vendredi 6 juin 2014

Les jours heureux


Cette semaine tous les pays alliés de la seconde guerre mondiale sont venus fêter le débarquement sur les plages de Normandie. La libération de la France commençait il y a tout juste 70 ans.
Un texte, véritable programme politique, économique et social qui a été nommé « Les jours heureux » avait été adopté quelques semaines auparavant, le 15 mars 1944 exactement, par l’ensemble de la Résistance française unie au sein d’un Conseil National.
Mais avant de pouvoir mettre ce programme en œuvre, il fallait libérer le pays de l’occupant. Intensifier avec les Alliés la lutte armée menée par la Résistance.

Le programme du CNR ne se résumait pas à la libération immédiate du joug nazi. Une vision politique, démocratique et sociale animait ceux qui se battaient. Il était prévu d’instaurer une « véritable démocratie économique et sociale, impliquant l’éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l’économie », ce qu'on appellera généralement les nationalisations et qui est exprimé dans le texte comme « le retour à la nation des grands moyens de production, fruits du travail commun, des sources d’énergie, des richesses du sous-sol, des compagnies d’assurances et des grandes banques » .
Le programme du CNR énonçait également des mesures sociales, une augmentation importante des salaires, le rétablissement d'un syndicalisme indépendant et des délégués d'atelier et aussi « un plan complet de sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se le procurer par le travail ».

Pourquoi est-il nécessaire de rappeler l’existence de ce programme au moment où on fête l’anniversaire du débarquement des Alliés ? Commémorez un évènement historique ne représente pas beaucoup d’intérêt en soi sauf celui de maintenir une mémoire pour les nouvelles générations.

Soixante dix ans après où en est-on de l’esprit qui animait la Résistance en France ?
Depuis une vingtaine d’années, les acquis du programme du CNR ne sont plus considérés comme des normes sociales permettant de vivre ensemble, au contraire ils sont sans cesse remis en question. Des pans entiers de ce qui constituait notre édifice sont attaqués.
Rappeler que le programme du CNR est né dans les maquis, dans les groupes de résistance qui à l’heure du couvre feu parcouraient les rues des villes et des villages de notre pays, est une manière de dire que rien n’arrive sans l’engagement personnel de chacun ; sans l’énergie d’un peuple qui aspire à la liberté et à la démocratie. C’est dire aussi que rien n’est acquis et que tout à chaque instant peut être remis en cause si on n’y prend pas garde.

Le rêve et l’espoir des « jours heureux » ne pouvaient pas devenir réalité sans que des Résistants se lèvent avant le jour pour aller combattre.
Face à l’argument qui explique qu’actuellement rien n’est possible, que la situation est inévitable, qu’il n’est pas d’autre voie possible que celle présentée par ceux qui gouvernent, qu’il n’existe pas de solutions autres que celles qu’on propose, qu’il faut se plier devant la réalité, qu’il faut se résigner et attendre, oui, face à tous ces discours de renoncement et de soumission à la réalité, ceux qui ont combattu, qui ont résisté il y a plus de soixante dix ans, nous disent l’inverse.
Oui, une société plus fraternelle est possible, le rêve des jours meilleurs réalisable.


François Baudin 

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