aux militaires du général Al Sissi, ancien compagnon de Moubarak. La révolution égyptienne est devenue une révolution de type galiléen : un retour à la situation initiale.

Quelle leçon tirer de ces deux évènements historiques (Mai 68 et printemps égyptien qui, je l’espère, n’est pas terminé) ? : Que les élections qui s’appuient sur le principe majoritaire ne détient pas la vérité. La majorité, le nombre n’a jamais fait la vérité, ni la justice.
La plupart des dictatures fascistes sont arrivées au pouvoir grâce aux élections et ont été reconduites ensuite massivement par des élections au suffrage universel.

Aucun droit fondamental n’a jamais été acquis suite à des élections, ou très peu, dans l’Histoire. Mais tous les droits, ou presque, et parmi les plus importants, comme le suffrage universel et le droit de vote, n’ont été obtenus que grâce à la mobilisation et à l’action des hommes et des femmes qui nous ont précédé. 
Nos droits fondamentaux ont été obtenus grâce à nos propres mobilisations. Ils n'ont jamais été octroyés suite à des élections qui le plus souvent n'ont fait qu'acter ce qui avait été obtenu auparavant de haute lutte. (le droit à l'avortement, le suffrage universel, les congés payés, les droits de l'homme en août 1789, l'égalité homme /femme, le droit de grève, la liberté de la presse, la sécurité sociale, etc., etc.)


La vérité, la justice, l’aspiration démocratique sont souvent, même très souvent, un fait minoritaire au départ. L’obtention de droits nouveaux est le plus souvent le résultat de mobilisation minoritaire au départ. Si les Français avaient pu voter en septembre ou octobre 1940 et peut-être même jusqu’en juin 1944, ils auraient probablement voté en grande majorité pour le maréchal Pétain. Les résistants français étaient minoritaires et pourtant c’est eux qui portaient l’histoire. Et c’est grâce à leur lutte que les droits démocratiques ont été rétablis.

Est-ce à dire que la démocratie doit être rejetée comme principe de gouvernement ?
Non, bien entendu. Et même nous devons défendre, promouvoir la démocratie, comme seul système possible, démocratie fraternelle et pacifiée. Et la plupart des contestations sont démocratiques.
Les Résistants français pendant l’Occupation, les manifestants de la place Tahrir, les manifestants de Mai 68, les « indignés » qui occupèrent les places à New York ou Madrid en 2011 et 2012 et qui dénonçaient la finance internationale, étaient et sont toujours animés par un idéal démocratique.

Mais la démocratie ne se résume pas à l’élection, même lorsque cette élection est au suffrage universel.
Il existe d’autres formes de démocraties qui viennent préparer, compléter et parfaire l’élection. Si les manifestants, les « indignés », les contestataires descendent dans les rues, c’est parce qu’il veulent plus de démocratie et estiment qu’ils vivent dans une démocratie de très basse intensité.

Mais faut-il pour autant rejeter la démocratie représentative ?
Non plus.
Pourtant la démocratie représentative est en crise.
Pourquoi ?
Parce que le lien de confiance entre les représentants et le peuple, s’il a pu exister à certaines époques, est largement rompu actuellement.
Cette rupture se manifeste par le taux élevé d’abstention, 50% et plus, taux d’abstention qui touche toutes les démocraties occidentales et principalement la jeunesse ; cette rupture se manifeste aussi par l’augmentation du vote d’extrême droite et par la tentation fasciste dans tous les pays d’Europe, vote qui met en danger la démocratie. Ce vote fasciste est populaire, il touche, bien sûr pas uniquement mais principalement les couches populaires abandonnées dont j’ai parlé au début.

On peut lister les raisons, les causes qui font que ce lien de confiance entre le peuple et ses représentants, ou entre les peuples et les nations démocratiques n’existe plus : (cette liste n’est pas exhaustive).

J’ai retenu 10 causes qui contribuent à rompre le lien de confiance entre le peuple et ses représentants.

-         1 Les politiques répondent rarement aux véritables besoins des populations. J’en ai parlé dès le début de cette intervention.

-         2 La plupart des promesses électorales ne sont pas tenues. Un homme politique de premier plan (Jacques Chirac pour le nommer) a même été jusqu’à dire qu’une promesse électorale était faite pour ne pas être tenue. Qu’elle n’engageait que celui qui l’écoute.

-         3 L’impuissance actuelle et avouée du politique, à résoudre les difficultés rencontrées, notamment les difficultés économiques ; le fait de répéter sans cesse qu’on ne peut pas faire grand-chose, que les réalités sont là et qu’il faut en tenir compte : tout cela donne l’impression ou plutôt confirme le fait que les politiques ne sont là que pour gérer au mieux un système qui se perpétue. Quand un homme politique, un élu, explique qu’il y a des réalités et qu’il ne peut pas faire grand-chose face à ces réalités, n’avoue-t-il pas son impuissance due à sa non volonté politique ? Et finalement avoue son accord sur l’essentiel. En justifiant la réalité actuelle, il justifie la situation. Les élus deviennent alors de simples opérateurs de gestion. D’ailleurs le mot nouveau de gouvernance l’indique bien. Eliminons ce concept de gouvernance du vocable politique pour le remplacer par souveraineté populaire et gouvernement.

-         4 Le modèle élitiste qui perdure d’élections en élections avec l’impression que le système démocratique n’est qu’un paravent pour maintenir toujours les mêmes au pouvoir et en définitive maintenir les inégalités monstrueuses produites par ce système.

-         5 Le rôle des médias de masse dans cette perpétuation. Alors que les médias devraient être un outil pour la démocratie, leur responsabilité est immense face à l’impasse dans laquelle la démocratie se trouve.

-         6 Le poids des « experts » dans les décisions. Ce poids est si grand qu’on a pu parler de république des experts. Experts qui passent alternativement et héréditairement un peu comme une transmission dynastique, de la grande administration d’Etat au secteur privé (aujourd’hui pour un grand nombre le secteur bancaire) pour revenir à la politique. Les mêmes tournent, pantouflent, s’enrichissent, votent des lois et héritent de privilèges.

-         7 Les lobbies qui manoeuvrent en permanence pour empêcher toutes décisions allant contre leurs intérêts particuliers. (le lobby bancaire, celui des industries pharmaceutiques, des entreprises multinationales et des centaines d’autres).

-         8 Les scandales qui émaillent en permanence la vie politique et ronge la vie démocratique. Ces scandales font penser que la motivation première de nos représentants est l’enrichissement personnel.

-         9 Le sentiment que le peuple est absent et très éloigné des décisions et laissé dans l’ignorance. Citons trois exemples récents :
§        la loi sur le renseignement qui n’a pas été précédée d’un véritable débat sur les enjeux de la sécurité et de la surveillance généralisée en France,
§        celui plus ancien de notre intervention en Libye qui n’a jamais été discutée par la représentation nationale, alors que nos avions ont effectué plus de 4000 sorties aériennes, qu’ils ont contribué à détruire un pays et changé radicalement le cours de l’histoire dans cette région du monde et maintenant dans le nôtre,
§         enfin le troisième exemple est celui de Tafta, cet accord commercial entre les Etats-Unis et l’Europe qui se négocie actuellement dans le plus grand secret. Pourquoi ce secret ? : parce que cet accord se fera contre l’intérêt des peuples américains et européens et dans le seul intérêt des industriels et du commerce mondial.

- 10 L’hypocrisie, qui consiste à prétendre que la démocratie telle qu’elle est pratiquée par les grandes puissances occidentales, rime avec paix, comme l’a écrit Alexis de Tocqueville au XIXe siècle. En fait la volonté de puissance, la volonté hégémonique sur le monde des pays dits démocratiques s’est soldée en permanence par des guerres dans le monde.

Dans ces conditions, la défiance vis-à-vis des élus va en grandissant et la démocratie représentative semble être une illusion de démocratie, un ersatz de démocratie, une hypocrisie que les grands médias perpétuent. Un peu comme les clercs de l’Ancien Régime perpétuaient le système inégalitaire des privilèges en place depuis des siècles. La démocratie parlementaire inventée au XIXe siècle, telle que nous la connaissons encore aujourd’hui, est à bout de souffle comme l’Ancien Régime l’était en 1788.
Aujourd’hui la rupture entre le peuple et ses représentants semble consommée. Peuple qui pense de plus en plus que les élections ne sont là que pour maintenir un système injuste.

La question actuelle se résume ainsi : est-ce que la démocratie représentative telle que nous la vivons répond aux aspirations démocratiques du peuple ?

L’illusion démocratique s’est encore accentuée au cours de la dernière période après l’élection de Syriza en Grèce, en butte à des grandes difficultés. Les gouvernements européens avaient dit clairement qu’ils ne tiendraient aucun compte des résultats des élections de janvier 2015 en Grèce. Qu’ils feront tout pour que les réformes programmées par Syriza ne puissent pas être mises en œuvre. Le bras de fer engagé par les gouvernements européens au service des intérêts financiers, pour faire plier la Grèce, a été dramatique pour la démocratie en Grèce. Ce petit pays a dû céder sinon il était perdu, se plier au diktat de la finance, capituler ou disparaître du concert des nations. Voilà l’enjeu. Voilà le mépris aussi. Et c’est le même mépris pour les résultats d’un vote lorsqu’il ne va pas dans le sens souhaité, mépris que nous avons nous-mêmes vécu en France, lorsque par le traité de Lisbonne, les dirigeants européens, Nicolas Sarkozy avec l’ensemble de la représentation nationale, ont imposé à la France et à tous les pays partenaires, le projet de traité constitutionnel qui avait été refusé par référendum.


II
Ce réquisitoire contre la démocratie représentative est dur, très dur, mais il correspond hélas à la réalité que nous vivons.
C’est bien la démocratie parlementaire qui fait problème aujourd’hui. Qui apparaît comme un problème que le peuple doit résoudre.

Alors quels sont les chemins qui nous permettront de sortir de ce mauvais pas ? De rétablir l’espoir qu’a pu représenter un jour le suffrage universel.
Ici, on ne peut que dessiner quelques pistes de travail. Et c’est justement par des débats, des échanges comme celui-ci que nous trouverons ensemble les moyens de changer les choses en la matière.
C’est en multipliant ce genre d’interventions, en créant et dynamisant la vie associative un peu partout que la démocratie se revitalisera. Les associations et des Conseils citoyens doivent pouvoir devenir des interlocuteurs des Institutions. Ce qu’ils ne sont pas aujourd’hui, si je regarde ce qui se passe à Nancy.

La démocratisation des institutions passe par la vie associative. Faire entrer cet espace associatif où se trouvent des citoyens, dans l’espace institutionnel et décisionnel, et ceci jusqu’au plus haut niveau, est nécessaire pour une démocratie véritable. D’ailleurs ce phénomène est actuellement en cours : je prends l’exemple de l’association Anticor qui lutte contre la corruption et qui en 2012 a obtenu l’agrément du ministère de la Justice pour se constituer partie civile dans les affaires de corruption et qui est reconnu de plus en plus comme un interlocuteur des politiques. Ce n’est évidemment qu’un début.

Par le développement de la vie associative, nous pourrons dégager un nouveau mode de représentation, sans laisser tomber l’ancien fondé sur l’élection. Cela est possible immédiatement dans le cadre d’une commune, d’un département ou d’une région. Cela est envisageable au niveau d’un pays.

Un moment de bouillonnement, de créations multiples est nécessaire. Et il faut tout faire pour favoriser des instants de rencontres, d’échanges. Car de ce terreau va naître des idées, d’autres initiatives, d’autres manières de vivre ensemble qui se concrétiseront dans de nouvelles organisations politiques et citoyennes.

Il faut affirmer qu’il y a actuellement une aspiration profonde à une autre vie démocratique. Le temps où certains se prétendent être l’élite de la nation face à une masse ignorante et incapable, masse silencieuse (majorité silencieuse comme on disait autrefois), est révolu. Le temps de la séparation et de l’opposition entre l’Etat, ses institutions et l’ensemble de la société est en voie d’achèvement. Un Etat séparé des gens et même parfois exerçant son pouvoir de répression sur les gens est en voie d’extinction. Ce type d’Etat est de plus en mal supporté, malgré les récentes décisions d’instaurer l’état d’urgence qui est une atteinte à la démocratie et à l’Etat de droit.
Je pense à terme au dépérissement de l’Etat et à la mise en place d’un régime de libre association.

Ce changement notable des mentalités, surtout parmi la jeunesse est dû en grande partie à l’apparition de nouveaux moyens de communications, d’Internet, qui favorise à l’infini les échanges, la communication. Comme il peut aussi favoriser les manipulations comme nous l’a bien dit Gérald Brunner.
Mais les échanges sur Internet se font de manière horizontale. Le savoir, l’information ou la désinformation, se diffusent de plus en plus de manière horizontale et non plus verticale.
Ce phénomène nouveau et massif d’échanges entre tous, et d’organisations nouvelles, rend la démocratie représentative, c'est-à-dire le fait de transférer son pouvoir à un autre, obsolète, d’un autre temps. Un peu comme si cette forme représentative était maintenant à bout de souffle.
Et la société dans un avenir pas si lointain, sera capable de produire ses règles et d’inventer des institutions nouvelles.
Il faut donc radicaliser la démocratie et pour ce faire, ne rien attendre ou attendre peu de ceux qui gouvernent mais ne compter que sur ses propres initiatives.

Parmi les réformes démocratiques immédiates à mettre en oeuvre citons :
§        la mise en place d’Etats Généraux en France
§        l’interdiction du financement privé de la politique notamment par les grandes entreprises
§        La mise en place d’un scrutin proportionnel
§        le contrôle des élus en cours de mandat et l’instauration d’un nouveau type de mandat impératif.
§        la suppression effective du cumul des mandats
§        raccourcir la durée des mandats et empêcher la réélection d’un élu lors du scrutin suivant.
§        la mise en place de référendum d’initiative populaire
§        la création de véritables Conseils citoyens
§        l’entrée des associations et de ces conseils dans le processus décisionnel
§        le contrôle associatif, politique et démocratique des médias et de leur indépendance…

La France, la République, la laïcité et aussi la démocratie, toutes ces principes se fissurent et ces fissures viennent détruire notre socle commun, notre capacité de vivre ensemble.
Faut-il attendre une catastrophe démocratique pour appeler à un réveil ?
Faut-il rejeter les principes qui nous rassemblent au nom de l’insuffisance actuelle de leur application ?
C’est justement en s’appuyant sur l’affirmation ambitieuse de ces principes que sont l’Egalité, la Fraternité, la Liberté que nous pourrons mobiliser les esprits et retrouver force et détermination.
Mais ces principes ne sont pas que des énoncés formels ; ils ne sont pas des mots creux et vides de sens répétés à longueur de temps ; ces principes ne sont pas des mensonges prononcés pour masquer une réalité qui vient les contredire. Un peu comme si la démocratie n’était là que pour reproduire des inégalités, reproduire une oligarchie, une élite. Dans ce cas le système démocratique avec ses rites électoraux, se transforme en masque, en paravent d’une vassalisation de la politique par une caste. Le lien de confiance entre le peuple et ses représentants sur lequel repose toute vie démocratique, est alors rompu.

Ces principes républicains (Liberté, égalité, Fraternité) doivent devenir des réalités tangibles pour tout le monde. Sinon le risque est grand de les voir balayer.
Or aujourd’hui l’insuffisance de leur application dans notre pays est tellement évidente, que c’est un lieu commun de le dire : déficit démocratique, poids des lobbys dans les décisions, inégalités monstrueuses, pauvreté, chômage de masse, désespoir d’une partie de la jeunesse privée d’avenir, gouvernants déconnectés de la vie des citoyens, promesses électorales non tenues, scandales à répétition, etc, etc… : la liste n’est pas exhaustive.
Tout cela donne le sentiment que le peuple est absent et très éloigné des décisions et laissé dans l’ignorance. Dans ces conditions, la défiance vis-à-vis des élus va en grandissant et la démocratie telle qu’elle est pratiquée semble être une illusion de démocratie, un ersatz de démocratie, une hypocrisie que les grands médias perpétuent.
Aujourd’hui il y a un risque, celui de la rupture entre le peuple et ses représentants. Peuple qui pense de plus en plus que les élections ne sont là que pour maintenir un système injuste.
Il est urgent aujourd’hui de réformer notre système démocratique afin de rétablir l’espoir qu’a pu représenter un jour le suffrage universel.

Il faut affirmer qu’il y a actuellement une aspiration profonde à une autre vie démocratique. Le temps où certains se prétendent être l’élite de la nation face à une masse ignorante et incapable, masse silencieuse (majorité silencieuse comme on disait autrefois), est révolu. Le temps de la séparation et de l’opposition entre l’Etat, ses institutions et l’ensemble de la société est en voie d’achèvement. Un Etat séparé des gens et même parfois exerçant son pouvoir de répression sur eux est en voie d’extinction.
Il faut radicaliser la démocratie et pour ce faire, compter principalement sur ses propres initiatives.

Pour conclure je dirai que si le vote dans un isoloir organisé tous les cinq ans, devait changer quelque chose, cela fait longtemps qu’on l’aurait interdit. Le fait de voter ne suffit pas.
Une démocratie de haute intensité devient une nécessité pour nos pays.
Le meilleur régime politique et économique est toujours à venir. C’est possible.


François Baudin 

vendredi 11 décembre 2015

Ouvrir d’autres horizons


En cette période de l’Avent, la nuit grandit et gagne à chaque heure sur la lumière. L’homme peut être saisi d’angoisse en ces jours de décembre lorsque l’ombre semble menacer chacun de ses pas.
Nos jours sont courts, mais l’espoir de la lumière est inscrit en chacun de nos cœurs, car nous sommes sûrs que ces jours finiront bientôt.
Des jours meilleurs, des jours heureux sont déjà là, présents, en attente, en germination. Dès maintenant nous devons penser ces jours meilleurs, les préparer dans nos cœurs, comme dans nos actions.

Car cette période assombrie que nous vivons ne peut qu’annoncer d’autres jours, des lendemains radieux, des rencontres, de nouvelles fraternités.

Notre monde n’est pas vertueux. Des excès de toutes sortes, des prédations, des barbaries, des saccages reviennent en permanence. Un ordre néfaste souhaite s’installer sans mesure, sans régulation, sans contrainte juste. Nous sommes plongés dans la violence, dans la discrimination, dans l’accusation, dans le refus de l’autre, le refus de l’étranger, et nous nous replions sur nous-même, dans l’illusion de notre identité. Nous sommes plongés dans une époque de barbarie, qu’elle soit criminelle, politique ou marchande.

Et en ces temps de désorientation, de perte de sens et de domination, il nous est difficile de penser une alternative. Difficile de penser une ouverture vers un autre horizon. L’horizon d’un monde meilleur et plus éclairé qui ne soit pas celui de l’ordre actuel dominé par l’argent, par le profit, la concurrence de tous contre tous, le pillage, le repli sur soi, sur son identité, sur sa solitude.
Le repli fondé sur la peur de l’autre, sur la peur et la haine de son frère, n’est jamais une réponse alternative au monde tel qu’il se présente actuellement dans sa démesure et sa fermeture.

Au contraire, cette attitude de repli consiste à s’enfermer encore plus dans la noirceur des jours que nous vivons, elle est une façon de renforcer les barreaux de nos prisons. Cette attitude de repli nous mène à l’abîme. Cette attitude est tout simplement le signe de la victoire de la nuit sur la lumière. Elle supprime tout horizon. Elle est une tentation qui s’offre à chacun d’entre nous : cette tentation est une illusion de sécurité.

Aujourd’hui nous savons que la lumière reviendra sur le monde, nous savons que nous pouvons briser l’illusion du repli.
Nous savons aussi, car l’histoire nous l’a enseigné que la stigmatisation, la recherche du bouc émissaire est la pire des solutions qui mène le monde à la violence et à la mort.
Notre avenir n’est pas une forteresse. Notre avenir est celui d’un monde guidé par l’accueil, la fraternité, la liberté, l’égalité entre tous.
Notre seul avenir possible sera tissé de solidarités et de partages entre tous les hommes.
C’est notre unique et belle réponse face à barbarie qu’on voudrait nous imposer.

François Baudin


vendredi 4 décembre 2015

Qu’est-ce qu’être un citoyen ?


Comment allons-nous sortir du piège dans lequel nous sommes ? Comment peut-on arrêter cette mécanique dont chaque pièce contribue à faire avancer l’autre, tel un engrenage mortifère ? Comment pourra-t-on sortir un jour de l’état d’urgence ?
Il est sûr qu’on ne pourra pas en sortir aussi facilement qu’on y est entré. Le débat qui commence actuellement en France sur la légitimité de cet état d’exception débute seulement alors que ceux qui gouvernent s’interrogent sur la manière de le prolonger au delà du 16 février 2016. Car il est bien évident que les menaces d’autres attentats seront toujours là en France au-delà de cette date.

Les guerres multiples qu’on mène sur des théâtres extérieurs et dont les dirigeants occidentaux sont en grande partie historiquement responsables, n’auront pas cessé. Les avions français, britanniques, russes ou américains continueront de mener leurs bombardements provoquant aussi la mort de milliers de civils sur des zones où nous avons contribué collectivement à détruire les Etats.

En France, la question de la pauvreté et des banlieues, ces zones de relégation et d’exclusion, sera toujours la question essentielle qu’on est incapable de régler de manière juste et démocratique.
Et justement l’état d’urgence est destiné en priorité à ces territoires français et aux populations qui y habitent. Car c’est bien là qu’il s’exerce. L’état d’urgence est ciblé à l’intérieur dans ces zones de relégation, comme nos bombardements qu’aucune décision onusienne n’a autorisé, sont ciblés à l’extérieur dans des zones où les Etats ont disparu.

L’état d’urgence en France, qu’est-ce que c’est ! Pour beaucoup de Français cela semble anodin, car une grande partie de la population n’en souffrira pas directement. Comme avant, les Français se sentiront des citoyens libres qui pourront sortir le soir entre amis, aller travailler, se promener dans les galeries marchandes et y consommer. La vie quotidienne ne changera pas pour eux. Et en plus ils auront le sentiment d’être protégé tout en ayant maintenu leur liberté individuelle. En conséquence, aucun gouvernement ne souhaitera supprimer l’état d’urgence dans un avenir plus moins proche.

Par contre, une autre partie de la population est sous une surveillance étroite. Il s’agit des étrangers, des musulmans, des réfugiés, immigrés, des pauvres, des exclus qui sont maintenant soupçonnés des pires crimes avant même d’avoir pu se défendre. Car l’état d’urgence ôte toute possibilité de défense possible. L’état d’urgence étant par définition un système de répression qui peut se passer de la justice pour prendre ses décisions. L’état d’urgence est toujours une atteinte à l’état de droit.
Et c’est bien ainsi que cela se passe. Les premières atteintes au droit et à la liberté individuelle ont déjà eu lieu : perquisitions violentes, abus des assignations à résidence provoquant des impossibilités de travailler, licenciements, enfermements abusifs…
Le site internet qui se nomme la quadrature du net, a déjà listé de centaines d’abus et de dérapages liés à l’état d’urgence.
Le virage social attendu depuis tant d’années est de moins en moins à l’ordre du jour. Les quartiers laissés à l’abandon ne seront plus que des zones de violence et de surveillance.
Par exemple, après l’assaut de la police du 17 novembre à Saint-Denis, contre le groupe terroriste, l’immeuble totalement détruit a été vidé de ses habitants. Aujourd’hui les 71 personnes délogées dorment toujours dans un gymnase, alors que l’Etat est aux abonnés absents.
Pourquoi la solidarité nationale ne fonctionne-t-elle pas pour ces familles victimes d’une guerre qu’ils n’ont pas voulu.
On ne peut pas être à la fois citoyen et xénophobe ; citoyen et indifférent, insensible à l’injustice et au rejet qui touchent une partie de nos concitoyens.

François Baudin