L’urgence d’une grande réforme fiscale devient de jour en jour un
impératif. Les gouvernants européens auront-ils le courage de la mettre en
œuvre ?
L’état de la France comme celui de l’ensemble des pays européens ressemble
de plus en plus à ce qu’était, à la veille de la révolution de 1789, la
situation de l’Ancien Régime lorsque la société était divisée en trois
ordres : noblesse, clergé et tiers état.
Qu’observe-t-on ?
Tout d’abord, la masse de plus en plus grande de pauvres continue d’année
en année de gagner du terrain. Le dernier rapport annuel du Secours catholique,
publié la semaine dernière, parle même d’un tournant dans l’histoire sociale du
pays. Les chiffres sont inquiétants : 5 millions de personnes vivent en
dessous du seuil de pauvreté, soit avec moins de 800 euros par mois. Le chiffre
monte à 10 millions de pauvres en France si on se base sur les critères
européens de la pauvreté.
Ensuite, l’Etat n’arrive pas à rembourser la dette. L’argent de l’impôt
rentre mal dans les caisses alors que les besoins sont pressants. Une politique
d’austérité est mise en œuvre contribuant encore à appauvrir la population, et
des efforts sans précédents sont demandés à tous. Les Français ont de plus en
plus l’impression d’être pressuré par l’impôt. Plus ils paient, plus les
déficits se creusent.
Nos concitoyens alors commencent à se dresser contre la pression fiscale.
De nombreuses manifestations sont organisées réunissant une population qui
n’accepte pas d’être pressurée ainsi. Les différents prélèvements deviennent
insupportables et injustes. L’écotaxe a été la goutte d’eau, la taxe de trop. Cette
taxe a été le révélateur d’une situation insoutenable et qui peut vite devenir
incontrôlable. Les manifestations contre l’écotaxe font penser aux nombreuses journées
d’émeutes, aux jacqueries qui ont ponctué la fin de l’Ancien régime.
La situation semble alors bloquée, comme elle l’était à la veille de
1789. Et l’Etat ne peut pas continuer ainsi de ponctionner le peu de richesse
qui reste.
Si une réforme globale reste à effectuer, elle doit l’être dans cette
direction : comment remettre de la justice dans la fiscalité ?
Car les Français actuellement ne se dressent pas contre l’impôt, mais
manifestent contre l’injustice fiscale. Le principe qui dit que chacun doit
contribuer en fonction de ses possibilités est accepté et même défendu par tout
le monde. Et c’est justement ce principe d’égalité devant l’impôt qui est mis à
mal depuis des années.
Arrive alors le troisième personnage, celui dont on parle peu. Car s’il
n’y plus grand-chose à tirer du peu de revenu des travailleurs salariés,
commerçants, petits épargnants, petits entrepreneurs qui ont l’impression
d’être captifs, pris comme dans une nasse, il reste celui qui à la veille de
1789 était qualifié de privilégié et qui, bien que riche, ne payait pas d’impôt.
Pour le gouvernement, le véritable courage politique serait de mettre en
œuvre une réforme dans le but de rétablir une plus grande égalité devant l’impôt,
permettant ainsi d’augmenter considérablement les rentrées d’argent dans les
caisses de l’Etat, de rembourser la dette et permettre une relance forte de
l’économie.
L’objectif de cette nécessaire réforme serait de lutter contre les
inégalités actuelles, de pénaliser la spéculation financière et lutter contre la
fraude fiscale. Aujourd’hui dans le monde entre 25 et 31 000 milliards
de dollars sont dissimulés dans ce qu’on appelle les paradis fiscaux qui
échappent à toute taxation. Les montants représentent
une somme supérieure au PIB combiné des États-Unis et du Japon. C’est un énorme
trou noir de l’économie qui contribue à déséquilibrer fortement les économies
de chaque pays.
Le 21 mai dernier le pape
François avait déclaré que le capitalisme sauvage enseigne la logique du profit
à tous prix, sans attention aux personnes. Et nous en voyons les résultats dans
la crise que nous vivons !
François Baudin
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