jeudi 15 juin 2017

L'enfer de Calais


Il est des lieux où souffle l’esprit, écrit-on de manière métaphorique, pour appeler les hommes à l’écoute du monde. Ces lieux sont partout sur la Terre ; et l’homme quand il prête l’oreille est en capacité d’entendre ce que chaque endroit lui raconte.

Il est des lieux qui sont des trous noirs de l’information comme certains journalistes le disent parfois. Jamais ces lieux sont en capacité d’être écoutés, non pas parce qu’il ne s’y passe rien, mais parce qu’on refuse de les entendre pour de multiples raisons. Une censure s’exerce sur ces lieux parce qu’ils sont les révélateurs de notre monde tel qu’il va. Il faut que l’évènement crève l’écran pour qu’enfin on en parle, sinon les hommes restent ignorants à ce qui s’y déroule.

Enfin il est des lieux où l’humanité peut avoir honte qu’ils existent encore : La jungle de Calais, si bien nommée jungle car ce qui s’y passe est le signe évident que l’homme est capable d’oublier son humanité.
Capable de rester sourd à la souffrance de l’autre homme qu’on laisse là dans sa nudité, son malheur, son agonie.
La déclaration universelle des droits de l’homme dit que l’humanité ne peut pas laisser une autre partie d’elle-même sans soin, sans toit, sans nourriture. Les droits de l’homme fondent les droits des citoyens. Les droits des citoyens sont attachés à un territoire et aux être humains qui y habitent, selon certaines conditions. Les droits de l’homme ne relèvent d’aucun endroit particulier, d’aucun territoire, d’aucune nation, ils concernent tous les hommes quel que soit le lieu où ils habitent, quelle que soit leur origine. C’est un minimum pourrait-on dire.
Or nous sommes bien dans l’obligation de reconnaître qu’en France qui prétend être la patrie des droits de l’homme, il existe des endroits où elle ne les respecte pas. Des lieux où elle laisse dans le plus grand dénuement, des femmes, des enfants, des adultes, venus d’autres endroits du monde où toute vie est devenue impossible.
A Calais, la France abandonne, sans eau, sans nourriture, sans soin, sans toilette, des êtres humains. Non seulement elle les abandonne, mais elle empêche d’autres êtres humains de venir à leur aide. Elle envoie sa police sur place, elle surveille les abords, elle enferme et punit, elle chasse toute bonne volonté, elle met le feu aux habitations de fortune, elle détruit le peu de nourriture qui reste, elle matraque.
Les ONG ne peuvent plus faire leur travail à Calais, on les empêche, on les pourchasse, on détruit les biens qu’ils apportent, notamment les repas qu’ils viennent distribuer : on parle depuis quelques jours d’exactions des forces de l’ordre à Calais.
La consigne des autorités : zéro migrant. Les pouvoirs publics français souhaitent que le monde entier sache que Calais est un enfer sur terre et qu’il ne faut pas s’y rendre, comme à Alep, à Tripoli en Libye, à Mogadiscio ou à Mossoul. Blessures, violences, faim, saleté repoussante, gazage sont le quotidien de centaines et de centaines d’êtres humains qui ne souhaitent qu’une chose : quitter Calais, partir au plus vite vers l’Angleterre, terre  qui leur est refusée.
La guerre menée par la France contre les pauvres venus d’autres parties du monde est implacable, sans pitié.
Il s’agit d’un vrai scandale d’Etat.
Il est des lieux en France où l’esprit ne doit plus souffler, seul le vent mauvais du Léviathan y règne.
François Baudin


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