vendredi 19 décembre 2014

Noël ce matin



Maintenant que les jours décroissent
Et s’en vont vers la nuit,
Que les temps semblent à jamais fermés,
Que plus rien n’est à espérer,
Que tant d’hommes souffrent
Et dans leur finitude sont réduits
Contraints à ne jamais dépasser les limites assignées
Des multiples oppressions… 

Je pense en écoutant gémir le monde
À ce jour qui vient
À l’été bleu qui rit lorsque sur le chemin
On voit fleurir
Le minuscule chardon bleu des sables
Plus grand que toute finitude
Plus fort que la puissance des mondes multiples
Plus vaste que nos peurs

Il est l’intensité d’un présent qui arrive
Si intense que demain est déjà de ce jour
Une promesse effective
D’un infini qui vient
Et dont nous sommes capables
L’infinie beauté d’une journée s’annonce
Au-delà de tout recouvrement possible

Ce jour nouveau aurait pu venir en grandeur, en puissance
En guerrier, en héros, en empereur couvert d’or et vainqueur

Non, non, ce jour vient sous les traits d’une fleur fragile....
Elle est si petite aujourd’hui, mais déjà nous la voyons
Qui porte l’infinie espérance
De la beauté indestructible du monde
Dont ce matin nous avons la certitude


François Baudin

jeudi 11 décembre 2014

Réenchantons nos dimanches




Depuis des années, la question du travail du dimanche revient régulièrement agiter la scène médiatique. Cette question constitue le cœur même du texte libéral du ministre de l’Economie Emmanuel Macron. Pour le gouvernement actuel, le fait d’ouvrir les commerces le dimanche serait un moyen efficace de relancer l’économie.
La politique conduite par le président Hollande depuis 2 ans n’a pas brillé par ses résultats. 60 000 demandeurs d’emploi de plus en un an. 8 personnes embauchées sur 10 le sont en CDD précaires. Selon l’INSEE, au cours du mois d’octobre 2014, la production industrielle a chuté d’un peu moins de 1%. Du jamais vu dans notre pays.
Alors pour notre gouvernement, le travail du dimanche compte parmi les solutions qui permettront de retrouver de quoi espérer en des jours meilleurs.

Qui peut les croire ?
Peut-on croire que ceux qui n’ont pas les moyens d’acheter en semaine, pourront le faire le dimanche ?
Qui peut croire que donner l’autorisation aux super marché d’ouvrir le dimanche, permettra de maintenir dans les quartiers les commerces de proximité. Certains économistes pensent même l’inverse : l’ouverture des grandes surfaces le dimanche entraînerait la disparition de dizaines de milliers d’emploi dans le commerce.

Mais il y a plus grave encore, car la question fondamentale qu’il faut nous poser est celle-ci : Dans quelle société voulons nous vivre ?
Voulons nous vivre dans un monde sans fête, sans dimanche, sans repos ni respiration ? 
Un monde où domine la marchandise et sa consommation, un monde où la marchandise circule sans arrêt, où tout s’achète et tout se vend, de jour comme de nuit. Le dimanche comme la semaine.

J’écrivais il y a tout juste un an que la tendance immanente du système de production proposé est de s’approprier le travail des personnes pendant les vingt quatre heures que compte un jour et les sept jours de la semaine.
La tendance immanente du marché est de transformer toute chose en marchandise et en bien de consommation. Y compris le travail humain.
La tendance de la société fondée sur ce type d’économie est de nous pousser à devoir sacrifier au culte de la consommation tous les jours de l’année, y compris dimanches et jours fériés.
Nous assistons à une extension du domaine de la marchandise.

Tel semble être l’enjeu actuel qui vient, une fois encore, de nous être rappelé cette semaine.

Est-on revenu à des débats d’un autre siècle lorsque le repos dominical, le travail de nuit, le travail des enfants, la journée de huit heures,… faisaient l’objet d’âpres revendications ?
Tout ce qui a pu représenter un progrès social et donc un progrès pour l’humanité est actuellement remis en cause. On assiste à une véritable offensive contre le droit. Une sorte de déchaînement se poursuit contre ce qui a été et ce qui est toujours pour les hommes une amélioration de leur bien être.

Est-ce ainsi que nous souhaitons vivre. ?

Une menace pèse actuellement sur le monde entier : la menace d’un monde sans éthique, injuste et dans lequel l’argent et la recherche du profit immédiat commande tout.
En cette période de l’Avent, il est urgent d’imaginer un autre monde et de rêver à son avènement. Un monde fondé sur le sens du don, de la solidarité, du partage et de la gratuité. Un monde où il fait bon vivre. Un monde possible. Réenchantons nos dimanches.

François Baudin




vendredi 5 décembre 2014

Racisme aux Etats-Unis : le triste bilan d’Obama



Il y a presque 10 ans le cyclone Katrina ravageait le Sud des Etats-Unis. Cette catastrophe dévoilait aux yeux du monde entier la vulnérabilité de la première puissance du monde. L’Amérique de Bush, indifférente, laissait ses enfants mourir, noyés dans les eaux du Golfe du Mexique.
Dans un contexte d’inégalités sociales et de discriminations raciales, le cyclone Katrina tuait plus particulièrement et par milliers, les pauvres, Latinos et Noirs, vivant dans les Bas quartiers inondables des villes du Sud.
Katrina était le révélateur d’un système qui prône la suprématie blanche et se solde par une inégalité terrible devant la mort.

Quelques années plus tard, beaucoup ont espéré au moment de l’arrivée au pouvoir de Barak Obama, premier président noir américain. N’allait-il pas défendre la cause des pauvres, et plus particulièrement celle des noirs ?
Ce nouveau président devait mettre fin à l’indifférence historique, vielle de plusieurs siècles, vis-à-vis de la souffrance des pauvres et des noirs en particulier. Aux Etats-Unis comme ailleurs dans le reste du monde.

Les évènements récents de Ferguson comme le crime commis par des policiers cet été à Staten Island dans l’Etat de New York, contre le noir Eric Garner, ont démontré que peu de chose ont changé aux Etats-Unis depuis l’élection d’Obama.
La discrimination n’a jamais disparu de l’Amérique.
Le permis de tuer un Noir pauvre ou un Latino, est toujours une réalité dans ce grand pays qui prétend être l’exemple universel de la démocratie et de l’Etat de droit.
Chaque jour des hommes et des femmes, jeunes ou plus âgés sont confrontés au racisme et à la violence policière.
Violence cautionnée jusqu’au plus niveau de l’Etat comme les verdicts des Grands jurys nous le fait découvrir. Violence revendiquée par une idéologie qui voit dans le pauvre, et plus particulièrement dans le Noir : un « sauvage dangereux » qu’il faut mater. Dans ce cas toutes les bavures sont justifiées.
Barak Obama n’a jamais eu le courage politique de s’opposer à cet état de fait. On lui reproche même de ne s’être jamais intéressé véritablement à cette question.

Le verdict du Grand jury, renouvelé cette semaine encore, rappelle qu’il ne s’agit pas d’une faute de parcours défendue par une minorité de blancs, mais qu’il s’agit bien d’un système qui perdure structurellement dans la société américaine.

Les peuples d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine et du monde arabe vivent quotidiennement la brutalité des Etats-Unis. Ces mêmes peuples sont confrontés au racisme et au néo colonialisme à l’intérieur même des frontières américaines. Ces deux phénomènes sont liés. L’Amérique s’est construite sur le dos des esclaves et sur le génocide des Noirs, ainsi que sur la colonisation et le génocide des peuples indigènes indiens.
La disparition de ce système fondé sur le mépris et l’indifférence n’arrivera que par l’engagement des peuples contre l’injustice.
Le temps de l’Avent qui commence est un temps d’espérance qui ne déçoit pas. Les défis que représentent le mépris, le racisme et la violence existent pour être relevés et combattus.
L’espérance véritable engendre toujours l’histoire.


François Baudin