vendredi 2 septembre 2016

Vêtement interdit !


La question de la laïcité hante la France depuis des années. Et au cours des mois qui viennent, nous verrons le débat se poursuivre de manière intense, notamment lors de la campagne pour les élections présidentielles où chacun des candidats devra s’exprimer, donner son point de vue, et pour certains proposer des évolutions plus répressives de la loi de 1905.
On peut même penser que d’autres feront de la question religieuse, la question principale car ils la renverront à un des éléments essentiels de notre identité. L’identité de la France pouvant alors se résumer à l’interdiction publique de la religion musulmane.

Donc trois interrogations apparaissent en cette rentrée 2016 : quelle laïcité pour la France ? Faut-il changer quelque chose dans la loi ? Et troisièmement la question de la religion, est-elle la question principale aujourd’hui dans notre pays ?
L’Etat ne reconnaissant aucune religion, aucun culte, mais garantissant à tous la liberté de croire ou de ne pas croire, on aurait pu penser dans ces conditions que cette question était aujourd’hui réglée.

Alors pourquoi tant de polémiques puisque la laïcité a été conçue pour justement apaiser les conflits entre les Français, et construire ainsi entre tous les citoyens une égalité qui permette à chacun de vivre sa foi en toute tranquillité et dans le respect de la foi des autres.

C’est à la faveur d’évènements qui viennent régulièrement ponctuer l’actualité, par exemple cet été le port du burkini sur les plages, que la polémique s’enflamme, faisant la Une des journaux pendant des semaines.
Nous devons tout d’abord rappeler que cette question vestimentaire n’est pas nouvelle : dès avant 1905, elle s’était déjà posée pour le législateur. Fallait-il alors interdire les soutanes dans les rues, interdire aux religieuses le port de leur robe et de leur voile dans l’espace public.
Après de vives discussions, c’est la liberté vestimentaire qui a prévalu : la liberté de croire et de ne pas croire devait obligatoirement s’étendre à la liberté vestimentaire dans l’espace public. En aucun cas la loi de 1905 devait être liberticide, sinon le danger était grand de voir naître des conflits sans fin.
La loi de 1905 est une loi de liberté. Ainsi dans l’espace public les processions religieuses lors de fêtes catholiques comme la Fête Dieu ou les Pardons en Bretagne, continuèrent d’être autorisés.

Alors pourquoi cette polémique ?
Même si beaucoup, et notamment beaucoup des femmes pensent avec raison que c’est la condition féminine qui est atteinte par des modes vestimentaires prônées par certains musulmans, faut-il pour autant interdire ?
En un mot l’interdiction du burkini n’est pas la solution, bien au contraire elle ne fait qu’attiser la haine et provoquer la division entre les Français.
Ne cache-t-elle pas en définitive une volonté d’exclure de la communauté française des millions d’individus, devenant en quelque sorte des boucs émissaires.

Si on veut rétablir un peu de calme et de réflexion, il est probablement urgent de ne rien faire relativement à la loi de 1905, et ainsi ne pas agiter nos esprits, ne pas mettre de l’huile sur le feu et nous diviser.
La question religieuse est-elle la question principale dans notre pays ?
Quel est le lien entre une religion et les tueries de masse que nous avons vécues au cours des derniers mois ? On devrait bien se pencher sur cette question.
Ne s’agit-il pas plutôt d’une instrumentalisation de la religion et de symptômes morbides de notre société en déroute, uniquement orientée vers des valeurs individualistes de réussite, alors que cette même société est en réalité une machine à exclure, à laisser sur le bord du chemin des millions d’être humains.
Voilà en fait la question principale que les candidats à la présidentielle devraient méditer : Comment faire pour que notre société, notre République n’exclue pas des millions d’individus qui sont en définitive ses enfants. Il y a urgence, car certains d’entre eux peuvent devenir des monstres.


François Baudin

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire