vendredi 17 novembre 2017


Jeudi 7 décembre 2017 à 20H - 
à la MJC PICHON -
(Rue du Recteur Senn à Nancy) 
 soirée spéciale "IRMA et MARIA", 

 Deux cyclones qui ont gravement bousculé les îles de la Guadeloupe et de St Martin. 

 Les éditions KAÏROS vous invitent à cette soirée qui sera l'occasion d'une causerie autour de la projection d'un diaporama qui montrera ce que deux cyclones majeurs peuvent avoir comme conséquences humaines et matérielles. 
Occasion aussi d'acquérir, pour 13€, le livret-témoignage Dans l’œil des cyclones IRMA et MARIA, dont les  bénéfices des ventes seront intégralement versés à l'aide à apporter à la reprise de la scolarité des élèves de St MARTIN (activités pédagogiques et éducatives réduites à néant par ces cyclones). 
Occasion enfin de découvrir la création de "Citoyenneté Guadeloupe-Lorraine" créée pour servir de cadre juridique à cette opération de solidarité citoyenne. 

jeudi 9 novembre 2017

Comment en finir avec le scandale des paradis fiscaux ?


Le sujet des paradis fiscaux revient dans la presse un peu comme les marronniers produisent des marrons à l’automne. Il n’en finit pas et devient un véritable scandale politique pour les hommes qui gouvernent.
A l’occasion de la crise de 2008, on nous avait dit textuellement : « Les paradis fiscaux c’est fini ! ». Les grands de ce monde réunit au sein du G20 allaient prendre le problème à la racine. Depuis, rien ou si peu. Les gens qui gouvernent le monde sont-ils complices de ce système qui crée tant d’inégalité ?
On le pense de plus en plus. On apprend même que parmi ceux qui avaient prétendu en finir avec les paradis fiscaux, certains bénéficiaient, comme on dit, des failles du système.
Les paradis fiscaux, il faut le rappeler, c’est là où finit l’argent du crime, du trafic humain, de la drogue, de la fraude et de l’évasion fiscale. Cet argent se rassemble et s’unit en sommes gigantesques, inimaginables au commun des mortels, des milliers de milliards de dollar, alors que la moitié de l’humanité souffre, n’a rien, errant à la recherche du minimum vital. La moitié de l’humanité survit. Jamais dans l’histoire humaine les inégalités n’ont été aussi grandes.

Il faut séparer le monde actuel en différentes parties. C’est simple : 50%, c'est-à-dire la moitié de l’humanité n’a rien, 10 % est riche, et 39 % récupère quelques miettes, ce sont les classes moyennes, c’est nous, le monde occidental. Et 1% est monstrueusement riche. Et parmi ces 1%, 60 individus possèdent la richesse de presque la moitié des hommes sur terre. C’est incroyable. 
On ne les connaît pas, mais les révélations de cette semaine dans la presse mondiale donne quelques noms parmi les plus médiatiques.

Voilà la situation du monde.
Changer cette situation est un défi pour la planète.
Comme le réchauffement climatique ou plus globalement la question écologique. D’ailleurs les deux sont liés : inégalité du monde et environnement, car vous pensez bien que ces gens qui amassent de telles fortunes ne sont en rien concernés par l’environnement. Ils vivent dans un autre monde.
Notre confiance dans la capacité des politiques à changer la situation du monde a trouvé ses limites cette semaine, car dans un an ou deux le sujet des paradis fiscaux reviendra, et on posera les mêmes questions.

Alors que faire ? Telle est bien le problème actuel qui nous est posé.
Sommes-nous impuissants ?
On voudrait nous le faire croire.
Cette année est l’anniversaire de la révolution d’octobre 1917 en Russie. Cette révolution a échoué, et pourtant elle portait tant d’espoirs. Ses espoirs d’un autre monde possible ont été trahis il y a 100 ans.  
Mais l’idée est restée.
Et on sent bien que quelque chose actuellement est en train de changer dans la conscience collective du monde.
François Baudin


vendredi 3 novembre 2017

Lorsque tuer devient un jeu



Ils sont assis devant leur écran, loin des différents fronts de la violence armée, et comme s’il s’agissait d’un jeu vidéo ils font la guerre au Yémen, en Afghanistan, au Pakistan ou en Syrie.
C’est la guerre menée par les Etats Unis, guerre des drones dont l’Américain Jeremy Scahill nous apprend l’arbitraire dans un livre qu’il vient de publier : La machine à tuer – la guerre des drones.
Les drones agissent en toute impunité et mènent une guerre propre et silencieuse. Même une guerre totalement secrète.
Depuis des années le gouvernement américain conduit des guerres à distance, sans la moindre transparence. La seule manière de savoir ce qui se passe c’est quand quelqu’un qui travaille au cœur de ce système décide de devenir un lanceur d’alerte, comme Edgar Snowden.   

Qui a été tué et combien, sous les multiples bombardements des drones opérés à 10 000 kilomètres du lieu du conflit ? On ne le saura jamais. Les spécialistes estiment qu’ils sont plusieurs milliers de personnes tuées par ces engins.

Frappes chirurgicales puisque ciblées vers les puces électroniques des téléphones portables qui guident la bombe vers celui qu’elle veut tuer.
Le drone ne tire pas sur des gens mais sur un téléphone portable.
Mais il arrive qu’on se trompe, le téléphone n’était pas le bon ou bien celui qui le porte n’est pas la bonne personne.
Et puis il y a toujours du monde autour, comme en Afghanistan lorsque le drone a bombardé un mariage complet, tuant une cinquantaine de personnes autour de la cible, femmes et enfants.

La décision de tuer est prise par le président des Etats Unis, sans procès ni jugement. Tuer devient un sport. Les militaires ont un délai de 60 jours pour effectuer la mission, éliminer la personne désignée. Même un citoyen américain peut être ciblé.

Savoir si cela est légal n’a jamais été tranché par la Cour suprême. Mais les deux Partis démocrates et républicains sont d’accords : nous avons le droit de tuer nos ennemis. Le droit de tuer à distance et dans le plus grand secret est aujourd’hui le propre des guerres modernes. Israël en Palestine, peut-être la France en Afrique : toutes les armées occidentales possèdent ce genre d’engins et de technologie.

Rien à voir avec la barbarie d’un terroriste qui avec une voiture louée fonce sur des passants et les tue, ou bien avec son couteau tente d’égorger des gens.
Ici la guerre est propre et se passe sur écran vidéo.

Quelle est la différence entre un barbare terroriste et un soldat des temps actuels ?  c’est l’écran vidéo, la technique et la distance. On ne voit pas le sang, on ne voit pas les gens mourir. Etaient-ils même vivants ?
Est-ce la vraie vie, est-ce la vraie mort ? C’est un jeu.

François Baudin 

jeudi 19 octobre 2017

questions posées par la Catalogne

Jamais l’Espagne depuis la fin du franquisme a connu une crise de cette dimension. La volonté indépendantiste d’une partie du peuple Catalan se fait de plus en plus pressante et on verra si le gouvernement actuel à Madrid est capable d’y faire face démocratiquement.

Le roi d’Espagne pour sa part a déjà répondu par son discours télévisé qu’il n’y avait rien à négocier, que seule la fermeté était de mise. Fidèle à la tradition espagnole de répondre violement aux aspirations du peuple en se montrant ferme sur l’indivisibilité de la nation, c’est d’un coup de poing sur la table et avec une voix pleine de menace qu’il entend maintenir l’unité du pays. Laissons le roi et penchons nous vers le Parti au pouvoir à Madrid.

La responsabilité de la situation est à rechercher de son côté et actuellement la balle est dans son camp. Car, en 2006, c’est bien son camp qui a démantelé le statut d’autonomie qui était pourtant conforme à la Constitution. Depuis cette date chaque revendication vers plus d’autonomie des Catalans, renforçant le droit de décider, de choisir leur destin, est accueillie par les autorités de Madrid d’un revers de main. C’est bien cette attitude de Mariano Rajoy qui a mis le feu aux poudres à Barcelone.
Les Catalans qui veulent maîtriser leur destin, ne sont pas tous indépendantistes, loin de là. Et les autorités de Madrid répondent en envoyant la police.
Voilà la situation. Nous avons affaire à deux nationalismes avec les même caractéristiques : négation de l’autre, repli, simplification, alors que les identités de la Catalogne, comme celles de Madrid sont ouvertes à l’autre, internationaliste, cosmopolites, dynamiques. Mais le processus de confrontation tend à enfermer chacun dans son camp, et à rester sur sa position.

Nous avons assisté impuissants, dans les années 1990-2000, au processus de dissolution de la Yougoslavie faisant des milliers de victimes ; processus réalisé avec la bénédiction de grands pays européens, aboutissant à des micros Etats, non viables.
Nous assistons actuellement dans de nombreux pays à des processus identiques : en Italie, en Belgique, en Grande Bretagne, dans les pays de l’Est, et peut-être demain en France
Alors que c’est probablement vers l’inverse qu’il faudrait tendre : un processus d’unification, de rassemblement, car au-delà de nos différences identitaires, de nos spécificités, de nos cultures, de nos langues, de nos manières de faire la cuisine, etc, etc : tout ce qui nous rassemble, tout ce qui nous unit est plus fort que ce qui nous sépare, ce qui nous divise.

C’est probablement vers cette unité, tendant vers l’universalité qu’il faut aller si on veut sauver la paix, le vivre ensemble des peuples et la démocratie.  
Alors que les problèmes sociaux, l’exclusion, la pauvreté gagnent en Europe et donc aussi en Catalogne comme dans toute l’Espagne, alors que partout les habitants des quartiers populaires se sentent abandonnés, délaissés, il en est qui revendiquent une nouvelle forme d’égoïsme revêtue des habits neufs identitaires.

Les vraies questions ne sont pas là, mais dans le défi que nous avons à relever : saurons-nous collectivement bâtir une autre société de partage, d’échange, de rencontres et de paix.

samedi 7 octobre 2017

L’état d’urgence et la loi

On peut penser que le contexte actuel n’est pas favorable à la suppression de l’état d’urgence en France. A nouveau un individu a frappé cette semaine à Marseille, tuant deux jeunes filles. Une tentative d’attentat à Paris dans le 16è arrondissement vient nous rappeler que notre pays est la cible des tueurs.
Les attentats qui ont justifié l’état d’urgence, ont-ils diminué pour autant ?
Hélas, le drame de Marseille, comme celui de Nice, a eu lieu malgré l’état d’urgence.
Jamais des mesures répressives, attentatoires aux libertés individuelles n’ont pu résoudre une question d’ordre public et de sécurité.
Un peu plus de sécurité contre un peu moins de liberté, telle est la fausse équation qu’on nous propose. Il faut rappeler que liberté et sécurité vont bien ensemble, l’une n’est pas en contradiction avec l’autre.

Toutes les lois répressives, toutes les lois sécurité restent impuissantes face aux terroristes et aux criminels. Jamais une loi, ni aucun état d’urgence, n’ont pu empêcher un terroriste, ou un tueur, d’agir.

Alors comme le gouvernement ne peut pas prendre le risque de supprimer l’état d’urgence, il en inscrit les principales mesures dans la loi ordinaire. Il inscrit l’état d’urgence dans la loi.

C’est donc dans un contexte particulier que l’Assemblée a adopté mardi dernier la loi antiterroriste, sans que cela soulève de grandes contestations. Cette loi est un véritable recul pour le droit, car le texte introduit dans la loi commune, les dispositions exceptionnelles de l’état d’urgence.
Il s’agit d’une loi dangereuse pour nous tous, qui donne aux préfets les pouvoirs du juge. On pourra arrêter, maintenir en assignation à résidence n’importe qui. On pourra perquisitionner votre domicile sans contrôle du juge.
Bien sûr je pourrai répondre que je ne suis pas concerné par cette loi qui s’adresse à des criminels. Et je pourrai penser que je continuerai d’être libre puisque je ne suis pas un terroriste, que je ne suis pas concerné par la loi.
Mais c’est oublié que le gouvernement se donne là des moyens répressifs qu’un autre gouvernement pourra utiliser dans l’avenir, car la loi le lui permettra.
Nous ne savons pas comment les choses évoluent. Aujourd’hui on peut arrêter quelqu’un sur des intentions, sur des appréciations, sur un soupçon non motivé, sans preuve, sans fait.
Les abus, les stigmatisations, le contrôle au faciès, l’enfermement préventif, l’assignation à résidence : tout cela est maintenant inscrit dans la loi. C’est bien un régime des suspects qui est mis en place.

En fait il faut rappeler que la loi telle qu’elle existait auparavant suffisait. Qu’elle donnait au juge et au policier les moyens de surveiller, de prévenir, d’arrêter les criminels puis de les condamner.

Comment combattre le terrorisme ?
La prévention est absente du projet de loi : rien sur le renforcement du tissu associatif, le rôle de l’école, des éducateurs de rue, de la psychiatrie en milieu ouvert. Rien sur l’augmentation des moyens de la protection judiciaire et de la jeunesse. Rien sur le renforcement des services de renseignement. Rien enfin sur le financement du terrorisme, évasion fiscale et blanchiment qui alimentent les réseaux. Rien en définitive pour prévenir les comportements dangereux.
Carence d’une loi de circonstance, démagogique et liberticide.

François Baudin 

jeudi 28 septembre 2017

Immigration et citoyenneté



Dans le projet de loi sur l’immigration en préparation, le gouvernement Macron envisage d’allonger à quatre vingt dix jours, contre quarante cinq aujourd’hui, la durée de la rétention administrative pour les étrangers en attente d’expulsion.
Dans le sillage du message de fermeté du Président de la République sur l’immigration irrégulière, le régime de la retenue pour vérification du droit au séjour serait également durci, puisqu’il passerait de seize heures à vingt-quatre heures.
Nous assistons donc à un durcissement de la loi sur l’immigration, alors que probablement c’est l’inverse qu’il faudrait faire si on voulait respecter notre promesse et notre parole. Il n’y a pas une journée sans que l’on rappelle les droits de l’Homme et nos valeurs démocratiques qui restent des mots creux s’ils ne sont pas mis en œuvre de manière concrète.
Cet été, le Pape François se prononçait pour « l'octroi de visas humanitaires » et recommandait de favoriser « le regroupement familial ».
Les cinq pages très denses, signées par François le jour du 15 août, contiennent 21 mesures concrètes, similaires à un programme d'action qui résument sa pensée sur la question des migrations. Elle vise, tant dans les pays d'origine, que dans les pays d'accueil, à rendre légale l'immigration illégale.
Dans ce document, le pape promeut en effet un accueil large, généreux et légalement organisé des migrants et des réfugiés sans mentionner l'idée d'une quelconque restriction des flux migratoires.
L'objectif de François, dans ce document, est de changer les mentalités et de faire pression sur la communauté internationale pour qu'elle adopte, avant la fin de l'année 2018, deux accords globaux, l'un sur les réfugiés, l'autre sur les migrants. En garantissant une subsistance minimum vitale.

La question de l'accueil des migrants et des réfugiés est une priorité absolue. Les Européens doivent ouvrir leurs portes.
Parmi les vingt et une mesures voulues par le pape François pour l'immigration, j’en retiendrai quelques unes :
  • Ne pas recourir aux expulsions collectives et arbitraires de réfugiés et de migrants surtout quand elles renvoient des personnes dans des pays qui ne peuvent garantir le respect de la dignité et des droits fondamentaux.
  • Toujours faire passer la sécurité personnelle avant la sécurité nationale.
  • Trouver des solutions alternatives à la détention pour ceux qui entrent sur le territoire.
  • Que soit accordée dans le pays d'arrivée la liberté de mouvement, la possibilité de travailler.
  • Protéger les mineurs migrants en évitant toute forme de « détention » et en assurant « l'accès régulier à l'instruction primaire et secondaire ».
  • Favoriser le regroupement familial - y compris des grands-parents, des frères et sœurs et des petits-enfants - sans jamais le soumettre à des capacités économiques.
  • Intégrer les migrants par une offre de citoyenneté sans supprimer leur identité culturelle.

Voilà quelques mesures concrètes et immédiates qui pourraient être mises en œuvre.
Mais à travers ce projet de loi sur l’immigration, notre gouvernement semble faire l’inverse.


François Baudin 

vendredi 15 septembre 2017

Dernière publication : Ouvrons les portes





BON DE COMMANDE

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Ouvrons les portes
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mercredi 13 septembre 2017

Politique et vérité

Pour celui qui pense que toute manifestation est vérité et que toute vérité se manifeste, les centaines de milliers d’individus descendus dans la rue et sur les places jeudi 12 septembre avaient une vérité à faire entendre, à faire connaître.
Ils étaient nombreux à affirmer leur refus des réformes successives : celles de l’ancienne ministre du Travail El Khomeri comme celles aujourd’hui contenues dans les ordonnances Macron.
Ces milliers de manifestants ne veulent pas des réformes. Ils l’affirment, ils le manifestent ; ils refusent le monde qu’on leur propose.

Alors le gouvernement et le président de la République les désignent comme des conservateurs, des extrémistes et même des fainéants. L’insulte pour disqualifier est toujours une facilité rhétorique lorsqu’on n’a pas grand-chose à répondre.

Mais à travers cette insulte présidentielle, c’est bien une autre vérité qui s’affirme. Celle des affaires, de la liberté des affaires qui en leur sein et dans leurs secrets n’acceptent que les gagnants, les « winners » comme on les appelle dans le monde de la mondialisation.
La vérité des affaires doit triompher ; elle veut à tout prix se libérer de toutes contraintes, de toutes règles, de toutes lois, pour s’épanouir et se manifester sans entrave.
Laissez-faire les affaires, telle est la règle qui domine aujourd’hui. Et tout gouvernement ne doit trouver sa légitimé que dans cet objectif de servir les affaires, les développer, les maintenir et défendre leur liberté. Ce qui est désigné par l'expression : concurrence non faussée, libre et parfaite. Voilà aujourd’hui la vérité du monde.

Or face à cette vérité dominante, il en est une autre qui est son pendant. Elle concerne des milliards d’êtres humains : exclus, population flottante, nomades du travail, peuples déplacés dont les territoires sont détruits par des guerres, précaires ou futurs précaires, chômeurs, travailleurs pauvres. Une très grande partie de la population du globe est livrée à cette terrible réalité.
En France plus de 10 millions d’habitants vivent aux marges de notre société d’abondance pendant que huit personnes sur la planète possèdent la richesse de 2 milliards d’individus. Oui vous avez bien entendu 8 personnes.

Quel est le rôle, quelle est la mission d’un président de la République, de l’Etat, de tout gouvernement ?
Deux conceptions, deux choix, deux vérités sont possibles:
·  Laissez faire l’économie et penser que tout se réglera spontanément avec le moins d’interventions possibles, sauf militaires ou policières. Le moins de contrainte, le moins de lois : car toute contrainte nuit aux affaires. Le gouvernement des hommes doit faire place à l’administration des choses. Ce sont les choses elle-mêmes qui doivent se gouverner toute seule. Cela s’appelle le marché et sa main invisible.
·      Seconde vérité possible : Intervenir, redistribuer, réguler, et aussi contraindre par la loi. Cela s’appelle la politique, la république, la chose commune et l’intérêt général. Toutes choses que les hommes surent inventer pour pouvoir vivre ensemble.

L’exercice du pouvoir sera toujours un indicateur de vérité. L’art de gouverner et la vérité sont liés à tout jamais.
Depuis mai dernier nous sommes entrés dans une phase nouvelle de l’histoire politique de notre pays : celle de la mise en œuvre triomphale d’un libéralisme que des règles d’une autre époque (celle de l’après guerre en 1945) avaient pour un temps régulé.

François Baudin 

jeudi 7 septembre 2017

Liberté pour Loup Bureau et Salah Hamouri


Pas une journée dans le monde sans atteinte aux droits de l’homme, sans embastillement, sans crime. L’homme est partout la victime des pouvoirs qui à tout prix veulent se maintenir quitte à tuer, pourchasser, faire disparaître d’autres hommes jugés comme dangereux par ces Etats dont l’unique objectif au fond est de poursuivre la domination de quelques-uns sur d’autres.
Les démocraties occidentales comme les dictatures, les régimes policiers ou militaires comme les régimes parlementaires, aucun en définitive n’est actuellement en capacité de répondre à l’aspiration des peuples vers la paix, la liberté, l’égalité véritable. Et partout des hommes, des femmes et des enfants sont en danger.

Pas de trêve estivale, pas de répit. Au cours des deux mois qui viennent de s’écouler les nouvelles du monde auraient mérité les mêmes commentaires, les mêmes analyses. Quelque chose à la fois d’insupportables, mais quelque chose aussi qui nous donne espoir.

Les hommes dans leur immense majorité ne veulent ni de l’injustice, ni de l’arbitraire. Tous désirent vivre. Mais très souvent dès que l’un résiste, se lève pour dire non et affirmer son droit à l’existence, il trouve en face de lui le pouvoir qu’il combat.
Pourtant jamais aucun pouvoir d’Etat n’est arrivé à bâillonner l’espoir que ces hommes portent.
Voilà la vérité du monde : les hommes en tout lieu et quelle que soit la situation de détresse dans laquelle ils vivent sont capables de grandeur, de don et d’espérance.

L’emprisonnement arbitraire dans les geôles turques du journaliste français Loup Bureau accusé d’activités en lien avec le terrorisme alors qu’il ne faisait que son travail d’information sur les populations kurdes victimes depuis des décennies du pouvoir d’Ankara, nous en apporte la preuve.

L’arrestation cet été et la détention administrative sans aucun motif de l’avocat Salah Hamouri, notre compatriote, dans les prisons israéliennes où il a déjà passé 7 années sans raison sauf celle de s’opposer à la colonisation illégale de territoires palestiniens, est pour nous le témoignage évident que jamais l’injustice ne pourra triompher définitivement.  
Ce nouveau rebondissement du règne de l’arbitraire contre un homme nous rappelle qu’Israël ne peut en aucun cas être compté comme un Etat de droit. L’injustice le plus total y règne sur un peuple emprisonné, sans droit, sans assistance.

Cet été 2017 nous aura encore appris que nous ne devons pas désespérer des hommes.

Cet après-midi, vendredi 8 septembre à 14 h 30, sur la Place Stanislas à Nancy et dans le cadre du Livre sur la Place et de la remise du prix des Droits de l’homme, un rassemblement aura lieu pour soutenir notre ami Salah Hamouri détenu arbitrairement dans les prisons d’Israël.

 François Baudin 

lundi 28 août 2017

Catherine Debras présente son dernier ouvrage au Livre sur la Place (chez Kaïros)

Catherine Debras

RIEN QU’UNE VIE



L’Algérie hante l’enfance de Catherine Debras. Son père a passé une année décisive à Constantine, en 1957, pendant les « événements ».
Ce texte jette un regard plein d’empathie sur son parcours, tout en traçant de constants parallèles entre son village natal situé en Lorraine et Constantine, son passé et son avenir.


Catherine Debras est professeur agrégé de Lettres. Elle enseigne le français dans un lycée de Nancy. Elle a publié deux romans, L’Incendiaire et Le Maître de ballet, et des nouvelles Le pari de Pascal et Anatole et moi.

'Etienne Thévenin, auteur de Surivre ou vivre ? au Livre sur la Place 2017.


Survivre ou vivre ?

L'espérance de vie à la naissance a presque triplé en France comme en Europe depuis la fin du dix-huitième siècle. Cette mutation majeure a des répercussions considérables sur la vie des individus, des familles et des sociétés et sur leurs rapports avec la vie, la mort, les projets d’avenir. Les « révolutions médicales » se sont succédées, mais les progrès médicaux et techniques n’expliquent pas à eux seuls ce bouleversement. Le meilleur accès aux soins, rendu possible par la mise au point de puissants systèmes de sécurité sociale, a joué un rôle déterminant dans cette évolution. L'environnement sanitaire, climatique, politique, institutionnel, économique, éducatif, culturel, religieux et social doit être pris en compte dans le cadre d’une véritable étude d’écologie humaine. Les évolutions ont en effet suivi des rythmes différents selon les pays, les régions et les groupes sociaux.

Survivre ou vivre ? Le souhait d’une longue vie n’est pas la seule aspiration. La personne humaine souhaite aussi se libérer de la souffrance, de la douleur et s’épanouir dans toutes les dimensions de son être. Vivre, c’est plus que survivre. 

Etienne Thévenin est agrégé, docteur en histoire et habilité à diriger des recherches. Il enseigne l’histoire contemporaine à l’Université de Lorraine (Nancy)
Il a publié de nombreux ouvrages historiques.
Claude Vautrin sera présent au Livre sur la Place 2017, pour son dernier livre Mapuche et fier de l'être.

jeudi 6 juillet 2017

Le temps des jours heureux



La période des vacances d’été débute aujourd’hui, le temps des jours heureux qu’on retrouve chaque année. Etre en vacance c’est être libre, ne pas travailler, avoir du temps devant soi. Avoir du temps pour autre chose. Ce temps qui manque le plus souvent. Mais que faire pendant ces jours qui sont une rupture d’avec le quotidien ? Pour certains, la question ne se pose pas. Les vacances sont programmées de longue date. On ira comme l’année précédente en famille, chez des parents, retrouver des amis, reprendre la même location au bord de la mer, en montagne. Le bonheur de ces jours tant attendus est déjà apprécié par anticipation.

Les vacances répondent à un besoin partagé : elles permettent de resserrer des liens, de vivre autrement, de mettre en œuvre des projets, de se renouveler, se rencontrer, respirer un peu, se cultiver, ou tout simplement se reposer et se retrouver avec soi-même. C’est un temps disponible où beaucoup de choses sont possibles : temps du partage, du dépaysement, temps de l’évasion et de la découverte. L’homme a le sentiment que ce temps lui est donné comme une grâce.

Aujourd’hui, les vacances paraissent naturelles. Ce qu’en réalité elles ne sont pas. La possibilité pour les plus nombreux, les salariés, les agriculteurs, de partir quelques jours, a toujours été l’objet de luttes et de revendications. Depuis des années à cause de la crise, deux millions et demie de nos compatriotes ont renoncé à partir. Moins de 30 millions de Français ont séjourné au moins une nuit pour leurs loisirs dans un hébergement, soit 3 millions de moins qu'en 2012. Des niveaux historiquement bas ont ainsi été atteints parmi les classes moyennes et les familles plus modestes. Un enfant sur trois reste chez lui en attendant de retourner à l'école. Dans notre pays, plus de deux millions d’enfants vivent sous le seuil de pauvreté.

Tout l’été, les bénévoles du Secours Catholique et du Secours Populaire offriront aux enfants, aux personnes seules comme aux familles, aux retraités comme aux jeunes, l’occasion de s’évader quelques jours ; que ce soit en famille, en colonie, en village de vacances ou lors des Journées des oubliés des vacances. « Nous travaillons tous les jours à créer des jours heureux», déclarait l’année dernière Julien Lauprêtre, responsable du Secours Populaire. Deux mille enfants vivront un temps de vacances dans le cadre de l’Accueil familial organisé par le Secours Catholique. Des familles accueillantes prennent trois semaines de leur temps pour recevoir un enfant et partager avec lui ce moment de détente. Rencontre et découvertes pour chacun sont les richesses de cette action, explique le Secours Catholique.

Les liens ainsi créés entre les enfants et les familles durent parfois très longtemps. L’Accueil Familial du Secours Catholique permet à des enfants, dès l’âge de six ans et jusqu’à leur majorité, d’accéder à des vacances grâce à une famille qui souhaite « partager ». Devenir famille de vacances, c’est donner à un enfant la possibilité d’accéder à un temps privilégié de détente, de loisirs, de découverte et d’échange. Et réciproquement c’est permettre à une famille de s’enrichir par la rencontre, l’accueil et le partage.
Pour en savoir plus sur cette possibilité d’accueil, on peut contacter les Secours Catholique ou le Secours populaire. Une idée pour vos vacances : proposer d’accueillir des enfants. Bonnes vacances à tous

jeudi 29 juin 2017

L’hypertélie présidentielle

En philosophie, il existe un concept que notre nouveau président Macron qui se prétend lui-même philosophe, devrait méditer à ses heures perdues. Celui d’hypertélie. De quoi s’agit-il ? L’homme de par sa double capacité très développée d’imaginer, d’anticiper et de raisonner, est sujet à l’hypertélie. L’hypertélie en langage courant se nomme la « grosse tête ». Pour les éthologues, l’hypertélie est le symptôme d’une désadaptation, un peu comme les bois trop grands d’un cerf peuvent être une gêne pour vivre et bondir en forêt. Tout simplement pour survivre.
Ce qui était un avantage devient un risque mortel et le cerf coincé dans des branches à cause de ses bois gigantesques finira par mourir seul.
L’hypertélie est une modification évolutive exagérée d’un organe qui se transforme en handicap et mène à la mort, à la disparition.
Homo sapiens, homo démens. L’homme qui pense avoir tous les pouvoirs, qui se voit comme le maître du temps et des horloges, réglant la vie de chacun d’entre nous tel Jupiter dans son Olympe, est un homme de la démesure.
Dangereux pour lui et pour ses sujets : ce type d’homme ne peut mener un pays qu’à la ruine. L’homme qui se voit comme le roi de la création, le roi de son pays, qui se voit comme la lumière du monde est voué à la disparition.
Hubris, arrogance funeste, orgueil démesuré, sentiment de supériorité : tout cela mène irrémédiablement à l’erreur, à la faute. Un homme atteint d’une telle maladie, se condamne lui-même.
L’hypertélie humaine se caractérise par le fait de se considérer soi-même comme le centre et chacun pris isolément comme le centre du centre.

Cette semaine, nous avons assisté à une première démonstration du risque que chacun ressent dans son for intérieur. Cet homme, élu président par une minorité de Français peut être un individu dangereux pour la démocratie. Avec moins de 15% de votants au premier tour, un individu devient président de tous les Français. Avec un tiers des voix, les candidats macronistes obtiennent les trois quart des sièges à l’Assemblée.

Nous l’avions déjà pressenti lors de la campagne électorale : quelque chose n’allait pas pour ce jeune candidat, une forme d’hystérie dans le comportement devant des foules assemblées en meeting, des gestes incantatoires, un visage d’illuminé. Il voulait nous vendre une épopée qui n’a rien d’héroïque puisque inspirée par une ancienne religion : celle de l’ultra libéralisme. C’est nous faire passer des orviétans pour de bons médicaments. Rien de rassurant en fait.

Cette semaine, alors que débute véritablement la mandature, des signes nous indiquent la manière, le style de cet homme : court-circuiter toute forme institutionnelle, nommer ceux qui auront le droit de s’opposer au sein de l’assemblée nouvellement élue, désintégrer les Partis, dissoudre dans l’acide du profit maximum le droit du travail, instaurer dans la loi l’arbitraire administratif en y faisant entrer le droit absolu du souverain, mépriser les journalistes.
Le pouvoir absolu corrompt absolument. Rien ni personne ne doit faire obstacle : soumission oblige. Il convoque la représentation nationale pour le lendemain, il veut décider de tout, de vous, de moi, il préside par ordonnances et se veut empereur de tous les Français. Mais un empereur dont la défaite de Sedan est déjà en germe. Waterloo est toujours derrière Austerlitz.

Il n’est pas besoin d’être prophète pour prévoir que vont bientôt disparaître l’enthousiasme béat pour le jeune couronné, l’emportement médiatique de ces derniers mois, la macromania partagée par beaucoup.
La dure réalité reprendra alors son cours.
Celle de la loi du plus fort, du laissé faire qui protège les puissants ; loi terrible d’un monde qui laisse et abandonne des millions d’hommes.
Le président n’est fort que de notre faiblesse. Il incarne à lui-seul cet unique objectif tel un défi lancé à notre intelligence : comment faire pour qu’une minorité continue d’exercer les pleins pouvoirs sur tous ?

François Baudin

jeudi 22 juin 2017

Aucun jeune migrant à la rue !

Pour un pays, la manière de s’occuper des mineurs est révélatrice de ses mœurs politiques.
La façon de traiter les personnes mineurs, enfants et adolescents, est le miroir éthique qui permet de voir comment une nation considère les hommes qui vivent sur son territoire.
Or la France qui se prétend la patrie des droits de l’homme, ignore et même maltraite des enfants, cette partie de l’humanité considérée depuis la nuit des temps comme la prunelle de nos yeux.
Les enfants parce que plus fragiles, plus dépendants, plus en danger, doivent être prioritairement secourus, pris en charge.
Il faut savoir qu’en France, des milliers et des milliers de mineurs inconnus de l’administration, ignorés des pouvoirs publics, circulent sans rien, sans subsistance, sans secours, sans toit, sans papier, sans argent.
Ils ont fait des milliers et des milliers de kilomètres à pieds, en bateau, depuis l’Afrique sub-saharienne, avant d’arriver dans notre pays. La plupart ont disparu en cours de route : le désert africain en a dévoré une partie, des passeurs, des bandits les ont rackettés et violés en chemin, d’autres se sont noyés au large de la Libye ou du Maroc.
Quelques-uns ont réussi à venir jusqu’à nous, parfois après des années de route. Ils sont les Ulysse des temps modernes.
Cette histoire n’est pas une légende qui restera pour des siècles dans nos mémoires humaines, mais elle est le cauchemar de l’humanité qui pendant longtemps viendra hanter nos nuits. Qu’avons-nous fait pour les sauver ?
Nous, Occidentaux, qui sommes les principaux responsables de la situation dans laquelle on les condamnés : leur pays d’origine a disparu, il n’est plus un pays ; on est venu le détruire, l’exploiter, le piller, y placer nos hommes corrompus. Et nous y intervenons régulièrement pour y maintenir notre ordre par la guerre.

En France, il ne doit y avoir aucun jeune migrant dans la rue. Le droit international, les droits de l’enfant nous y obligent.
Depuis plusieurs mois, le Réseau Education Sans Frontière (RESF), la Ligue des Droits de l’Homme (LDH), la CIMADE alertent les élus du Conseil départemental de Meurthe et Moselle sur les graves lacunes de la prise en charge de jeunes migrants isolés dans notre département.
Pourquoi les pouvoirs publics ne sont-ils pas préoccupés par l’intérêt supérieur de l’enfant ?

Il a fallu, mardi 20 juin, que des militants associatifs accompagnant dix jeunes migrants dont certains malades, viennent occuper les locaux du Conseil départemental de Meurthe et Moselle, pour qu’enfin une solution d’hébergement soit trouvée.
Cinq heures de discussion entre la délégation humanitaire, les élus du département et les services de l’Etat, ont été nécessaires pour que ces jeunes Africains, Congolais, Maliens, Sénégalais isolés et sans secours, soient assurés de dormir à l’abri, reçoivent un repas, aient accès à une douche, et soient suivis médicalement et socialement.
Ces enfants ont bravé des dangers pour venir jusqu’à nous.
Soyons dignes de les recevoir, soyons à la hauteur de leur courage et de leur détermination.

François Baudin 

jeudi 15 juin 2017

L'enfer de Calais


Il est des lieux où souffle l’esprit, écrit-on de manière métaphorique, pour appeler les hommes à l’écoute du monde. Ces lieux sont partout sur la Terre ; et l’homme quand il prête l’oreille est en capacité d’entendre ce que chaque endroit lui raconte.

Il est des lieux qui sont des trous noirs de l’information comme certains journalistes le disent parfois. Jamais ces lieux sont en capacité d’être écoutés, non pas parce qu’il ne s’y passe rien, mais parce qu’on refuse de les entendre pour de multiples raisons. Une censure s’exerce sur ces lieux parce qu’ils sont les révélateurs de notre monde tel qu’il va. Il faut que l’évènement crève l’écran pour qu’enfin on en parle, sinon les hommes restent ignorants à ce qui s’y déroule.

Enfin il est des lieux où l’humanité peut avoir honte qu’ils existent encore : La jungle de Calais, si bien nommée jungle car ce qui s’y passe est le signe évident que l’homme est capable d’oublier son humanité.
Capable de rester sourd à la souffrance de l’autre homme qu’on laisse là dans sa nudité, son malheur, son agonie.
La déclaration universelle des droits de l’homme dit que l’humanité ne peut pas laisser une autre partie d’elle-même sans soin, sans toit, sans nourriture. Les droits de l’homme fondent les droits des citoyens. Les droits des citoyens sont attachés à un territoire et aux être humains qui y habitent, selon certaines conditions. Les droits de l’homme ne relèvent d’aucun endroit particulier, d’aucun territoire, d’aucune nation, ils concernent tous les hommes quel que soit le lieu où ils habitent, quelle que soit leur origine. C’est un minimum pourrait-on dire.
Or nous sommes bien dans l’obligation de reconnaître qu’en France qui prétend être la patrie des droits de l’homme, il existe des endroits où elle ne les respecte pas. Des lieux où elle laisse dans le plus grand dénuement, des femmes, des enfants, des adultes, venus d’autres endroits du monde où toute vie est devenue impossible.
A Calais, la France abandonne, sans eau, sans nourriture, sans soin, sans toilette, des êtres humains. Non seulement elle les abandonne, mais elle empêche d’autres êtres humains de venir à leur aide. Elle envoie sa police sur place, elle surveille les abords, elle enferme et punit, elle chasse toute bonne volonté, elle met le feu aux habitations de fortune, elle détruit le peu de nourriture qui reste, elle matraque.
Les ONG ne peuvent plus faire leur travail à Calais, on les empêche, on les pourchasse, on détruit les biens qu’ils apportent, notamment les repas qu’ils viennent distribuer : on parle depuis quelques jours d’exactions des forces de l’ordre à Calais.
La consigne des autorités : zéro migrant. Les pouvoirs publics français souhaitent que le monde entier sache que Calais est un enfer sur terre et qu’il ne faut pas s’y rendre, comme à Alep, à Tripoli en Libye, à Mogadiscio ou à Mossoul. Blessures, violences, faim, saleté repoussante, gazage sont le quotidien de centaines et de centaines d’êtres humains qui ne souhaitent qu’une chose : quitter Calais, partir au plus vite vers l’Angleterre, terre  qui leur est refusée.
La guerre menée par la France contre les pauvres venus d’autres parties du monde est implacable, sans pitié.
Il s’agit d’un vrai scandale d’Etat.
Il est des lieux en France où l’esprit ne doit plus souffler, seul le vent mauvais du Léviathan y règne.
François Baudin


vendredi 2 juin 2017

La morale et la politique


Jamais les maux de la société ne viennent du peuple, mais toujours de ceux qui les gouvernent. La misère des peuples est le crime des gouvernements.
                                                                                                    
Pourquoi ?
Parce que l’intérêt du peuple se confond automatiquement avec l’intérêt général et le bien public. Et aussi parce que dans la plupart des cas, l’intérêt de l’homme en situation de gouverner correspond à son intérêt personnel. L’homme qui gouverne a une volonté individuelle et toute volonté cherche à dominer. Or un gouvernement est institué pour faire respecter la volonté générale.
Pour que la volonté de celui qui gouverne aille dans le sens de l’intérêt général, l’homme politique doit sacrifier son intérêt personnel et se préoccuper uniquement de la chose publique.
La politique n’est juste et morale que si elle est désintéressée. L’homme politique doit être uniquement guidé par l’intérêt général.

Cette loi naturelle et humaine, déjà précisée par Robespierre le 10 mai 1793, a été confirmée à travers tous les siècles. De tout temps les hommes parce que corruptibles profitèrent du pouvoir qui leur était donné pour s’enrichir et augmenter leur puissance. 

Comment faire ?
Seule une démocratie véritable pourra nous libérer de cette contradiction entre intérêt personnel et intérêt général, car tout pouvoir individuel est le fléau de la liberté.  
Plus les citoyens auront leur mot à dire, plus ils participeront aux affaires de l’Etat, aux affaires publiques, moins l’individu qui le représente pourra le tromper, lui mentir et s’enrichir.

On ne compte plus le nombre de lois visant à moraliser la vie publique, toujours détournées de leur sens, insuffisantes et vaines. 
A chaque fois le législateur tout préoccupé qu’il est par la puissance du gouvernement, oublie le sens même de son élection : défendre l’intérêt général et non celui particulier d’une classe sociale, d’une oligarchie financière ou d’une élite entrepreneuriale, défendre des intérêts privés représentés par des lobbys multiples et nuisibles à l’esprit démocratique. Ce qui en définitive le rend complice de la misère, du chômage de masse, de la désespérance qui traverse les peuples.
La vertu politique perd alors tout crédit dans la bouche de celui qui ne la pratique pas pour lui-même.
En marche ! : Cet appel à marcher tous ensemble est risible et contreproductif alors que d’autres avancent confortablement assis sur des chaises à porteurs.
Où sont aujourd’hui les vertus civiques alors que cette semaine encore, on apprend que les inégalités en France ne cessent pas de se creuser. Le nombre de chômeurs a été multiplié par deux en dix ans. 60% des enfants d’ouvriers sortent du système scolaire sans diplôme. 1122 années de SMIC représentent le revenu annuel du PDG de Renault-Nissan. 50% du patrimoine français est détenu par les 10% des plus fortunés. Presque 2 millions de travailleurs vivent sous le seuil de pauvreté en France. L’augmentation des revenus des 10% des plus riches s’élève à 42,4 milliards d’euros.
Seuls ceux qui gouvernement sont responsables de ce dérapages des inégalités jamais vues depuis le début de la République. Oui répétons-le : la misère, les difficultés grandissantes de nos concitoyens sont les crimes des gouvernements successifs.

François Baudin 

vendredi 19 mai 2017

Les masques vont tomber



En mai 2017, face à la crise globale, les élites qui dirigent la France ne peuvent plus se satisfaire d’un système d’alternance « gauche » / droite qui a dominé pendant des décennies. Cette alternance a pu pendant longtemps donner l’illusion d’un changement possible grâce à des élections permettant à des espérances et des mécontentements de trouver un débouché dans les urnes.
C’est ainsi que la démocratie parlementaire telle que nous la connaissons dans le monde occidental depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale s’est mise en place pour durer très longtemps. Dans presque tous les pays d’Europe et aussi en Amérique du nord : deux partis dits de gouvernement ont dominé les différentes scènes politiques.
Démocrates et Républicains aux Etats-Unis, Sociaux-démocrates et Démocrates chrétiens en Allemagne, Labour Party et Conservateurs en Angleterre, etc, etc.
Et puis soudain ce système qui pouvait donner l’illusion d’un changement démocratique s’est mis à déraper un peu partout. Sur les marges, des groupes plus radicaux sont apparus qui mettaient en danger le système lui-même.

Pourquoi ?

Parce que quel que soit le résultat des urnes, ce qu’on appelle les réalités économiques et sociales imposent leurs prérogatives. Donc dans la plupart des cas les promesses électorales ne pouvaient pas être réalisées, et restaient à tout jamais des promesses qui n’engageaient pas celui qui les avaient tenues. Des experts nous disent et nous répètent chaque jour que rien n’est possible. L’impossible domine et pénètre dans nos esprits. Dans un monde totalement interdépendant, on ne peut rien faire et la politique n’est là que pour intervenir dans les marges et gérer au mieux les réalités qui nous tombent dessus un peu comme des calamités naturelles. Les réalités aujourd’hui se nomment chômage de masse, licenciements, fermetures de sites industriels, abandon de territoires entiers, inégalités monstrueuses dans le monde et notamment en France, etc, etc.
Le fameux concept de gouvernance a remplacé l’idée de gouvernement. La gouvernance nous dit que rien n’est possible et qu’il faut piloter le navire au mieux. L’idée de gouvernement est bien différente ; elle nous dit l’inverse elle dit tout simplement qu’il est possible de changer une réalité.
Donc face à la menace de voir balayer dans les urnes cette idée d’alternance parlementaire impuissante, qui de fait ne correspond à aucun changement véritable mais vise à la poursuite de ce qui existe déjà, l’élite qui gouverne véritablement le pays a inventé un homme nouveau. Homme providentiel, nouvel artiste de la politique qui donne l’illusion de créer du neuf alors qu’il ne pourra que poursuivre l’ancien mais avec un vernis plus brillant. L’oligarchie économique a trouvé son candidat en Emmanuel Macron qui a pu à la faveur de la montée de l’extrême droite s’ériger en sauveur de la République.
L’idée de cet homme est de rassembler et d’unir en une seule offre le libéralisme économique tel qu’il domine actuellement et le libéralisme culturel défendu par la gauche de gouvernement. Ce libéralisme unifié trouve son expression la plus accomplie dans les traités économiques internationaux, tel TAFTA et aussi dans les traités européens. Traités qui mènent à la ruine de l’idée européenne. Face à la menace politique qui plane un peu partout, la gauche et la droite sont dans l’obligation de s’unir sur l’essentiel : faire bloc afin de poursuivre ce qui est.
Pour arriver à ces fins, Emmanuel Macron doit passer par la case destruction des anciens partis traditionnels. Ce qu’il fait actuellement.
Cette stratégie n’est pas sans danger, car si elle réussit, le masque hypocrite d’une pseudo alternance parlementaire va tomber. Et l’élite qui dirige véritablement n’aura plus qu’un seul visage. Le sien qu’on pourra facilement identifier. Il s’agira alors d’une véritable clarification.

François Baudin  

jeudi 11 mai 2017

Le piège de l’élection

Parfois, il vaut mieux rester silencieux quelque temps au moment des élections. Quand la situation est telle que toute prise de position entraîne une confusion, un malentendu.
Beaucoup, et j’en suis, se sont sentis pris dans un piège, un peu comme si tout l’horizon, ou même toute espérance, avait été bouchée par l’échéance électorale.
Quoique nous fassions, quoique nous disions, nous étions prisonniers.
Heureux ceux qui avaient les idées claires, heureux ceux qui croyaient à leur vote.

Est-ce qu’une démocratie véritable, est-ce que la politique se résume à 5 minutes dans un isoloir tous les 5 ans, alors qu’il nous était rappelé journellement que le destin de la France s’y jouait irrémédiablement ?
Le destin d’un pays tout entier peut-il être décidé en quelques secondes à travers des petits papiers où deux noms apparaissent, dont un largement inconnu il y a à peine une année ?
Est-ce être un citoyen actif que de se satisfaire de cet ersatz de démocratie ?
Est-ce démocratique que de devoir remettre son destin et celui de son pays à une femme ou à un homme providentiel. Il n’est pas de sauveur suprême, nous dit la chanson.

Le choix pour un très grand nombre ne pouvait être qu’une négation. Un refus. Voilà le piège de l’élection : être le petit poisson dans un filet, Chaque geste, chaque mouvement nous enferme encore un peu plus et nous emporte vers la disparition.
Alors pour un grand nombre d’entre nous, le mieux était de ne pas bouger, de ne pas se rendre dans les urnes. Ou bien d’y mettre un bulletin blanc ou nul.

Il ne faut pas oublier que la démocratie est une affirmation.
L’affirmation d’un autre monde pour lequel on s’engage. La démocratie c’est le débat, l’échange réciproque de tous avec tous.
L’affirmation démocratique ne peut se satisfaire d’un système électoral où il suffit de se rendre seul à échéances régulières dans un endroit particulier, afin d’y remettre son propre pouvoir sans garantie. L’isoloir est souvent le lieu de la démission démocratique.

Heureux et naïfs aussi sont ceux qui ont cru affirmer quelque chose à travers leur vote.
La plupart a voté par défaut et c’est comme si cette élection leur avait été volée.
Peut-on continuer ainsi et vivre en permanence dans le refus ? Jamais un refus ne pourra affirmer quelque chose. La négation porte la négation.
  • Le refus d’un régime autoritaire fondé sur l’exclusion, le repli, la fermeture, la peur et parfois même la haine de l’autre.
  • Le refus d’une mondialisation telle qu’elle se révèle actuellement : libérale, sauvage, violente pour le plus grand nombre, où l’individualisme règne et où le seul critère de réussite pour l’humanité est l’enrichissement personnel. Un monde contemporain qui laisse sur le bord du chemin des milliers et des milliers d’individus.

Pour ceux qui ne veulent ni d’un monde haineux et replié sur lui-même, ni d’un monde dominé par l’argent et l’individualisme, aucune voie nouvelle ne leur était proposée.
Le système démocratique en vigueur a montré au cours des dernières semaines ses limites. Il est rare dans l’histoire que des élections accouchent d’un véritable changement.
Ceux qui ont affirmé et voulu quelque chose de positif dans ces élections risquent d’être à nouveau déçus dans les années à venir.

François Baudin

samedi 22 avril 2017

Octave de Pâques


L’antique fête de Pâques nous rappelle la libération du peuple hébreu de l’esclavage.
O Mort où est ta victoire, o mort, où est ton aiguillon ? Pâques nous ouvre le passage vers un autre monde possible de paix et d’amour.
Nous tous, en ces temps de troubles, de désorientation, de perte de sens nous allons errant égarés dans un monde désespérant. Mais grâce à Pâques, le temps est venu : celui de la paix, qui prend sur ses épaules dans les déserts du monde, nos frères et nos sœurs opprimés, perdus dans les labyrinthes de la solitude, de l’exclusion. Pâques vient à notre rencontre à travers chaque homme.
Pâques nous aide dans nos travaux. Il prend en charge tous ceux qui sont victimes des anciens et des nouveaux esclavages : travaux inhumains, trafics, exploitations et discriminations. Il prend en charge les enfants et les adolescents qui sont privés de leur insouciance pour être exploités, et qui ont le cœur blessé par les violences subies à l’intérieur des murs de leur propre maison.
Pâques se fait compagnon de route de tous ceux qui sont contraints de laisser leur terre à cause de conflits armés, d’attaques terroristes, de famines, de régimes oppressifs. A ces migrants forcés, il fait rencontrer des frères sous tous les cieux, sur tous les continents, pour partager le pain et l’espérance.
Dans les histoires complexes et parfois dramatiques des peuples, que le jour de Pâques guide le pas de celui qui cherche la justice et la paix; et qu’il donne aux chefs des Nations le courage d’éviter l’expansion des conflits.
En ces temps, que Pâques soutienne les efforts de tous ceux qui s’emploient activement à apporter soulagement et réconfort à la population civile en Syrie, victime d’une guerre qui ne cesse pas de semer horreur et mort. Qu’il donne la paix à tout le Moyen Orient, en Irak et au Yemen, et aussi en Terre sainte où des milliers d’hommes prisonniers ont cessé de se nourrir pour réclamer leurs droits.
Que cette Octave de Pâques ne manque pas aux populations du monde entier, de tous les continents qui souffrent de conflits qui se perpétuent.
Que Pâques nous aide à construire des ponts de dialogue, en persévérant dans la lutte contre la plaie de la corruption et dans la recherche de solutions valables et pacifiques aux conflits.
François Baudin, Inspiré par la déclaration du pape François pour le jour de Pâques