vendredi 30 janvier 2015

Les enjeux actuels de la laïcité.

Depuis les tueries à Charlie Hebdo et porte de Vincennes, le débat sur la laïcité a pris une ampleur jamais vue en France.
Pourquoi ?
Les hommes sont des êtres sociaux qui doivent vivre ensemble. Ils sont semblables et différents, uniques et égaux, parmi eux certains croient en Dieu, d’autres sont athées. Et pourtant tous doivent vivre ensemble. Cette vie commune qui nous est imposée ou que nous recherchons, que nous souhaitons même parfois développer, doit nous être également garantie, assurée.
C’est le sens même de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen : assurance à tous de la liberté de conscience et de l’égalité des droits.
Tel est le sens de notre contrat fondateur apte à fournir le cadre d’un Etat de droit.
Cette liberté de conscience exclut toute contrainte religieuse ou idéologique.
L’égalité des droits est incompatible avec la valorisation d’une croyance religieuse ou la valorisation de l’athéisme. Ainsi on peut résumer ce premier cadre en une expression : Oui au droit à la différence, non à la différence des droits.
La puissance publique dont une des missions est d’organiser notre manière de vivre ensemble sera donc neutre et indifférente sur le plan confessionnel. Et cette neutralité qui est une garantie d’impartialité, est aussi la condition pour que chacun, quelle que soit sa croyance ou ses convictions, puisse se reconnaître dans la cité ou dans la république, dont tous les membres se trouvent à égalité.
Voilà une première esquisse des principes de laïcité. Esprit de concorde entre les hommes qui disposent des mêmes droits et reconnaît leur différence.
Ce principe vise à la réalisation d’un objectif qui promeut ce qui unit les hommes en amont de leur différence spirituelle, religieuse, ethnique, culturelle.
Ce principe de laïcité exclut tout type de privilège et de communautarisme et prévient ainsi la violence qui pourrait en résulter. Ce principe exclut tout type de fanatisme et d’intolérance.
Le but ultime de la laïcité est bien le maintien et le développement de la paix, de l’égalité et de la fraternité entre les hommes ; des hommes qui deviennent alors des êtres de droit, des citoyens.
La question de la laïcité est aujourd’hui d’une brûlante actualité dans le monde et aussi en France. La question peut se résumer ainsi : Comment vivre les différences entre les hommes sans renoncer au partage des références communes ?
Question d’autant plus importante lorsque aujourd’hui en France la différence et le pluralisme des convictions peuvent dessiner des communautés exclusives, dont les membres sont aliénés à leur différence avec le risque d’affrontement communautaire que l’on peut très bien imaginer.

Voilà un des enjeux actuels de la laïcité. Nous assistons dans notre pays à une montée des communautarismes qui s’opposent à la notion de citoyenneté. Car c’est en tant qu’homme et citoyen que les personnes ont des droits et non en tant que communauté.

Une telle esquisse du principe de laïcité prend la forme d’une évidence : ce qui n’est que de certains ne peut s’imposer à tous.

Pour être acceptée, une telle évidence requiert deux conditions simultanées :
  • d’une part elle exige que la puissance publique soit dévolue à tous et mette ainsi en avant ce qui unit les hommes,
  • d’autre part elle implique que chacun apprenne à vivre la croyance qui lui tient à cœur de façon à en exclure fanatisme et intolérance.

Ainsi c’est la possibilité et la volonté de vivre dans un monde commun à tous qui est en jeu.
La laïcité n’est neutralité et réserve qu’en raison de l’esprit de concorde qui la définit de manière positive dans ses principes.
C’est un principe fondateur.
C’est un principe d’unification des hommes.


François Baudin

2 commentaires:

  1. Du « jesuischarlisme » et de ses mystères...

    Depuis janvier 2015, quelques cerveaux sont entrés en ébullition, et le Premier Ministre lui-même a participé à des polémiques dont il aurait dû se garder : soit il croise le fer avec des philosophes trop élevés, et le duel est un peu ridicule – l'épée de l'un est trop basse par rapport à celle de l'autre, – soit il affronte un sociologue aux théories fumeuses, et les coups portent dans le vide.
    Un disciple de Durkheim a trouvé lumineuse l'explication des grandes manifestations de janvier par sa théorie du zombie. Pourquoi pas ? Je reste cependant sceptique à l'égard de ce concept ; n'étant pas sociologue, je vais laisser les spécialistes trancher de cette question. Ayant participé aux défilés avec ma petite pancarte « Je suis Charlie », je me sens personnellement concerné par quelques uns des critères établis par ce spécialiste des morts-vivants mais j'ai des doutes sur les conclusions qu'il tire de ses sophismes.
    La question centrale, ici, est de (re)définir notre bien commun spécifiquement franco-français : la laïcité. Le sujet mérite des analyses ardues et « pointues » que l'on pourrait simplifier en choisissant un angle concret et facile à traiter : les jours fériés ! Supposons que toutes les religions monothéistes aient droit au même quota de célébrations de fêtes « carillonnées », supposons aussi que les athées et les libres penseurs aient droit pareillement à des congés justifiés par leurs convictions. Alors seraient affectés aux chrétiens (toutes confessions confondues) des jours de fêtes aussi nombreux que pour les Juifs, les Musulmans et les non-croyants.
    Je rêve pour ceux-ci d'un 14 juillet célébrant à nouveau le culte de la déesse Raison ; le 11 novembre pourrait devenir le jour de la Paix ; le 1er mai celui de la Justice sociale ; le 8 mai celui du refus des génocides et le 4 août on célèbrerait l'abolition des privilèges ! Pour les chrétiens, quatre jours fériés – en dehors des dimanches, – pas un de plus (25 décembre, lundi de Pâques, 31 octobre pour la fête de la Réformation et le 2 novembre pour les morts) ; pour les Juifs : Yom Kippour, Hanouka... ; enfin les Musulmans auraient droit à leurs quatre jours (Aïd al-Fitr et trois autres).
    Chaque Français se sentirait respecté et la paix civile pourrait s'installer, pour autant que personne n'attente aux convictions des autres par des invectives ou des marques ostensibles d'intégrisme (religieux ou laïc) : ni voile intégral, proscrit en tous lieux du territoire, ni processions catholiques, etc. On pourrait ainsi apprendre la Tolérance avec plaisir. Et peut-être même que la sérénité retrouvée apaiserait les débats d'idées ?

    Georges Hoen – candide optimiste de Taintrux (Vosges)

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