dimanche 1 juin 2014

Mon arme qui les tue : poème inédit de Ziad Medoukh



Ziad Medoukh poète et écrivain palestinien, responsable du département de français de l’université Al-Aqsa de Gaza, et coordinateur du Centre de la paix de cette université. Il a terminé ses études de didactique du français à l’université de Paris VIII où il obtint en 2009 un doctorat en Sciences du Langage. Il est l’auteur de nombreux poèmes, et de publications concernant l’enseignement du français en Palestine.
Il se définit comme un pacifiste palestinien attaché aux principes de la démocratie, des droits de l’homme, de la francophonie et la paix.
Ziad Medoukh a gagné le premier Prix de poésie au Concours Europoésie 2014 et le premier prix de la Francophonie pour son poème « A la mère palestinienne » écrit en mars dernier et dédié à toutes les mères palestiniennes. Ce poème rend hommage à leurs sacrifices et salue la résistance dans le combat du peuple palestinien pour la liberté et la paix.
Il n’a pas pu recevoir son prix le 10 mai 2014 lors d’une cérémonie organisée à Paris à cause du blocus israélien et de la fermeture des fron­tières qui relient Gaza. Le poète  est resté bloqué dans sa prison à ciel ouvert, comme toute la population civile de cette région sous blocus israélien depuis plus de sept ans.
Malgré tout, il poursuit son combat avec ses mots, sa poésie et sa plume pour la levée du blocus israélien.

 Voici le poème inédit qu'il a envoyé récemment à Kairos



Mon arme qui les tue

Mon arme, chantée par une plume,
Refuse toutes les injustices
Mon arme  qui réveille les consciences universelles
Ne cédera rien au désespoir
Mon arme prononce haut et fort nos revendications
Mon arme me rend fier d’être Palestinien.
Avec force et dignité, j’utilise cette arme
Qui me soutient sans relâche dans mon combat.
Je suis comme tout mon peuple, le maladif-optimiste.

Mon arme est plus puissante que leurs bombes.
Face à mon arme, l’occupant aveugle ne tiendra jamais.
C'est une arme de tolérance, une arme douce,
Plus douce que le parfum des asphodèles au printemps.
C'est une arme pacifique qui mènera à la victoire
Car justice et paix sont nos plus sûres alliées.

C'est une arme qui  combat la douleur, la violence et l’absurdité.
Mon arme les tue, car c’est le doux chant de colère de notre terre meurtrie
Eux  nous tuent tous les jours.
Voilà que 66 années ont passé,
66 années à endurer,
A subir ceux qui rendent  notre terre soumise sous leur joug,
Ceux qui l’ont obtenue injustement, par le vol et le mensonge,
Une injustice non-résolue qui mène au pourrissement.
Mon arme écrasera les prisons et libérera nos héros.
Mon arme donnera plus de résonance à mes mots,
Ces mots qui voyagent dans l’esprit des hommes
En se moquant des murs et des frontières,
Pour briser le blocus mental !

Les mots par leurs forces renforcent mon arme inoffensive.
Avec mon arme, je ne resterai pas enfermé,
A la merci d'un occupant qui bafoue nos droits au quotidien,
Face à un monde qui se rend complice
De façon insidieuse et sournoise,
Alors que les mots paix et justice ne résonnent pas à leurs oreilles.

Avec cette arme, la Palestine vivra et vaincra.
La chaîne noire de l’occupant sera rompue par elle.
Elle est un cri dans l’union des enfants de mère Palestine.
Elle est une voix vibrante, porteuse de la sève de nos oliviers.
Elle brisera les barreaux de la cage israélienne.
Elle libérera la Palestine de ces spoliateurs
Qui ne savent que détruire: 
Les arbres, les maisons, la vie.

Mon arme fait tomber les murs.
Mon arme construira des ponts.
Avec cette arme, nous ferons de chaque jour, toute une éternité de joie.
Avec cette arme, nous reviendrons à nos villages d’origine.
Nous reviendrons, quels que soient les sacrifices.
Nous retrouverons les collines de nostalgie
Qui attendent notre chant mélodieux.
Mon arme m’aidera à résister et à persister.

Grâce à elle, je supporte l'exil douloureux
Imposé par des oppresseurs sauvages,
Eux, les occupants et leurs innombrables crimes,
Eux qui nous ont pris notre terre et nos droits,
Eux qui nous ont pris l’air que nous respirons,
Eux  qui nous martyrisent un peu plus chaque jour.

Avec cette arme, les vents ne peuvent me disperser.
D'elle s'exhalent le parfum de patience et la douceur de dignité.
Leurs armes n’aboutiront pas à apaiser les âmes.
Mon arme, elle, mettra la Palestine sur la carte de la géographie du monde.
Mon arme rend ma cause plus juste et plus légitime.
Mon arme confirme notre résistance inébranlable
Aux agressions d’un état occupant, d'un colonisateur illégal,
Hors la loi et hors de tout droit.

Avec mon arme, je suis plus humaniste.
Mon arme renforce ma volonté de vaincre.
Mon arme me rend libre, malgré l’occupation.
Mon arme effacera les larmes de nos enfants orphelins.
Mon arme rapprochera l’aube de notre liberté.
Mon arme exprime toutes nos espérances les plus douces.
Avec mon arme, notre chemin de liberté se dessine.
Mon arme ouvre la porte de la paix.
Mon arme rayonne sur toute ma Palestine.
Ô mon arme : les lumières de tes lettres éclairent nos cœurs
Avec respect, joie, fraternité et enthousiasme, je te donne un nom, ton nom :
Tu t'appelles ESPOIR.

Ziad Medoukh


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