vendredi 28 août 2015

Pour un réveil de l’Europe


Le drame quotidien vécu par des dizaines de milliers de réfugiés venus en Europe a pris une ampleur inégalée cet été. Tout cela était prévisible. Et il n’y a aujourd’hui que les chefs d’Etat européens et leurs ministres respectifs pour sembler surpris et affolés par ce phénomène. L’Europe est aujourd’hui confrontée au plus grave problème humain jamais vu depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Il semble que les dirigeants européens se soient enfin réveillés.
Depuis quelques semaines, nous avons changé d’échelle. Ce ne sont plus des centaines de réfugiés qui arrivent à nos frontières, mais ce sont des milliers, des dizaines de milliers qui viennent chaque jour et par tous les moyens. Des femmes, des enfants, des jeunes venus du Moyen Orient, de Syrie, d’Iraq, du Pakistan, d’Afghanistan, de toutes les régions d’Afrique où sévissent guerres et répression. Chaque réfugié est contraint d’abandonner sa terre, sa maison, sa famille.

Il n’est pas une journée sans apprendre de nouveaux drames : morts noyés par milliers en méditerranée, exode sur les routes des Balkans, longues colonnes de femmes portant leurs enfants à bout de bras, d’hommes pliant sous leurs bagages, embarcations fragiles et surchargées d’êtres humains sur le point de sombrer dans les eaux turquoises de la mer Egée où se baignent encore des touristes allemands ou français.
Les dizaines de réfugiés, entassés les uns sur les autres, retrouvés morts asphyxiés dans un camion en Autriche seront peut être le drame de trop. Celui qui va faire basculer notre point de vue sur la question des réfugiés.
Qui peut rester insensible ? L’indifférence n’est plus de mise, et un sentiment de révolte naît en nous contre cette Europe égoïste et meurtrière qui est responsable de l’enfer qu’elle a contribué à créer par sa politique extérieure.
Une nouvelle politique de solidarité est nécessaire pour ceux qui fuient l’enfer, une nouvelle politique de développement qui ne soit plus fondée sur la prédation et le pillage, afin que cessent la misère et les inégalité monstrueuses.

Partout où les puissances occidentales sont présentes pour des raisons économiques, c’est à dire pour y sauvegarder ce qu’elles considèrent comme leurs propres richesses, leurs propres intérêts, les hommes fuient la misère. Partout où les armes tuent quotidiennement, se trouvent des réfugiés. Oui dans toutes les régions qui sont les sources inépuisables de réfugiés, nous sommes et nous avons été présents depuis des décennies.

La responsabilité de l’Europe face à ce drame historique est écrasante. Celui qui le nie, ne mérite pas d’être un homme politique soucieux du bien commun.
Jusqu’à maintenant l’Europe n’a eu pour réponse que la répression contre les réfugiés, ceux de Calais en savent quelque chose. La fermeture des frontières pour seule réponse politique est scandaleuse. La matraque, les gaz, l’enfermement dans des camps ne pourra pas résoudre la question. On voit bien aujourd’hui qu’une politique de fermeté vis-à-vis de ces millions de candidats au départ n’est pas possible.
Nous avons un devoir de solidarité et d’accueil. L’accueil est une responsabilité morale et politique envers les besoins de la famille humaine. Le droit d’Asile est inscrit dans toutes les chartres.
Nous avons aussi l’obligation de changer de politique extérieure fondée sur le contrôle des pays, sur la déstabilisation de régions entières comme en Libye, en Syrie, en Iraq ou en Afghanistan ; politique étrangère dont nous voyons cet été les terribles conséquences.
Le bien commun exige de régler cette question à sa racine. Le bien commun exige de voir les causes pour lesquelles ces personnes se déplacent. Nous sommes responsables de ces mouvements. Et en tant que tels, nous devons agir au plus vite.


François Baudin