vendredi 9 janvier 2015

Notre pays n'est pas en guerre

Peut-on dire que pour les amoureux de la liberté, de l’égalité, de la fraternité, l’année 2015 commence mal en France ?
Une série événements survenus depuis début janvier semblent nous enfoncer peu à peu dans une tragédie nationale. Mais si on regarde la marche du monde, cette longue tragédie est déjà présente depuis des années au-delà de nos frontières hexagonales.
Tout d’abord le refus par un maire de la banlieue parisienne d’enterrer un jeune nourrisson mort à deux mois et demi au lendemain de Noël. La famille rom de ce petit enfant habitait dans un bidonville de Champlan, commune où elle vivait sans payer d’impôts. Cette terrible discrimination jusque dans la mort a choqué la France, à tel point que le maire de Champlan a dû s’expliquer, bien maladroitement, et tenter de justifier l’injustifiable. L'indignation a été si grande que le maire n’a pu ensuite que s’enfermer dans sa honte et le silence de sa conscience.

Le deuxième événement a été la parution du dernier roman de Michel Houellebecq dont le titre terrible « Soumission » est déjà tout un programme. La sortie de ce livre a connu un battage médiatique sans précédent durant plusieurs jours. Ce roman tiré à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires parle d’un soi-disant danger musulman qui guetterait la France ; danger auquel notre pays allait irrémédiablement se soumettre. Dans ce livre l’écrivain imagine une islamisation totale de notre pays et la venue au pouvoir en 2022 d’un Président de la République de confession musulmane. On a pu entendre tout au long du week-end dernier les élucubrations obscures de cet homme semant la peur parmi la population. 
Mais on apprenait hier que suite à la tragédie de Charlie Hebo, Michel Houellebecq a décidé de suspendre la promotion de son livre. Peut-être est-il devenu conscient que son texte porte en lui un si mauvais vent qu’il est maintenant préférable qu’il se taise et s’enferme, comme le maire de Champlan, dans le silence de sa conscience ?

Enfin depuis mercredi nous sommes tous sous le choc de la terrible attaque contre Charlie Hebdo.
Que l’on soit d’accord ou non avec ce que publiait Charlie, il est évident que c’est la liberté de la presse qui a été attaquée ce jour. Car c’est bien Charlie qui représente en France au plus haut point cette liberté. Charlie depuis des décennies a été de tous les combats pour la démocratie, la liberté, la justice sociale et contre le racisme. Le journal, plus que tous les autres, a accompagné ces combats par ses dessins, ses articles, ses chroniques, même si depuis plusieurs années, son impertinence a pu faire parfois bon ménage avec les pouvoirs en place et avec ceux qui dominent la scène médiatique et la rendent servile.
Personne ne peut admettre qu’au nom d’une religion instrumentalisée, on puisse tuer Charlie et la plupart de ses journalistes. Beaucoup vivent ce drame comme une blessure personnelle. L’émotion qui a gagné le monde entier est juste.
Cependant il ne faut pas oublier que l’unité et même l’unanimité que les médias en cette fin de semaine présente ne reflètent qu’un aspect de la France. Prions et faisons tout pour que cet événement et son unanime condamnation ne déclenche pas une vague sans précédent d’islamophobie et de racisme. Pour que cet événement ne déclenche pas la haine et ne nous précipite dans des affrontements encore plus terribles. Que ces événements ne se soldent pas par la radicalisation de quelques individus.

Nulle part également on essaye d’analyser les causes de ce drame. Les causes économiques et sociales qui font que des individus deviennent des assassins.
Et d’analyser également les causes externes que constitue la politique d’intervention mise en l’œuvre depuis des années en Afghanistan, en Irak, en Libye... Interventions dont les conséquences sont terribles pour les populations locales qui meurent par centaines de milliers.

Notre société n’est pas en guerre. Elle doit travailler sans cesse à la construction de la paix et de la fraternité.

François Baudin


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