Hasta
luego, Luis par Claude Vautrin
Je suis
triste et en colère. Satané Covid19. Luis Sepulveda vient de s’envoler. Une
part de moi, l’essentielle peut-être, avec lui. Quoique ! On ne résiste pas à
la dictature - celle de Pinochet du Chili brun - à l’exil qui en découle, à
l’ultralibéralisme qui, démocratie décadente aidant, remet en scène la violence
que le fascisme a assumée, on ne résiste pas sans cultiver l’espoir, façonner
le lendemain. « On peut vivre en bien des lieux. L’un s’appelle pays, un autre
s’appelle exil. Un autre s’appelle là où diable je
me trouve », écrivais-tu dans « La Lampe d’Aladino », un de tes chers écrits.
J’avais choisi cet extrait comme exergue de mon dernier ouvrage « Pour l’amour
des Vosges ». Comme quoi rien de ce qui se passe sur la planète, où qu’en soit
le village, rien de ce qui construit l’homme, le métamorphose, n’est
indifférent ! Luis, mon ami, mon frère, je pressens où tu es, un de ces
territoires du bout du monde, et pourtant si proches de nos aspirations, de nos
combats, que tu aimais à défricher, à déchiffrer, inconnus, et pourtant si
proches des valeurs que tu défendais et illustrais. Ta vie, ton œuvre sont
exemplaires, non, en dépit des souffrances, des solitudes subies, mais dans
cette aptitude à ouvrir des chemins de compréhension, des horizons nouveaux, où
le vécu, l’imaginaire, les plus absolus, se mêlaient pour le plus grand plaisir
de la lecture, donc de la réflexion, donc de la métamorphose intime et…
collective. Zorbas, le chat noir, couvant l’œuf de la mouette pour protéger et
inviter le poussin à voler : quel plus beau message ! Ton humour, cette
aptitude à cultiver l’utopie, cette volonté inébranlable de rester debout vont
me porter jusqu’au bout, en compagnie de l’Ouzbek muet, du tueur sentimental,
du chat ami de la souris, de la baleine blanche et du chien Mapuche. Merci à
toi, Luis. Hasta luego, c’est sûr !
Claude Vautrin
nos quedamos contigo Luis, porque nosotros tambien leemos tus novelas de amor, que son de amor de la vida...
RépondreSupprimerClaude, un émouvant texte!
RépondreSupprimerY de seguro Philippe nos quedamos con él y sus obras.Un abrazo a ambos Claude y Philippe!