samedi 28 septembre 2013

La tragédie des Roms

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Quand on lit dans les journaux la situation des Roms en France, on a envie de venir jusqu’à eux et de les aider. De les aider, et aussi de réveiller nos consciences afin que les tragédies que l’Europe a connues ne se reproduisent plus. 

La culture de l’égoïsme et de l’indifférence nous poussent vivre isolés et sans liens fraternels dans un monde vide de sens, dans l’illusion d’un rêve consumériste. « Nous sommes tous, et moi le premier, inattentifs au monde qui nous entoure et nous ne sommes plus capables de nous venir en aide les uns les autres », a dit le pape François le 8 juillet dernier à Lampedusa, à la rencontre des émigrés venus d’Afrique.

Dès qu’on réfléchit à cette question des Roms, on pense tout de suite à l’histoire du 20siècle. Lisez les éditoriaux de nombreux commentateurs de l’actualité en changeant le mot « Rom » par le mot « juif » et vous verrez immédiatement l’ampleur de la question. La phrase devient terrible ; terrible de menaces et de drames vis-à-vis d’une population fragilisée et démunie. La phrase devient insupportable, car on sait comment les journaux des années trente ont contribué en France à stigmatiser une population émigrée venue d’Europe centrale, en grande majorité juive et tsigane. Ces textes des années d’avant guerre, publiés à l’encontre des émigrés appelés à l’époque « métèques » ou « rastaquouères », « étrangers » aux allures voyantes et menaçantes, ont permis ensuite les pires des crimes que l’homme est capable de commettre.

Cette semaine le ministre de l’intérieur Manuel Valls déclarait qu’il était « illusoire de penser qu’on réglera le problème des populations roms à travers uniquement l’insertion. [...] Ces populations ont des modes de vie extrêmement différents des nôtres, et qui sont évidemment en confrontation ». C’est exactement ce qu’on reprochait aux juifs venus en France à la veille de la guerre et qui fuyaient l’Allemagne ou la Pologne. On leur reprochait leur mode de vie différent du nôtre et leur incapacité de s’intégrer.
En mai 1938, les décrets lois du gouvernement d’Edouard Daladier renforçaient la police contre les étrangers. Le 12 novembre 1938 la République française créait des centres spéciaux pour la rétention d’étrangers indésirables.
N’est ce pas actuellement la revendication de certains maires de France contre les populations Roms ? : qu’on les concentre dans des camps spécialement aménagés et qu’on les y retienne  prisonniers avant leur retour vers l’Est incertain, où la plupart sont en danger.
La chasse aux juifs n’a pas attendu le gouvernement de Vichy pour être mise en œuvre en France. Elle a été préparée auparavant par la Troisième république.

Qui sait aujourd’hui comment tout cela se terminera si on n’y prend pas garde ?
Heureusement, des hommes et des femmes de bonne volonté s’indignent, disent non : cela ne peut pas recommencer !
D’ailleurs le candidat Hollande devait être conscient qu’une grande partie de nos concitoyens ne supporterait pas que de telles choses recommencent, qu’on stigmatise ainsi à nouveau et qu’on maltraite toute une population au motif de ses origines. En effet, le futur président de la République déclarait au cours de sa campagne en avril 2012 : « Je considère essentiel d’éviter de mettre sur les routes des populations ultra précaires. Je souhaite que, lorsqu’un campement insalubre est démantelé, des solutions alternatives soient proposées avant. ».
Comment comprendre que notre pays ne puisse pas trouver de solutions fondées sur la solidarité et la fraternité que tout gouvernement démocratique digne de ce nom se doit de mettre en place. A peine vingt mille Roms vivent en France selon les statistiques. Chiffres ridiculement bas, qui nous met pourtant en émoi. Ne nous laissons pas abuser, restons vigilants et ne recommençons pas les erreurs commises qui risqueraient nous emmener vers des destins funeste

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