vendredi 18 octobre 2013

Leonarda et les lycéens



L’arrivée inattendue des lycéens manifestant leur soutien à la jeune Leonarda a peut-être fait basculer les esprits de nos compatriotes.

La politique de fermeté prônée par le gouvernement et symbolisée par les expulsions, a pris le visage simple d’une jeune fille entourée par ses professeurs, par ses amies, et maintenant par toute une génération qui refuse l’injustice et l’arbitraire.

Soudain la générosité d’une jeunesse s’opposant à cette politique sans visage, est venue perturber l’ambiguïté gouvernementale actuelle, qui de fait et jusqu’à preuve du contraire, souhaite poursuivre ce qui avait été mis en œuvre auparavant par le précédent gouvernement lorsqu’on présentait le nombre de reconduites à la frontière comme des victoires gagnées contre la délinquance.

Que retiendrons nous de cette période ? Comment est-il possible qu’un gouvernement qui se réclame des droits de l’homme, des droits particuliers de l’enfant et des droits de la famille, participe à la détérioration d’un climat en bafouant à ce point les valeurs d’humanité et de solidarité ? N’assistons nous pas à la défaite de la pensée ? Notre désarroi est grand, notre consternation est immense et n’a d’égale que notre indignation. Nous attendons avec impatience la réaction du président Hollande face à ces expulsions d’enfants scolarisés.

L’histoire ne nous a-t-elle pas appris que chercher un enfant dans son école, cela peut aussi s’appeler une rafle.

Présenter les émigrés, clandestins ou non, enfants et adultes, comme des délinquants dangereux, non insérables par essence, est une façon de tromper l’opinion publique et de satisfaire ce qu’il y a de plus sombre en l’homme.

Mais lorsqu’une politique prend un visage particulier, celui d’une jeune fille de 15 ans au milieu de ses camarades, cette politique devient insupportable à la plupart d’entre nous. Leonarda est devenue le symbole du refus de toute politique qui n’est pas fondée sur les valeurs morales.

La persistance actuelle de cette question de l’immigration présentée comme un danger, comme une invasion, et la montée des réactions indignées face à la politique migratoire actuelle de la France et plus globalement de l’Europe, doivent alerter nos consciences. Car derrière les chiffres, derrière les statistiques, il y a des hommes, des femmes, des enfants, qui parfois meurent au cours de leur odyssée. Les évènements dramatiques de ces dernières semaines en méditerranée viennent encore de nous le rappeler.
Le destin de millions d’hommes se jouent actuellement. Il n’y a pas de manière douce et humaine d’expulser une famille.

Le pape François disait lors des JMJ de Rio en juillet dernier, qu’il n’appréciait pas les jeunes qui ne protestaient pas.
Les jeunes lycéens nous disent cette semaine qu’ils ne veulent pas être enfermés là où on souhaiterait les mettre, c'est-à-dire dans une société de l’indifférence, de l’individualisme, dans un monde vide de sens dominé par la futilité et le provisoire.


François Baudin

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