vendredi 17 janvier 2014

La confiance perdue



Un mot renvoie à un sens, mais pris isolément, le mot n’en a aucun en lui-même. C’est dans une phrase que le mot exprime le sens qu’on souhaite communiquer. Un mot prend sens dans une phrase, qui elle-même s’intègre dans un texte plus long.
Il en est de même pour ce que nous vivons personnellement : les choses dont nous faisons l’expérience prennent sens peu à peu, dans un contexte donné ; elles s’éclairent et deviennent d’un seul coup éblouissantes. Comme on dit couramment, la vérité éclate au grand jour. Elle a été dévoilée par les faits. Mais pour que la vérité des choses advienne, il a fallu un certain temps, une accumulation d’indices, des petits riens qui font qu’un jour plus rien n’est comme avant.

Prenons par exemple le verbe tromper et cherchons les synonymes qui sont très nombreux en français. Tromper signifie induire en erreur, mentir, dissimuler, ruser, aveugler, berner, duper, écornifler, etc. Des dizaines de synonymes sont utilisables pour exprimer cette idée et cet acte qui fait que quelqu’un se sent abusé par l’attitude d’un proche, d’un ami.
Que se passe-t-il alors ? D’un seul coup la vérité de l’être avec qui nous vivons éclate, et celui qui a été trompé se sent humilié, il perd définitivement confiance. Il peut être alors désespéré et tomber dans une dépression profonde, ne plus avoir le goût en la vie. Une colère peut naître en lui. La déception a été si grande. Lui qui avait confiance, ne sait plus quoi faire, quoi dire. Il voudrait disparaître.
Aujourd’hui, je pense à la souffrance de Madame Trierweler. A-t-on conscience que cette femme est en train d’être broyée par les attaches qu’elle a nouées avec le pouvoir et dont elle vit la violence dans sa chair. Nous ne sommes plus à Versailles, sous l’Ancien régime, lorsque la cour attendait que le roi décide entre sa nouvelle et son ancienne favorite.

Depuis le début de l’année 2014, on a véritablement l’impression que quelque chose a changé dans notre rapport avec le président. N’avait-il pas dit lors de la campagne électorale : « Moi président, je ferai que mon comportement soit à chaque instant exemplaire ». Et c’est comme si toute la confiance qu’on pouvait porter à un homme, avait été anéantie.

Doit on séparer vie privée et vie publique ?
On est en droit d’attendre que le pouvoir protège et même garantisse la vie privée de chacun. D’ailleurs on peut douter de cette protection de notre vie privée depuis les révélations d’Edward Snowden sur l’ampleur des écoutes téléphoniques dans le monde et notamment en France. Ecoutes qui ne peuvent pas se réaliser sans l’accord, au moins tacite, de ceux qui dirigent notre pays.
En revanche, ne doit-on pas exiger la transparence de la part du pouvoir ? Transparence dans les décisions, transparence dans les comportements. Seule cette transparence peut nous donner la confiance. N’oublions pas qu’une des caractéristiques de toute dictature est d’exiger la plus grande transparence vis-à-vis de ses sujets tout en conservant une opacité complète pour ceux qui gouvernent.

Quelque chose s’est définitivement rompu depuis quelques jours. Qui peut maintenant avoir confiance ? Les électeurs de mai 2012 qui assistent à ce qui est nommé en ce début d’année 2014 : « Le tournant libéral du président », doivent se poser cette question de la confiance. Car soit le président nous a trompé auparavant, soit il nous trompe maintenant.
En supprimant les cotisations sociales familiales, ne met-il pas en danger toute la politique sociale et familiale du pays ? On aimerait croire le président Hollande lorsqu’il nous dit qu’il n’en est rien, que la politique familiale ne sera pas remise en cause.
Le mot pacte a été utilisé à plusieurs reprises au cours des derniers mois : pacte de stabilité, pacte de compétitivité, et maintenant pacte de responsabilité.
Aujourd’hui nous avons plutôt besoin d’un pacte de solidarité.
Mais tout pacte, comme tout accord, nécessite pour être scellé que chacune des parties ait confiance en l’autre.

François Baudin 

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