vendredi 24 mars 2017

Considérations sur Londres et les attentats

Le terrorisme islamique a encore une fois fait la Une des journaux télévisés européens cette semaine. Toutes les chaînes donnent à voir les mêmes images. Cette fois ci c’est à Londres, la fois d’avant c’était à Cologne ou Munich, on ne se souvient plus très bien, il y a un an exactement, à Bruxelles, quelque jours auparavant à Paris.
Chaque grande ville aura son attentat meurtrier et aveugle, tuant ceux qui passent là. Au mauvais moment, au mauvais endroit.
Sur les écrans, les télévisions délivrent à longueur de temps, tel un robinet d’eau tiède, des images répétitives sans intérêt aucun. En fait il n’y a rien à montrer, sauf un véhicule accidenté, celui de l’assassin qui avait comme armes un couteau et une voiture louée.
Des passants retenus par un cordon de police aux abords du lieu où le crime a été commis, attendent on ne sait quoi. Ce sont des curieux que le hasard a fait venir jusqu’ici qui s’agglutinent de manière aléatoire. Ca aurait pu être vous ou moi.
Quelques interviews de badauds pris au hasard sur un trottoir nous répètent qu’ils n’ont pas peur face à la menace, qu’ils continueront de vivre comme avant. Nous sommes des êtres courageux que la mort ne peut effrayer.
On pense soudain à la Seconde Guerre mondiale, aux bombardements terribles sur Londres en 1940, aux milliers de morts, aux immeubles en miettes. On pense à Churchill. Non, non, nous ne vivons pas ça.
Par contre au Yémen sous les bombes de la coalition, oui il y a bien des milliers de morts, en Syrie, en Irak. Nous pensons à la terrible bataille de Mossoul qui tous les jours fait disparaître des milliers de civils, femmes et enfants, nous pensons aux centaines de milliers de réfugiés qu’on retrouvera peut-être bientôt dans nos régions. Ont-ils du courage là bas ? La question ne se pose même pas.
Un politicien nous dit que nos valeurs seront défendues jusqu’au bout. Celle de la démocratie, le la liberté. Notre manière de vivre.
Le journaliste à qui l’antenne a été donnée en direct pour des dizaines et des dizaines de minutes devant un Parlement britannique qui reste muet (les pierres ne sauraient parler), tente tant bien que mal d’occuper le temps, de faire durer, de meubler. Le journaliste n’a rien à dire.
Un sentiment de déjà vu s’empare du téléspectateur. Les mêmes images à Boston il y a plusieurs années, sur la Place de la République à Paris, à Bruxelles, etc.
Tout cela va durer des heures, jusqu’au prochain attentat. Car il aura lieu cet attentat, on ne sait où, ni quand, ni combien de victimes il fera.
Alors il est impératif de réfléchir, il est urgent de comprendre, d’analyser. Pourquoi des individus développent-ils une telle haine contre l’Occident ? Pourquoi cette envie de tuer, de mourir aussi, car chaque  attentat mène celui qui le commet à une mort certaine. Pourquoi ces meurtriers s’emparent-t-il d’une religion qu’ils instrumentalisent ?
Et puis une seconde série de questions : ces crimes représentent-ils un danger véritable pour nos démocraties ? Ou à l’inverse, ces crimes commis dans les rues de nos villes au nom d’une religion mal comprise ne se sont-ils pas en définitive une dernière occasion pour unir une population européenne qui souffre et se divise. Il nous faut un ennemi contre qui on peut se rassembler. Le mécanisme est bien connu depuis la nuit des temps.

Soudain sur l’écran de télévision, l’image s’ouvre sur une perspective plus lointaine : les immeubles de la City de Londres au loin, ils sont les gardiens du lieu. Ils veillent sur nous. Dans ces bâtiments où règne la finance mondiale, environ 1000 milliards de dollars par an viennent achever leur cycle de blanchiment après des centaines d’étapes successives. Cheminement occulte depuis le sud de l’Italie, le Kosovo, la Russie, la Chine ou le Japon, le Mexique et la Colombie.
On estime à 1000 milliards par an l’argent qui passe à cet endroit de Londres. L’argent de la drogue, du crime, de la corruption politique, des trafics humains dont celui des réfugiés, y retrouve éclat et pureté. Le dollar qui s’échange ici est sans tache. Le sang du crime nettoyé, les milliers de morts effacés. La finance mondiale dont le siège est à Londres qui se situe à une encablure de l’attentat, ne peut pas se passer de cet argent du crime, comme elle ne peut pas se passer de l’argent des princes arabes qui financent aussi le terrorisme islamique.
Notre monde a un besoin vital de cet argent du crime qui le nourrit et le tue.
Alors un terrible raccourci s’effectue : quel est le lien entre cet attentat islamiste effectué au couteau, et l’argent des mafias indispensable à notre économie.
L’un peut-être permet de cacher l’autre et ainsi détourner nos regards.

François Baudin 

2 commentaires:

  1. Bonjour François et merci pour ton blog. Je saisis au vol la dernière étape de ta réflexion "L’un peut-être permet de cacher l’autre et ainsi détourner nos regards."
    Elle sous entend une intentionnalité qui engloberait le monde de la finance et le terrorisme, qui ne peut pas vraisemblablement exister. Toutefois le lien entre ce type d'attentat et le monde de l'argent représenté par la "City" existe. C'est celui de l'épisode inaugural de 2011 avec l'attaque du World trade center. C'est le désespoir d'individus tentant de retrouver dans un attentat une identité que la mondialisation financière leur a fait perdre. Il y aurait beaucoup à dire sur la déstructuration que le capitalisme impose aux sociétés humaines, et sur la déréliction qui s'en suit.

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  2. Tu as raison Philippe et je suis en accord avec ton point de vue. J'essaie aussi de dire la même chose selon l'actualité. Dans cette image de la city qui est l'étape finale de tous les trafics, du crime, des détournement d'argent (paradis fiscaux), et le dernier attentat, il n'y a pas de lieu direct, mais un rapprochement que notre monde effectue. L'un aussi cache l'autre. j'insisterai encore cette semaine sur la même idée dans ma chronique. Toujours en raison de notre actualité.

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