vendredi 15 avril 2016

La fin des démocraties ?




De quoi le mouvement La nuit debout est-il le signe ?
Qu’est-ce qui est dévoilé par les rassemblements continus de jeunes et souvent de moins jeunes sur les places publiques des grandes villes de France ?
Depuis une dizaine de jours un nombre significatif de personnes viennent débattre, refaire le monde comme on dit, affirmer qu’une autre façon de vivre et s’organiser ensemble est possible ?
Ce mouvement, certes minoritaire, est sûrement le symptôme d’un décalage, et même d’un décrochage, entre une grande partie de la population et les institutions politiques censées les représenter. Cela traduit aussi une volonté de s’emparer de la chose publique. Et surtout le mouvement La nuit debout affirme une espérance si on sait se mobiliser, se rencontrer, échanger. Cette réappropriation du débat politique n’est-il pas le signe que quelque chose a changé ?
Le développement des réseaux sociaux, la possibilité pour des millions de gens de communiquer, de s’informer mutuellement, d’échanger des idées, faire part de leurs souffrances et aussi de leurs espoirs, oui cette nouvelle possibilité permise par les technologies actuelles, ont changé la donne démocratique et les formes du débat ?
L’organisation verticale de la société, la transmission des informations du haut vers les bas, certains modes hiérarchiques de décisions, ne commencent-ils pas à devenir obsolètes, d’une autre époque ?
La crise actuelle de la démocratie que l’abstention massive et le vote extrémiste et la tentation identitaire nous révèlent, n’est-elle pas les signes qu’une autre forme démocratique est nécessaire et souhaitable. Et maintenant qu’elle est possible. Une démocratie plus directe et radicale qui viendrait compléter la démocratie représentative, une démocratie réelle où les décisions ne sont plus confiées aux experts, aux « sachants » et aussi à nos uniques représentants qui dans bien des cas ne tiennent pas les promesses pour lesquelles ils ont été élus.
Les aspirations démocratiques de gens rassemblés sur les places dévoilent que le système politique institutionnel doit s’adapter, se réformer et qu’il faudra le compléter, l’enrichir par l’apport de millions de citoyens qui ont des choses à dire.

Le début d’une appropriation collective de la chose publique peut donner à notre époque une  nouvelle espérance. Il nous libère aussi de l’enfermement identitaire et sécuritaire dans lequel on est assigné depuis trop longtemps.

Bien sûr toutes les questions demeurent : celles de l’inégalité, de l’exclusion, de l’errance, du chômage et de la misère pour des millions de nos concitoyens et plus largement pour des milliards d’individus dans le monde.
Celles aussi d’une société orientée presque exclusivement vers la consommation à outrance incapable de donner du sens à la vie de chacun.
Celles enfin des interventions extérieures, de la volonté de dominer le monde, d’imposer par la force ses manières de voir en étant revêtu du droit international à géométrie variable, celle en définitive qui prétend être la civilisation face à la barbarie.

Est-ce la fin de la démocratie ?
Non bien entendu, on peut même répondre que la démocratie n’en est qu’à ses débuts et qu’elle reste encore à inventer dans le monde entier.
La tâche est immense. Mais il y a urgence.

François Baudin 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire