mardi 6 janvier 2015

A Michel Houellebecq



Mercredi d’un temps ordinaire
               
L’homme à l’oreille coupée est sourd au chant des Laudes
Pourtant son esprit est sans fraude
Aucun ne répond à sa détresse si grande
Point d’homme sur cette terre qui l’entende
Réponde à son appel
A son malheur point d’écho fraternel

Garde-le en vie, sauve-le,… entend-on au loin.
Prends-en soin
Même s’il ne compte pas sur toi
Réjouis-le, car son poème est tendu vers toi.
Le jour c’est vers toi qu’il crie.
Que son cri te parvienne dans sa nuit.

Ecoute son appel, tends l’oreille à sa plainte
Sa vie par son malheur est sainte.
Il frôle les enfers, il est déjà presque mort.
Gisant sur son lit, reclus parmi les morts.
Il est comme un homme fini
Cette terre pour lui est une terre d’oubli.

Il est déjà dans la tombe
Dans les profondeurs de la fosse il tombe.
Dans les ténèbres et dans les gouffres
Depuis l’enfance anéantie, il souffre

Mais qui dira la beauté si tu le laisses seul ?
Qui au jour chantera sa louange
Si toi aussi tu l’oublies
Le laissant dans son gouffre
Ses terreurs intimes.
Le laisseras-tu encerclé de partout par les eaux ?
L’abandonneras-tu ?

Ecoute sa plainte
Ecoute sa détresse
Son cœur simple est sans pli, son poème l’atteste
Il bondit et déborde
En chantant les abîmes
Les ténèbres, les nuits et les brouillards.
Il aime le jour, les arbres, les fruits, les fleurs
Et trouve dans l’amour sa joie d’une ampleur infinie

Seul Satan pleure sur la beauté du monde

Et se réjouit de son malheur.

François Baudin

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