jeudi 19 novembre 2015

l'Humanité défigurée


Six jours après les massacres en masse d’innocents à Paris, nous sommes encore et toujours sous le choc, comme sonnés, tétanisés par l'évènement. Il faudra des jours et même des semaines pour retrouver une vie, une pensée juste.
Un sentiment d’effroi s’empare de nous et ne nous quitte pas. Nous pensons à nos parents, à nos enfants, à nos proches, aux familles des victimes. Et nous pleurons.
Ne pas céder à la psychose, continuer de vivre, faire comme avant : sortir, rencontrer ses amis, tenir nos réunions
 Et puis cette question : Que faire face à la situation que nous subissons ?
Être unis au-delà de nos différences, de nos idées, de nos croyances. Car nos différences ne sont rien face à l’évènement.
 Le poète écrivait :
Quand le blé est sous la grêle
Fou celui qui fait le délicat,
Fou qui songe à ses querelles
Au coeur d’un commun combat

Une seconde question arrive aussi : pourquoi ?
Oui pourquoi toute cette haine ? Pourquoi ces morts ? Pourquoi la France, et Paris en particulier subissent-elles une telle attaque terroriste ?
Un sentiment d’injustice nous envahit. Les victimes, des simples gens attablés à une terrasse, des amateurs de musique, des supporters sportifs, tous ces amis n’ont rien à voir avec le drame qui frappe au Proche Orient, au Maghreb, en Afrique. Car chaque jour dans ces régions du monde qui sont proches de la notre, des innocents meurent par centaines, par milliers. La veille des attentats de Paris, une bombe a explosé à Beyrouth, le même vendredi 13 novembre en Tunisie un jeune berger s’est fait décapité par des fanatiques islamistes ; bien d’autres massacres au même moment en Syrie, en Irak, en Libye….
Aucune explication ne pourra jamais justifier ces crimes commis au nom d’une religion instrumentalisée par des fous. Il faudra sans cesse rappeler que l’islam n’est pas une religion de haine et de violence. Et toutes les religions ont eu, ont et auront encore leur folie meurtrière.

Une troisième question se pose alors : comment sortir de cette terrible période historique.
L’utilisation de la force militaire est loin d’être la solution, elle peut même ajouter encore de la guerre à la guerre. Les interventions récentes américaines et anglaises en Iraq, celle de la France en Libye n’ont rien résolues, bien au contraire. Elles n’ont fait qu’attiser les haines et favoriser l’explosion et la disparition de nations entières. Provoquant en définitive ce qui arrive aujourd’hui. Nous sommes présents militairement dans ces pays incandescents depuis des décennies, voire plus d’un siècle.
Interrogeons nous sur la politique étrangère qui domine dans les chancelleries occidentales.
Pourquoi cette alliance militaire, commerciale et économique contre nature avec les dictatures du Golfe qui ont armé, au moins idéologiquement, le bras qui aujourd’hui nous tue ?
Pourquoi ménager toujours la Turquie d’Erdogan complice indirectement, et même dit-on directement, des assassins de Daech.
Pourquoi laissons nous faire Israël qui chaque jour bafoue le droit international des peuples en Palestine.
Il est plus qu’urgent de revoir complètement notre politique étrangère et notre stratégie d’intervention militaire dans cette région du monde.
D’un seul cœur, la France a fait une minute de silence lundi dernier à midi. Cette minute pour penser à nos amis morts fut un grand moment de rassemblement du peuple tout entier. Cette minute doit aussi être dédiée à tous les morts victimes du terrorisme en Libye, au Liban, en Afrique, en Syrie, en Iraq…
Que surgissent parmi nous des Hommes qui crient leur indignation de voir à ce point défigurer l’image de l’Humanité.

 François BAUDIN

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