jeudi 15 septembre 2016

# On vaut mieux que ça !


La loi El Khomeri sur la réforme du code du travail passée à coup de 49.3 au cours de l’été est probablement le projet de trop pour un quinquennat finissant. Sera-t-il la goutte d’eau qui fait basculer l’opinion des salariés ? Sera-t-il la dernière erreur commise par un gouvernement en fin de mandat ?
Cette loi, personne n’en veut et nous verrons très bientôt les effets néfastes qu’elle va provoquer dans le monde du travail : licenciements, augmentation de la durée du travail sans augmentation de salaire, détérioration des conditions de vie des salariés.

Pourtant, alors qu'augmentent la pauvreté, l’exclusion, les licenciements de masse comme à Belfort chez Alsthom cette semaine, le chômage des jeunes et des plus âgés qui sont le lot quotidien de millions de Français, oui malgré cette réalité, la question économique et sociale n’a pas réussi à chasser à l’arrière plan de l’actualité les débats sur l’identité, le fanatisme religieux, la sécurité ?
Mais le malaise en France est profond parce que les vraies questions ne sont jamais posées.

Le port du burkini, ce vêtement de plage que certains élus ont voulu interdire, est resté le souci principal des médias au cours de l’été alors que les questions sociales et écologiques sont si pressantes.
Il est urgent de réinventer la politique au moment où l’horizon va être bouché des mois durant par l’échéance présidentielle avec son jeu de candidats démagogues.  
Car en définitive ce qu’on nomme la tentation identitaire, le terrorisme, le fanatisme religieux, ne sont tout compte fait que des symptômes ou des conséquences des difficultés économiques et sociales qui traversent le monde aujourd’hui.
Un peu comme si toutes ces questions identitaires n’étaient là que pour cacher l’essentiel qui est la cause de tous les maux actuels : la pauvreté grandissante et l’exclusion d’une partie de plus en plus importante de la population, la précarité placée comme unique horizon pour la jeunesse, la défiance à l’égard des salariés.

Depuis une vingtaine d’années, on veut faire croire à l’opinion publique qu’en libérant les entreprises de toutes contraintes, de tout contrôle, en rendant précaire de plus en plus de monde, en sous-payant les salariés, en augmentant la durée du temps de travail, en intensifiant la productivité, en méprisant toutes les revendications, en les considérant comme infondées et même dangereuses pour l’avenir des entreprises, oui on veut faire croire que tout cela gène le développement économique, empêche la croissance, et en définitive provoque encore plus de chômage et de difficultés pour la population.

Ainsi il est montré quotidiennement, notamment dans les grands médias, que les salariés en France n’ont aucun courage, qu’ils ne comprennent pas les difficultés des entreprises, qu’ils sont égoïstes, frileux et même pour la plupart fainéants. Que ce sont des irresponsables prêts à sacrifier l’intérêt général pour leur propre bien-être.
La loi El Khomri résume en définitive toutes ces idées qui circulent depuis tant d’années. L’idée selon laquelle les salariés en France sont les derniers inadaptés de la société face au défi de la mondialisation.
Mais le réveil sera difficile lorsque nous nous apercevrons dans quelques années, que le droit du travail a définitivement disparu, que la France, nouveau désert industriel et agricole, en proie au réchauffement climatique, est  un pays tout juste capable d’attirer quelques touristes surprotégés, à la recherche d’exotisme.


François Baudin

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